Par Jalel Mestiri Se partager la médiocrité, c'est ce qu'on aime le plus dans le monde «merveilleux» des dirigeants stadistes... Le Bardo, ville qui rayonne par ses monuments historiques, (le Musée, le Palais du Bey, devenu Chambre des Députés, et aujourd'hui Assemblée des Représentants du Peuple) est aussi éclairé par le football. Du haut de son passé flamboyant, des personnalités et des personnages légendaires qui ont fait son histoire, le Stade Tunisien échoue pour la première fois de son histoire en Ligue 2. Il voit ainsi mourir ses rêves et ses fictions, ses songes et son idéologie. Il y a toute une histoire autour du club. Des hommes qui ont défié les lois de la nature, passant même le cap de l'impossible, sans la moindre intention de s'arrêter. Ils étaient capables de faire trembler les filets, de battre les records et faire rêver le grand public. Face aux starlettes d'aujourd'hui, d'ailleurs plus commerciales que compétitives, trop aseptisées, trop jeunes, la nostalgie nous fait du bien. C'est surtout parce qu'on les a aimés avec nos yeux d'enfant et de passionnés que nous regretterons toujours ces champions du passé. Personne ne les oublie. Des exemples les plus récents jusqu'aux légendes qui ont toujours préféré gagner que parler. Au fait, quand on est performant, on réfléchit différemment... Aujourd'hui, l'espoir fait place au doute et le talent est en voie de congélation. Le Stade tourne le dos à la vie sportive, à la vie tout court. Les standards et les règles communément respectés sont bafoués. Il s'est avéré que se partager la médiocrité, c'est ce qu'on aime le plus dans le monde «merveilleux» de ces nouveaux responsables. D'ailleurs, rares sont ceux qui s'y retrouvent. Car plus personne n'est convaincu des raisons des choix des uns et des autres. L'impact est négligeable et les rôles sonnent faux. Pas dans le ton, pas dans le match. Pas bien dans leur peau aussi. Et trop tourné vers la médiocrité. Il aurait cependant suffi de déclencher une véritable réflexion sur la manière de gérer le club, de se pencher sur les véritables problèmes qui entravent sa marche. Au lieu de quoi, on a préféré user dans les fausses promesses, dans les beaux discours. Convaincus comme ils le sont toujours que le club leur saura gré de voir leurs limites s'exposer et défiler ici et là. Ce que ces dirigeants cherchaient n'est pas tant d'être appréciés comme des responsables capables de tirer leu club vers le haut. Au mieux, ils sont là pour faire la Une des journaux, passer à la radio et à la télévision. Vivre dans l'attente, c'est aussi vivre dans le doute. Cela, personne ne semble aujourd'hui l'ignorer car sur les défaillances et le gâchis d'un club miné par un vide existentiel, se profilaient depuis longtemps les dessous d'un avenir pas tout à fait rassurant. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons d'un vrai malaise et d'une profonde interrogation sur un club qui ne travaille plus suffisamment ses fondamentaux. Que ce soit sur le plan purement sportif, ou d'ordre organisationnel et structurel, il cumule les mêmes défaillances et les mêmes dérives. A peu près mot par mot, nous entendons aujourd'hui le même discours, la même démagogie, le même populisme au sujet de la reconstruction de l'équipe. Mais jamais, ou presque, les débats d'idées, les questions de fond, le sens de la bonne formule. La décadence du ST n'est malheureusement pas une surprise, et encore moins volée. Depuis plusieurs années, il multiplie les mauvais choix et les contre-performances. Il est indispensable aujourd'hui de tirer les enseignements de cette dérive. Qu'on le veuille ou non, on doit admettre que le club ne peut plus être laissé au pouvoir de quelques personnes et d'une seule vision. Ignorés jusqu'ici sous l'effet d'arguments erronés, les véritables besoins et impératifs stadistes n'ont jamais été placés à leur juste valeur. Le problème se situe au niveau du groupe, des individualités, des noms, des aptitudes et des compétences, des stratégies, des approches. Le pire est que les différentes parties prenantes ont vraiment le sentiment d'avoir raison. Leur appréciation de la situation leur paraît juste. Mais le problème est qu'ils ont raison tout seuls. La reconversion du club ne peut se traduire que par des façons d'être, de faire et de penser différentes. Il ne s'agit pas seulement de changer, mais de repartir sur un nouveau cycle, avec une équipe compétitive à tous les niveaux. Beaucoup de choses devraient voir le jour au moment où d'autres sont censées prendre fin. Il s'agit de remettre de l'ordre dans un club égaré.