L'aptitude à vivre les grands moments met en évidence un état d'esprit, un accomplissement plus qu'un mode de comportement... C'est un fait à la fois historique et actualisé d'une épreuve à l'autre, d'une échéance à l'autre: lorsque le talent se double d'efficacité, l'exploit est garanti. Faut-il s'habituer aujourd'hui à répéter que les médailles et le podium sont faits de surpassement et de générosité dans l'effort, d'abnégation et de sacrifie, de courage de détermination et de résolution? Ce qu'il y a de beau dans le sport, c'est qu'il est une leçon permanente d'abnégation et de don de soi, mais c'est aussi un motif de remise en cause, de correction et de rectification. Les Jeux olympiques sont incontestablement le genre de compétition qui laisse des souvenirs éternels et qui donnent l'envie réelle de respirer l'air du sport. La réalité sportive de plus en plus rebondissante, de plus en plus expressive, est la seule qui compte. L'expression de la compétitivité ne manque pas à chaque fois de prendre d'étonnantes formes. Pour s'en convaincre, il aurait suffi de scruter le visage des sportifs comme Habiba Ghribi, Oussama Mallouli, au cœur de l'épreuve ou lors de leur montée sur les plus hautes marches du podium: gestuelle de combattants qui extériorisent soulagement et souffrance après une lutte sans merci. Si l'on croit aux traditions et aux habitudes, les unes et les autres ont une vocation particulièrement sportive, une tendance à échapper aux choses ordinaires. C'est au plus fort des contraintes et des obligations que ces champions ont, en effet, appris à relever les défis. Avec des idées, un potentiel et des moyens suffisamment optimisés, la performance est manifeste. Les acquis et les réalisations encore davantage. La confirmation à Rio 2016 est plus que jamais nécessaire. Les Jeux olympiques, comme nos deux sportifs ont dû les vivre, sont une autre épreuve. Inaccessible aux sportifs de tous les jours, de toutes les compétitions. Ce n'est certainement pas un autre sport, mais c'est un autre monde. L'image des grands sportifs, ceux qui ont appris à défier le temps et la logique à leur manière, dépend largement de ce genre de rassemblement. Un rassemblement et un rendez-vous qui font admettre que l'enjeu n'est jamais l'ennemi du jeu et du spectacle. Lorsque la démonstration est poussée jusqu'à la perfection, l'on réalise que les Jeux olympiques ne peuvent être que le regroupement des sportifs les plus infatigables et les plus invulnérables, les plus solides et les plus puissants. Avec de surcroît une expression à base de talents individuels additionnés. Il y a, en effet, de ces sportifs qui comprennent si bien l'essence de leur œuvre , qui respirent si bien la cohérence dans son expression. Ils se situent tellement dans l'espace, tellement dans le temps, qu'ils créent la parfaite symbiose de la tête et les jambes. L'épreuve des corps qui, en communion avec l'esprit, ne fait que goûter à ce plaisir qu'est l'exaucement de soi, l'accomplissement de l'être dans l'effort, dans le surpassement. Une responsabilité, un devoir La réalisation d'une performance sportive est souvent présentée comme le couronnement des efforts consentis. Des efforts durs et intenses. Il faut dire que l'effort sportif est, à cet effet, indéniablement associé à l'idée de dépassement de soi. Avec notamment des pratiques et des valeurs attachées. Le public tunisien, et pas seulement du sport, n'aime rien moins que jauger, comparer et classer. Jeter des ponts entre les époques, confronter les générations et opérer des hiérarchies. Des noms, des légendes ont donné un sens et une vocation particulière au sport tunisien. Ils ne sont pas certes nombreux à s'imposer au haut niveau, mais ceux qui ont réussi à se faire une raison d'être dans ce registre ont réellement écrit les pages d'or du sport tunisien. Ils avaient réussi ainsi à accréditer l'idée selon laquelle ils avaient une part capitale dans les performances du sport tunisien. Dans le sport, tout athlète, en qui existe un potentiel d'exception, peut atteindre un meilleur niveau et progresser, à condition, bien entendu, d'identifier ce qui peut provoquer le déclic. Dans une compétition aussi contraignante et éprouvante que les Jeux olympiques, beaucoup d'athlètes aspirent, et c'est leur droit le plus absolu, à l'exploit, à la consécration, mais peu ont vraiment le privilège de pouvoir réellement le faire. Certes, on peut toujours discuter du mérite des uns et des autres, de l'impact de l'organisation de telle ou telle épreuve, de leur degré de crédibilité. Mais il y a des données qui ne souffrent pas la contestation. Mais indépendamment des promesses toujours aussi renouvelées que significatives, nous osons aujourd'hui affirmer que tout ce que les athlètes tunisiens laissent entrevoir ne manque ni d'allure, ni de réalisme. Encore, il y a, désormais, au bout du compte, une certaine culture sportive, une originalité de la compétition. La façon à la fois simple et déterminante, le goût prononcé pour l'effort, le surpassement. Finalement, cette aptitude à vivre les grands moments met en évidence un état d'esprit, un accomplissement plus qu'un mode de comportement. On en est aujourd'hui convaincu: certains sportifs peuvent être amenés à exprimer des choses au-delà de ce qu'on pouvait attendre. Lorsqu'ils se donnent des responsabilités, ils ne peuvent qu'avancer et progresser.