L'un a cru en ses chances jusqu'au bout, l'autre a vendu la peau de l'ours assez tôt... La Tunisie a bel et bien raté le coche tout en se compliquant la tâche en cette veillée ramadanesque de samedi. Le Malawi, un illustre inconnu qui fourbit ses classes depuis quelque temps, a évolué à dix durant toute une mi-temps, sans vraiment donner l'impression d'être bousculé par les coéquipiers de Karim Haggui. C'est dire que toutes les conditions étaient réunies pour un cavalier seul tunisien qui n'aurait surpris personne. D'ailleurs, à la demi-heure de jeu, les carottes étaient pratiquement cuites, l'avantage rassurant au score devant permettre aux nôtres de jouer de manière plus décontractée, tout en laissant libre cours à l'inspiration et au plaisir d'évoluer face une assistance certes nombreuse, mais pas toujours acquise à la cause des nôtres, n'est-ce-pas Jomâa...Dès lecture de la feuille de match, la Tunisie avait pourtant fière allure, Bertrand Marchand ne faisant pas mystère de ses intentions offensives. Prônant un 4-4-2 assez souple, le technicien national n'a pas hésité à aligner quatre joueurs à tempérament offensif, avec Ben Khalfallah tantôt en position d'électron libre, tantôt à la manœuvre et de temps à autre en faux ailier, voire en neuf et demi. L'audace tunisienne s'est d'ailleurs avérée payante dès le départ. 8' de jeu à peine, et voilà que le vif Issam Jomâa catapulte le cuir sur le montant. La seconde sera la bonne. Deux minutes plus tard, le canonnier lensois ne se fera pas prier pour ouvrir la marque et donner ainsi une nouvelle physionomie à la rencontre, vu la nécessaire obligation de combler son retard chez un adversaire qui a vite fait de sortir de sa coquille suite au deuxième but inscrit par l'insaisissable Jomâa, ce dernier prenant à contre-pied le gardien. Opportunisme des pointes offensives, avantage intéressant au score et infériorité numérique constatée au sein du onze malawite (durant toute une mi-temps), la messe semblait dite mais le Malawi avait des ressources et la Tunisie des limites criardes... Le rendement des nôtres semblait pourtant tenir la route. Niveau lignes de jeu proposées, le revenant Alaeddine Yahia a constitué l'axe défensif avec Hagui, Korbi et Mehdi Nafti au ratissage, Boussaïdi et Mikari sur les flancs, Ben Khalfallah au relais offensif et au dispatching, Allagui et Dhaouadi dans les couloirs et Jomâa en pointe, ont constitué un onze à connotation et profil offensif, mais c'est en défense que le bât blesse... Sans parler de nonchalance, il est curieux de constater qu'un Malawi amoindri, acculé et condamné à réagir, a pu à force de cœur à l'ouvrage, renverser la vapeur et même frôler l'exploit de temps à autre...45', le Malawi profite d'un flottement pour réduire le score. De retour des vestiaires, la Tunisie prend la direction des opérations et hausse le ton. Combinaisons, passes courtes et triangulations sont à l'honneur. 60', Un tir enveloppé de Allagui heurte la transversale. Le but chauffait et les percées du duo Allagui-Khalfallah en disaient long sur les intentions des nôtres. C'est pourtant à ce moment que le Malawi s'est libéré, n'ayant plus rien à perdre et jouant son va-tout. Tir à ras de terre de Banda, vélocité et incorporation de deux attaquants supplémentaires, les Malawites en voulaient beaucoup plus, alors que les nôtres semblaient être tombés dans la suffisance. 75', nouveau tir de Kanyenda qui frôle le montant de Kasraoui, la menace malawite était réelle alors que la Tunisie n'a pu finalement tenir en respect un adversaire qui a ainsi arboré les habits de trouble-fête. "Nous sommes une petite équipe..." 83' de jeu, Karim Haggui est l'auteur d'une boulette qui sera fatale à la Tunisie. Un tirage de maillot "évitable" en pleine surface de réparation remettra en selle le Malawi, Kanyenda ne se faisant pas prier pour exécuter la sentence. Le même Kanyenda, profitant du "statisme" tunisien, faillit réaliser le "hold-up", mais sa frappe chaloupée est bien captée par Kasraoui. Les traits tirés, les visages abattus et le mental largement entamé, voilà la configuration d'après-match pour les "Aigles de Carthage". Au-delà du goût d'inachevé imputable à ce semi-échec, les joueurs étaient en colère suite à cette parité. Le meilleur joueur sur le terrain, Fahd Ben Khalfallah, semblait d'ailleurs frustré : "En première période, nous avons appliqué les consignes à la lettre. Après la pause, chacun a voulu faire son numéro et voilà le résultat. Il faut remettre les pieds sur terre et descendre de son piédestal. Nous sommes très loin du haut niveau continental et cela se voit et se paie sur terrain. Bref, nous sommes une petite équipe bien que nous soyons une grande nation de football. Il faut arrêter de flatter son ego et de se remémorer le palier atteint en 2004. Je suis vraiment en colère suite à ce nul. Nous devons coûte que coûte travailler davantage et nous armer d'humilité à l'avenir". Mehdi Nafti est aussi sur la même longueur d'onde que Ben Khalfallah, insistant sur la rigueur qui a fait défaut: " Arrêtons de nous situer parmi le gotha du football africain. Nous ne sommes pas plus qu'une petite équipe continentale qui s'est faite accrocher par le Malawi, un illustre inconnu, dénué de toute tradition footbalistique. Qu'elle est loin la CAN remportée en 2004. On doit apprendre à être humble à l'avenir. Nous avons certes de bons joueurs mais tout est relatif. L'élite de joueurs issus de l'EST, du CA, de l'ESS et du CSS, c'est toujours insuffisant à ce niveau. Je ne vois pas de joueurs "fuori class", militant au Real ou à l'Inter de Milan. Il ne faut pas se voiler la face aussi, mater son ego et reconnaître certaines choses. Toutefois, l'équipe est perfectible, il y a du caractère à revendre mais beaucoup reste à faire pour retrouver notre éclat". A défaut d'être performant, les Aigles de Carthage se sont ainsi montrés loquaces après la rencontre. Le technicien national reconnaît d'ailleurs la mauvaise copie rendue, surtout en seconde période : "Nous avons avancé à reculons en seconde période. Nous avons même été exposés à l'égalisation malawite. Il faudra remédier à cette fragilité collective constatée. Le penalty nous a certes cloués au sol mais au final, on s'en sort avec un nul peu glorieux face au modeste Malawi". Bien des choses sont à revoir au sein du onze tunisien, à commencer par retrouver confiance et assurance. Plus de droit à l'erreur à l'avenir...