Khaled Saidi ça ne vous dit rien ? Pour les connaisseurs, et ils sont nombreux, ses performances rimaient avec élégance. Et son nom de successeur des meilleurs stratèges du pays revenait dans les discussions avec insistance. Sauf que ce pur produit du CA, à l'aisance manifeste balle au pied, n'est pas allé au bout d'une carrière forcément inachevée. Il en parle avec nostalgie et se remémore son parcours vers la fin des années 80 : «En ces temps-là, la scène footbalistique pullulait de bons techniciens et de milieux à l'ancienne dont la vision de jeu faisait la différence. Nabil Mâaloul, Tarak Dhiab, Hedi Bayari, Lotfi Hsoumi et j'en passe. Ils participaient à la construction et se trouvaient souvent à la finition. Cette génération dorée, je ne l'ai côtoyée que ponctuellement, étant donné que j'étais assez jeune à cette époque. Les concurrencer en sélection me traversait l'esprit mais ce n'était pas évident. Je me console en affirmant que la Tunisie peut se vanter d'avoir produit des virtuoses comme ces compétiteurs précités». «Le destin en a décidé ainsi» Beaucoup d'humilité chez un talent pur qu'Anton Piechniczek voulait à l'EST et en Equipe Nationale. Mais le destin en a décidé autrement. Pour ce pur produit du CA qu'est Khaled Saidi, il était inimaginable de changer de maillot et impensable d'opter pour un concurrent. Mais comme il nous le relate, il voulait marquer son époque, en vain : «Même si la concurrence était rude, j'avais la chance d'avoir été repéré dans les catégories des jeunes en section cadets avec Samir Sellimi, Faouzi Rouissi, Amdouni, Sabri Bouhali, Marouen Ben Hssine, Anis Ghzal, Adel Hammami, Slim Abdelghaffar et j'en passe aux côtés de notre coach, l'illustre Sadok Sassi alias Attouga. Mine de rien, sept ans plus tard, un quatuor parmi ces joueurs a conquis l'Afrique. Tout ce beau monde avait des arguments à faire valoir. Mais les préoccupations étaient différentes. Ben Hssine, un Faouzi Rouissi bis, avait à titre d'exemple retenu l'option études plutôt que celle menant à l'équipe fanion de football. Or, en football, le vrai sentiment de satisfaction vient de la découverte de jeunes talents que l'on espère transformer en vrais compétiteurs. S'ils sont promus à une carrière prometteuse, le chemin est d'autant plus semé d'embûches que la réussite tient à si peu de choses tels que les aléas d'ordre conjoncturel ou structurel. Bref, la longévité est, bien entendu, une question de tempérament, de talent et d'environnement. Mais il y a aussi un soupçon de chance, un destin capricieux (les blessures) et les impératifs de la vie qui vous poussent à jeter l'éponge. Peut-être que je suis passé à côté d'une grande carrière. Mais bon, j'ai aussi côtoyé les Mohamed Hedi Abdelhak, Mounir El Jayéz (Falcao), Lotfi Rouissi, Ben Slimane et Farouk Trabelsi. Ce qui n'est pas peu. Des sensations fortes, j'en ai eues.