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Crise d'intelligence
Orientation et mobilité universitaires
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 09 - 2016

La mobilité est importante non seulement parce qu'elle est l'une des innovations prévues dans les textes du LMD, mais aussi parce que la mobilité intra et interétablissements, intra et interfilières permet la polyvalence comme l'exige l'évolution
Pour les nouveaux bacheliers, les études universitaires posent deux problèmes, celui de l'orientation et celui de la mobilité, lesquelles sont viscéralement liées. En ce sens qu'une mauvaise orientation universitaire engendre, nécessairement, un problème de mobilité. D'où la nécessité d'une vision futuriste des métiers, d'après certains universitaires dont le Dr Karim Belkahla, l'ex-directeur de l'Ecole supérieure de commerce du campus universitaire de La Manouba (ESC).
Selon lui, l'orientation comprend deux équations qu'il faut absolument résoudre : la première réside dans l'inadéquation entre les aspirations du bachelier et ses compétences cognitives, qui est due à l'absence d'une véritable information et d'une culture des métiers. La deuxième équation se rapporte aux aspirations et aux moyens du pays pour les réaliser, c'est-à-dire que celui-ci devrait avoir une idée assez claire sur ses compétences, une vision sur les secteurs qu'il désire développer en fonction de ses potentialités, parce qu'il est question d'orientation de l'économie nationale et de la société. Et lorsque ces impératifs manquent, on oriente aussi bien ces dernières que les étudiants vers des impasses. Pour dépasser ces écueils, il est impératif, selon l'universitaire, de concevoir des stratégies globales qui orientent les ressources humaines vers les besoins futurs du pays, à l'instar des pays développés, pour pouvoir orienter nos étudiants vers des métiers d'avenir. Mais malheureusement, de telles planifications stratégiques font défaut dans le plan de développement quinquennal (2016/2020), où la question des ressources humaines est quasiment absente dans la note d'orientation (voir l'article de La Presse «Absence de stratégie» du 29/02/2016). Et lorsqu'il y a des défaillances majeures au niveau de l'orientation, la mobilité ne peut que mal fonctionner. Ce qui complique davantage la situation.
Privilégier la polyvalence
Concernant cette question capitale pour l'avenir de l'étudiant et donc du pays, c'est-à-dire la capacité de l'université à orienter ses étudiants que ce soit vers le marché de l'emploi ou bien à l'intérieur même des filières, l'universitaire considère que cette dernière est elle-même désorientée. « En fait, on demande à une institution, qui est presque autiste, qui ne connaît pas son environnement, ni ses étudiants, ni ses enseignants, qui navigue dans le flou, pour ne pas dire dans le noir, d'assumer une tâche aussi délicate. J'appelle ça une crise d'intelligence», souligne le Dr Belkahla. L'établissement universitaire connaît ses étudiants à travers les notes ou bien les numéros des cartes d'identité, et ignore tout sur leurs conditions de vie, les milieux où ils évoluent, leurs aspirations... Il n'est pas à leur écoute. Les institutions universitaires, qui sont supposées créer du savoir, ne connaissent pas aussi leurs propres enseignants, ils ne savent pas s'ils ont terminé leurs thèses, ni s'ils y sont bloqués, ni s'ils ont besoin de formation continue... Elles ne connaissent pas non plus leurs personnels respectifs, ni leur environnement ; elles ne procèdent pas à des études du climat social. Ce sont en fait des institutions qui vivent au jour le jour, qui appliquent des lois, qui n'ont pas d'orientation, ni de stratégie. La mobilité est très importante, non seulement parce qu'elle est l'une des innovations prévues dans les textes du LMD, mais parce que la mobilité intra-établissement et inter-établissements, intra-filière et inter-filières permet la polyvalence comme l'exige l'évolution. « Aujourd'hui, comme c'est le secteur privé qui a pris de l'importance, un jour on peut travailler dans une telle entreprise et s'occuper d'un tel aspect, et un autre jour on peut passer à un poste de direction et s'occuper d'un autre aspect; je peux commencer ingénieur et finir manager, par exemple», explique notre interlocuteur. Donc, le fait d'avoir une double diplomation, à l'instar de ce qui se passe dans un pays tel que la France où on parle d'une double licence, est de nature à assurer une ambivalence et une ouverture pour les jeunes. Cela leur permet justement d'avoir cette flexibilité. «On pourrait me dire que ce thème de flexibilité relève de l'économie néolibérale, mais c'est la réalité, ce qui veut dire que soit on traite avec celle-ci, soit on s'enferme dans des dogmes, ce qui est, malheureusement, le cas de plusieurs collègues qui s'emmurent dans une certaine conception de l'université et qui sont insensibles aux changements de la réalité, or l'intelligence ce n'est pas seulement de pouvoir innover, ce qui n'est pas d'ailleurs le cas de nos établissements universitaires, mais aussi d'être capable de s'adapter à la réalité », commente le Dr Belkahla. Le pragmatisme ce n'est pas forcément de l'opportunisme, selon lui.
Pragmatisme ou opportunisme ?
Il estime que les universitaires devraient être pragmatiques et ne pas s'enfermer dans une sorte d'aveuglement dogmatique, consistant à dire que nous, nous formons indépendamment du marché de l'emploi, indépendamment des besoins de l'économie et de ceux de la société et indépendamment des évolutions que connaît le monde. D'après l'universitaire, certains d'entre eux veulent continuer à faire la même chose, de la même manière, abstraction faite de l'environnement et ils réclament cette posture-là non pas par incapacité mais par démagogie, c'est-à-dire qu'ils ont une conception de l'enseignement supérieur qui est dogmatique, qui est fermée et qui aboutit au même aveuglement. Il en déduit que si l'université navigue dans le noir, les universitaires eux, ou du moins certains d'entre eux, naviguent dans le dogme, ce qui les empêche de traiter avec le réel qui consiste, aujourd'hui, dans le chômage, dans le fait de demander à des gens de savoir s'adapter, d'avoir des compétences dans le sens où ils peuvent et savent le faire, d'avoir des capacités de méthodologie qui soient susceptibles de leur permettre de devenir, par la suite, managers, économistes ou autres. Cela exige une mobilité à l'intérieur des branches, entre les établissements universitaires, les régions, etc. C'est ce que notre interlocuteur appelle « intelligence » qui, comme il ne cesse de le réitérer, manque cruellement à notre université.
L'appel lancé par l'universitaire aurait été entendu par l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M. Chiheb Bouden, ce qui va peut-être atténuer cette «crise d'intelligence» puisqu'il a pris la décision de mettre en place, dès l'année universitaire prochaine et à titre expérimentale, trois centres destinés à accueillir les étudiants désireux d'obtenir un diplôme à double compétence. Cette nouvelle option, qui constitue l'un des fondements du système LMD, comme on l'a mentionné plus haut, et dont les auteurs veulent favoriser une certaine dynamisation, va permettre d'instaurer une licence de mobilité, qui offrira l'opportunité à l'étudiant de s'inscrire dans deux établissements universitaires et d'obtenir deux spécialisations complémentaires (voir l'article de La Presse «De nouvelles opportunités» du 15 juin dernier). Pour certains enseignants favorables à la mobilité, cette mesure pourrait résoudre, ne serait-ce qu'en partie, cette difficulté, cependant, elle sera insuffisante tant que les deux équations posées par l'orientation ne seront pas solutionnées.


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