Aux dernières nouvelles, M. Youssef Chahed, chef du gouvernement, s'est entretenu avant-hier avec M. Hazem Ben Gacem, commissaire de la conférence internationale de l'investissement qui se tiendra dans nos murs les 29 et 30 novembre. Au menu, le suivi des préparatifs matériels et logistiques en vue de faire réussir ce rendez-vous majeur. Il faut savoir que cette réunion réunira plus de 1.500 participants, représentant des établissements financiers et bancaires, des chambres de commerce et fonds d'investissement régionaux et internationaux et des hommes d'affaires et représentants de gouvernements étrangers. Pour le gouvernement, cette conférence devra mobiliser ressources et nouveaux investissements en vue d'exécuter les mégaprojets prévus à l'horizon 2020. Oui, mais encore faut-il avoir des projets bien ficelés et bien présentés. Avec, en toile de fond, une stratégie de développement aux contours précis. Il y a quelques mois, le gouvernement sortant de M. Habib Essid parlait de 50 projets d'investissements publics, privés et en partenariat public-privé (PPP), pour une enveloppe de 60 milliards de dollars, dont 5.391 millions de dollars en public et 6.476 en partenariat public privé (PPP). On a évoqué alors les projets dits structurants. Soit 26 projets publics et 12 en PPP. Cela va du transport aux eaux et assainissement, en passant par l'infrastructure, l'énergie et l'énergie renouvelable, l'agriculture et le développement durable, le logement, la santé, le développement régional, la digitalisation, la logistique et l'éducation. Depuis l'avènement du gouvernement Chahed, on a mis cela en sourdine. En tout cas, on en parle très peu. Interviewé la semaine dernière à ce propos sur Radiomed, M. Iyed Dahmani, porte-parole du gouvernement, a fait valoir que le gouvernement passe en revue lesdits projets avant toute validation définitive. Disons-le sans ambages. Une conférence pareille n'a pas lieu tous les ans dans nos murs. Nous n'avons pas le droit à l'erreur. Il faudrait y mettre la diligence requise tant sur le plan de la forme que côté fond. C'est d'une précision de métronome qu'il s'agit en l'occurrence. Donc point de bricolage ou d'amalgames. Le parterre des convives est particulièrement averti, et donc exigeant. La forme est décisive à ce propos. Daignons pour une fois passer outre le provincialisme qui est le nôtre, le protocole contreproductif, le bricolage et les dossiers de presse à l'ancienne, à la bonne franquette. L'emballage doit être à la mesure de l'événement. Cela requiert une présentation des projets reposant sur des supports de communication ultra-modernes, esthétiquement au point et, c'est le cas de le dire, engageants. Cela suppose aussi que la matière soit exposée d'une manière exhaustive et fluide. Il ne s'agit guère de réinventer la roue, ou de verser dans le didactisme mal à propos, et encore moins dans le sentimentalisme niais et à la guimauve. Ce n'est point de quémander qu'il s'agit, mais de convaincre. Et, pour convaincre, il faudrait avoir le bon argumentaire. Parce qu'ici comme ailleurs, la conviction dépend de la qualité des arguments. Elémentaire, mon cher Watson. Le mot d'ordre doit être clair et incisif : soigner la forme, corser le fond. Même l'environnement d'une telle conférence internationale doit être agréable et festif, plutôt qu'obséquieux et rébarbatif. C'est la moindre des politesses qu'on pourrait rendre à une conférence dont la réussite importera énormément pour le devenir de tous les Tunisiens. Déjà, des délégations gouvernementales, des ministres et hauts responsables nationaux font du porte-à-porte auprès de gouvernements étrangers et dans maints pays et manifestations internationales. Mais, aussi important que cela puisse être, c'est l'impression générale que dégageront la conférence internationale des investisseurs et son environnement culturel, artistique et festif qui primeront. D'où la nécessité d'être, paradoxalement, nos propres ambassadeurs dans nos murs. Et un ambassadeur, de soi-même qui plus est, soigne tant la forme que le fond. Parce que, comme partout ailleurs, il y a le discours et il y a la méthode.