«La circulation du ballon est aussi importante que le mouvement des joueurs sur le terrain» Ex-joueur de la génération d'or du Stade Tunisien, attaquant international racé et figure emblématique du football tunisien des années 80, Abdelkader Rakbaoui est ce que l'on appelle un buteur par instinct. Il nous parle des préceptes offensifs du bon attaquant : «Même si, selon l'entraîneur, les schémas varient à travers les tendances et les exigences du moment via des consignes strictes, chaque joueur a son point fort. A titre d'exemple, un attaquant doit améliorer sa technique plus que sa cohésion et sa culture tactique. Au final, pour un avant, il est payant de dribbler les défenseurs adverses en utilisant sa technique personnelle. Or, actuellement, on voit des avants qui dribblent et feintent comme des robots. Faites cela comme vous le sentez. Je ne cesserais jamais de la répéter. Si vos dribbles sont réalisés chaque fois d'une façon différente, chaloupés ou autres, les défenseurs auront tendance à être confus lorsque vous les dribblez. Le plateau technique doit s'y atteler forcément et ne pas seulement recourir au contrôle-décalage ou contrôle-sprint. Les contrôles orientés, le jeu en déviation, les passements de jambes, ça se travaille. Les préparateurs physiques et autres responsables de la médecine sportive ont leur mot à dire. Ils doivent aider à améliorer la condition cardiovasculaire pour une meilleure concentration et sensibilité au jeu qui marque et donc qui gagne. Un attaquant, ça se façonne. Il ne faut jamais laisser la chance décider de ce qui va se passer, être le plus calme possible avec le ballon. Si un joueur a une bonne touche, il peut avancer et la suite viendra. «Ne pas forcément monopoliser le ballon» Les entraîneurs doivent sentir tout cela et pas seulement lors des répétitions. En situation de match, dans des rencontres à faible possession, il faut être créatif. Quand ça coince, l'exploit individuel est là pour remettre l'équipe en selle. Le tir, par exemple, est l'arme fatale. Or, l'on note que nos tireurs manquent de formation à la base. Il faut pencher le corps vers l'avant, regarder le ballon puis le but ensuite, et de nouveau le ballon. Ceci permet d'effectuer un puissant tir à ras de terre. Un attaquant, c'est tout un métier. Il faut penser à soi, mais aussi au vis-à-vis. Réfléchir selon la manière avec laquelle un gardien pense. Par exemple, préfère-t-il sauter vers la gauche, arriver à deviner s'il va plonger vers la droite. Chercher les ouvertures et bien apprendre les mouvements des gardiens. Devenir buteur, ça s'enseigne et ça s'apprend. Les compétences ne se développent pas du jour au lendemain, mais chaque touche de balle rend meilleur. Un attaquant qui se respecte ne monopolise pas forcément le ballon. Vous savez, le parcours d'un attaquant par opposition à celui des arrières est assez frustrant. Les entraîneurs ont leurs propres opinions sur le choix des avants, et le plus souvent, ils ont tort. Ici, le point de vue subjectif joue un rôle important. Jouer pour le plaisir et la passion. De nos jours, la pénurie des attaquants est due à cette recherche de la gloire et de la célébrité à tout prix. Or, l'équilibre de l'attaquant est un élément essentiel pour atteindre la notoriété recherchée sans pour autant en être obnubilé».