Hier, les avocats ont entamé une grève de trois jours exigeant que le gouvernement accepte leurs propositions pour ce qui est des impôts qu'ils consentent à payer. Aujourd'hui, les enseignants du primaire et du secondaire entament leur guerre contre Néji Jalloul Au moment où le président Béji Caïd Essebsi ouvrait, hier matin, la Conférence internationale sur l'investissement au Palais des congrès à l'avenue Mohamed-V à Tunis et soulignait que la Tunisie post-révolution a recouvré la confiance des bailleurs de fonds internationaux qui sont venus choisir les méga-projets de «Tunisie 2020» qu'ils vont financer, les avocats ont entamé leur grève générale qui doit durer trois jours avec présence dans les tribunaux et fermeture de leurs études. Ce qui revient à dire que les procès programmés pour hier, aujourd'hui et demain vont se dérouler en l'absence des «robes noires» arpentant les couloirs des palais de justice au moment où leurs clients répondaient aux questions des présidents des tribunaux et au moment aussi où les représentants du ministère public exprimaient leurs demandes. Et si des jugements sont rendus, ils en seront informés par leurs clients eux-mêmes ou par leurs clercs qui pourraient assister aux audiences en simples spectateurs. Mais pourquoi les défenseurs de la veuve et de l'orphelin ont-ils décidé de bouder les audiences trois jours durant ? Non aux articles 30, 31 et 55 de la loi de finances Ameur Meherzi, bâtonnier de l'Ordre national des avocats, est clair : «Nous protestons contre les articles contenus dans la loi de finances 2017 consacrés aux impôts que les avocats doivent payer à l'Etat. Ce sont des pratiques sélectives à l'encontre des avocats. Nous les avons dénoncées (lundi) en rencontrant les représentants des groupes parlementaires au palais du Bardo». Il ajoute : «Nous envisageons d'autres formes de protestation au cas où le gouvernement n'accepterait pas d'annuler ces mesures sélectives». En plus clair, les avocats exigent l'annulation du timbre fiscal imposé à tout acte de justice, refusent que les contrôleurs des finances viennent vérifier si leurs déclarations de fin d'année sont conformes aux rentrées d'argent qu'ils ont réalisées ou non et au nombre des affaires où ils ont plaidé ou non. Et ils ajoutent une autre exigence : Lamia Zribi, ministre des Finances, doit faire ses valises et céder sa place à un autre ministre qui répondra positivement à leurs caprices. Au cas où Youssef Chahed s'accrocherait à sa ministre, ce seront les justiciers qui paieront les frais. Faut-il souligner que quand un avocat refuse de plaider en audience ou de remettre un rapport à la cour statuant sur une affaire quelconque, son client perd automatiquement son procès. Yacoubi et Gamoudi jouent leurs dernières cartes Ameur Maherezi et ses lieutenants ont ouvert le bal qui se poursuit aujourd'hui sous la direction de Lassad Yacoubi, secrétaire général du syndicat général de l'enseignement secondaire, et Mastouri Gamoudi, secrétaire général de l'enseignement de base. Aujourd'hui et dès le lever du soleil, ils installeront leurs troupes devant le ministère de l'Education à Bab Bnat pour signifier à Néji Jalloul, ministre de l'Education, que «les instituteurs, les enseignants du secondaire et les élèves n'ont plus besoin de lui. Nous n'avons plus aussi besoin de sa réforme du système éducatif. Nous camperons devant le ministère jusqu'à ce qu'il décide de partir de son propre gré ou jusqu'à ce que Youssef Chahed comprenne qu'il n'a pas intérêt à ce qu'il le garde dans son équipe», précisent les syndicalistes de l'enseignement primaire et secondaire. Ils reprochent, en effet, au ministre le non-paiement de certaines primes, ses attaques continues contre les enseignants et ses annonces relatives aux nouveautés que va introduire la réforme éducative, alors que la commission tripartite de pilotage de la réforme éducative (Ugtt-gouvernement et Institut arabe des droits de l'Homme) n'a rien décidé définitivement. Plus encore, les annonces quotidiennes de Jalloul n'ont aucun sens puisque la nouvelle loi d'orientation sur l'enseignement n'est pas encore soumise au parlement et les différentes commissions de la réforme n'ont pas achevé jusqu'à aujourd'hui leurs travaux Et comme la messe anti-Jalloul est déclarée, voici Ennahdha qui s'invite à la polémique et demande, par la voix de son président, Rached Ghannouchi, que l'application de la réforme éducative, si jamais elle est adoptée par le Parlement, soit reportée à l'année scolaire 2018-2019, c'est-à-dire qu'on doit attendre une année scolaire (2017-2018) pour voir si la réforme éducative version Jalloul est applicable. Mais en attendant 2018, Néji Jalloul sera-t-il là ?