Le triomphe de Zidane, le coup de canon d'Eder, la prise de pouvoir d'Infantino, la disparition de Johan Cruyff ou encore la tragédie de Chapecoense... L'année 2016 a été riche en moments intenses. Sélection des plus forts. 4 janvier : Zidane devient entraîneur de l'équipe première du Real Madrid « Je crois que tout va bien se passer ». Le propos est simple et respire la confiance. Non content d'avoir été le meilleur joueur de sa génération, Zinédine Zidane est désormais aussi celui de France 98 qui a le mieux réussi sa reconversion. Car être nommé entraîneur du Real Madrid à moins de 45 ans, c'est tout de même costaud quand tous les experts citaient uniquement Laurent Blanc et Didier Deschamps comme futurs grands techniciens français. Si l'ancien boss du PSG et l'actuel sélectionneur des Bleus sont loin d'avoir une seconde carrière dégueulasse, aucun d'eux n'a réussi l'exploit de passer sans transition de la Castilla à l'équipe première du Real. Ni d'avoir réussi à soulever une C1 moins de six mois après leur entrée dans le game. 26 février : Gianni Infantino devient président de la Fifa Michel Platini en rêvait, mais pour avoir trop trafiqué avec son ancien mentor Sepp Blatter, il a été écarté de la course. Et c'est donc son ancien dauphin à l'Uefa, l'Italo-Suisse Gianni Infantino, le crâne chauve le plus familier des amateurs de tirages au sort, qui arrive comme une fleur pour récolter la présidence de la Fifa. Devant le favori annoncé Cheilk Salman et l'outsider-candidat du renouveau Prince Ali. Depuis pas grand-chose n'a changé dans l'instance du football mondial : le nom de son neuvième président est sorti dans l'affaire des Panama Papers, les arcanes de la Fifa sont toujours aussi opaques et les grands projets sont toujours au stade de l'élaboration. Mais Infantino a quand même l'intention de marquer son territoire en nous pondant une Coupe du monde à 48 équipes, histoire d'ouvrir la compétition à un maximum de nouveaux pays. Et ainsi faire le jeu des sponsors ? 24 mars 2016 : décès de Johan Cruyff Une légende s'éteint et les hommages pleuvent. Triple Ballon d'or, joueur vedette de l'Ajax Amsterdam des années 70, puis star et chef d'orchestre au Barça, Johan Cruyff s'éteint à 68 ans. Dans sa ville d'accueil, Barcelone, où son héritage a été le mieux préservé. Le Hollandais volant était un joueur magique, un technicien visionnaire, et également un homme d'affaires avisé qui a multiplié les business hors foot alors même qu'il était encore un jeune attaquant pimpant à l'Ajax. Tellement brillant qu'un journaliste scientifique a milité avec succès en 2010 pour faire rebaptiser un astéroïde à son nom. La mort du jeu. 2 mai : Leicester remporte la Premier League On a longtemps cru que la hype allait retomber, que les puissants allaient reprendre les choses en mains. Sauf que Claudio Ranieri a tenu son groupe du début à la fin, que Riyad Mahrez a été le meilleur joueur de la saison, que N'Golo Kanté a fait dans l'entrejeu le boulot de deux ou trois joueurs, et que Jamie Vardy enquillait les buts comme les perles... Seulement trois défaites au compteur, des « grands » qui piochent, et un rival — Tottenham — qui flanche sur la fin : tous les ingrédients étaient réunis pour la belle histoire. Depuis, Leicester peine à confirmer et les théories sur les valeurs «égalitaires » de la Premier League ont perdu en épaisseur. Mais la ligne sur le palmarès des Foxes est là pour l'éternité. 28 mai : le Real Madrid remporte sa 11e C1 Le match est intense à San Siro, Yannick Ferreira Carrasco répond en fin de rencontre à l'ouverture du score de Sergio Ramos en début de match. Et c'est au sortir d'une prolongation étouffante que Cristiano Ronaldo, en difficulté pendant 120 minutes, offre la victoire aux siens en mettant au fond son tir au but. Dans le rond central, Antoine Griezmann pleure, il a manqué un penalty pendant le temps réglementaire et sait qu'il a perdu une Coupe d'Europe. Patience, la deuxième arrive. 26 juin : le Chili remporte la Copa América La défaite mauvaise, Lionel Messi annonce sa retraite internationale. Il en reviendra quelques semaines plus tard, mais sa frustration est compréhensible : pour la seconde fois en moins d'un an, l'Argentine a perdu une finale de Copa América aux tirs au but contre le Chili. Et cette fois-ci, il a foiré son péno. De quoi mettre la Pulga hors course pour le Ballon d'or alors que Cristiano Ronaldo gagnera l'Euro deux semaines plus tard. Surtout, ce second sacre du Chili confirme une modification du rapport de force en Amérique du Sud. Le Brésil et l'Argentine n'ont plus de monopole, et l'Uruguay n'est plus la seule alternative. Reste pour les Chiliens à confirmer à l'échelle mondiale en 2018 en Russie, avec un nouveau sélectionneur, Jorge Sampaoli ayant décidé de tenter sa chance au FC Séville et de laisser les clés du camion à Pizzi. 10 juillet : Eder la met bien profond à son pays d'adoption Jusque-là, ce n'était qu'un joueur de Ligue 1 comme un autre. Plein de bonne volonté, plutôt sympathique, mais aussi très maladroit. Une sorte de Bafé Gomis du pauvre avec une frappe de balle de brute. Ce 10 juillet au Stade de France, c'est cette dernière qui reste en mémoire. Au bout du bout de la prolongation entre le Portugal et la France, l'attaquant du LOSC prend le ballon, résiste à Laurent Koscielny et s'en va placer une mine qu'Hugo Lloris ne peut repousser. Le Portugal devient champion d'Europe sans son meilleur joueur — Ronaldo s'étant blessé en première période —, mais avec un buteur providentiel dont Swansea ne voulait plus. 20 août : le Brésil ne fait pas comme Yohann Diniz et remporte l'or aux JO Deux nuls poussifs contre l'Afrique du Sud et l'Irak, la délivrance contre le Danemark (4-0), puis un Neymar qui porte les siens à partir des quarts. Cela n'effacera jamais le traumatisme de la demi-finale du Mondial 2014 contre l'Allemagne, mais la médaille d'or brésilienne a fait du bien au peuple auriverde. Surtout en se dessinant avec un scénario indécis face à l'impitoyable bourreau de Belo Horizonte en finale. À vingt-quatre ans, Neymar est encore loin de Pelé ou Ronaldo, mais il a franchi une première marche non négligeable en offrant un titre à son pays. 28 novembre : drame aérien pour l'équipe de Chapecoense Cette équipe brésilienne n'était pas la plus connue en Europe. Elle avait pourtant le vent en poupe et s'apprêtait à disputer un premier titre continental contre l'Atlético Nacional Medellín, pour la finale de la Copa Sudamericana. Mais l'avion qui emmenait l'équipe de Chapecoense s'est écrasé sur le sol colombien et a mis fin au conte de fées. Seuls trois joueurs ont survécu, pour plus de 80 victimes dont la quasi totalité de l'effectif du club. Depuis, les messages de soutien ont afflué, la Conmebol a attribué le titre à l'équipe le 5 décembre sur demande de son adversaire, et plus personne n'oubliera le nom de Chapecoense.