La femme tunisienne a réussi dans plusieurs domaines de la vie active grâce à son savoir-faire, sa compétence et sa persévérance. Elle est devenue un vrai partenaire de l'homme aussi bien dans le domaine économique que dans les domaines politique, social et culturel. La place de la femme dans la vie active a été renforcée au cours des deux dernières décennies grâce à des mesures audacieuses prises en sa faveur. La femme a investi la vie associative pour contribuer avec dévouement et abnégation à des projets de développement et contribuer à assurer le bien-être d'autrui toujours en partenariat avec l'homme. Dans la vie politique, la femme a pu occuper des postes de ministre et de secrétaire d'Etat et a fait un parcours honorable. Elle est présente avec force également dans les conseils consultatifs, comme au sein du pouvoir législatif (Chambre des Députés et Chambre des Conseillers). Même dans le domaine des affaires, jadis réservé aux hommes, la femme a su s'imposer en gérant des projets rentables dans des secteurs prometteurs faisant appel à des technologies de pointe. Après sa formation universitaire (le taux de réussite de la jeune fille est de plus en plus élevé), la femme est intégrée dans la vie professionnelle grâce à un recrutement dans une entreprise économique où elle essaye de se distinguer pour mériter sa place et être à la hauteur de la confiance placée en sa personne. En s'installant à son propre compte, la femme tunisienne a prouvé qu'elle est apte à relever les défis en renforçant son positionnement aussi bien sur le marché intérieur que sur le marché extérieur. Evidemment, la situation n'est pas toute rose. Certaines femmes actives font face à des problèmes divers. La conjoncture internationale difficile n'est pas toujours favorable à la réalisation des performances et à la concrétisation des ambitions. Sans parler de la famille à laquelle il faut consacrer beaucoup de temps… Toutefois, et malgré les contraintes de tout genre, la femme est plus que jamais déterminée à aller de l'avant en conciliant ses activités professionnelles et la gestion de son foyer. L'adhésion des femmes au marché de l'emploi et son adaptation professionnelle est de plus en plus importante. A la faveur des sessions de formation et d'encadrement, la jeune fille est, désormais, bien préparée à affronter la vie active. Le taux de femmes bénéficiaires des programmes d'adaptation professionnelle s'élève à environ 51,3 %. D'autant plus que près de 2.760 femmes se sont, déjà, installées à leur propre compte, incitées et soutenues par les mécanisme d'encouragement au travail indépendant. Par ailleurs, la situation de la femme rurale a été nettement améliorée dans l'optique d'une insertion plus efficace dans l'œuvre de développement. La preuve: entre 2005 et 2008, et en partenariat avec la société civile, il a été possible de libérer 88.000 femmes et jeunes filles rurales de l'analphabétisme. Aussi, et grâce aux efforts fournis par les parties concernées mais aussi grâce au déterminisme des femmes et leur forte volonté, 20,1 % des femmes rurales sont-elles actives. Il y a également lieu de noter que le nombre de femmes qui investissent dans le secteur agricole est passé de 15 en 1992, à près de 2.597 l'année dernière. Le droit à l'instruction consacré Rappelons que la législation en vigueur garantit le droit à l'instruction de la jeune fille gratuitement. Des réformes ont été adoptées en vue de renforcer le principe de l'égalité entre l'homme et la femme. Après la généralisation de l'enseignement primaire, il a été décidé, en 1991, que l'enseignement soit obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans. Les parents qui n'inscrivent pas leurs enfants à l'école ou interrompent volontairement et sans motif convaincant leurs études sont automatiquement sanctionnés. Une fois formée, la femme est bien préparée pour intégrer la vie active dans le cadre d'un environnement favorable. En effet, le Code du travail consacre, depuis 1992, le principe de la non-discrimination entre l'homme et la femme dans l'accès à l'emploi, les salaires, la promotion, et ce, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. En effet, la femme a le droit de gravir les échelons, d'occuper des postes de décisions et de mettre à profit sa compétence et son expérience pour le bien de l'entreprise et de l'intérêt public. Certaines mentalités devraient être changées, cependant, pour pouvoir bien appliquer la législation en vigueur. Les dispositions avantageuses ont permis, quand même, d'améliorer le taux de la population active féminine qui est passé de 6% en 1966 à 24,2% en 2002 et à 27% actuellement ; soit le quart de la population active. Sans les progrès réalisés dans les domaines de la scolarisation et l'accès à l'université, ces résultats probants n'auraient pas pu se réaliser. Droits garantis par la Constitution Déjà, en 2004, près de 10.000 femmes sont chefs d'entreprise opérant dans plusieurs secteurs d'activités. Ces femmes sont actuellement 18.000. Elles disposent entièrement de leur structure professionnelle, en l'occurrence la Chambre des femmes chefs d'entreprise relevant de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica). Cette institution mène régulièrement des activités pointues en vue de former et d'informer ses adhérentes et de les assister pour relever les défis. Les femmes travaillant dans la Fonction publique représentent, en 2001, près de 37,4% alors que l'on compte en 2004 un taux de 27% de femmes magistrats et 31% inscrites au barreau. Dans les industries manufacturières, les femmes sont de 43% en 2004 contre 32% dans le secteur de l'agriculture. Les femmes sont également présentes avec force dans les domaines de la médecine, de la pharmacie, du journalisme, des services. Ce qui est évident, c'est qu'elles ont toujours fait preuve, malgré les difficultés, d'un acharnement sans égal pour réussir à tous les niveaux. Dans le domaine politique, la femme bénéficie de plusieurs droits garantis par la Constitution comme celui d'élire et d'être élue. Les réformes constitutionnelles ont renforcé davantage le principe de l'égalité, d'autant plus que la femme est en mesure de bien s'acquitter de sa mission quel que soit le poste qui lui est confié. D'ailleurs, la loi constitutionnelle en date du 27 octobre 1997 donne le droit à tout électeur de père tunisien ou de mère tunisienne d'être éligible à la Chambre des Députés. Ainsi, les citoyens et les citoyennes bénéficient des mêmes droits. Les femmes participent donc activement à la vie politique en étant présentes dans toutes les structures pour analyser, proposer et formuler haut et fort leurs points de vue. Ministres, secrétaires d'Etat, vice-présidentes à la Chambre des Députés, présidente à la Cour des comptes, directrices générales, les femmes ont eu l'occasion d'occuper les hauts postes de décision dans cet Etat de droit qui offre une égalité de chances à tous les citoyens sans discrimination aucune. Même dans les partis politiques, et plus encore au sein du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), la femme est présente à tous les niveaux. A la Chambre des Députés, le taux de femmes est passé de 7% en 1994 à 22,70% en 2004. Ce taux est de 26% dans les conseils municipaux, de 18% dans le Conseil économique et social, de 13,3% dans le Conseil supérieur de la magistrature et de 12% dans les cabinets ministériels. Au niveau de la vie associative, la femme tunisienne a toujours fait preuve d'une générosité démesurée pour venir en aide aux personnes à besoins spécifiques, aux personnes vulnérables et à tout être qui a besoin d'aide et de réconfort. Après le Changement, le nombre des associations féminines a été multiplié et celles qui sont déjà opérationnelles ont renforcé leurs activités. En plus de l'Union nationale de la femme tunisienne, on compte, entre autres, l'Organisation tunisienne des mères, l'Association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement, l'Association pour la promotion des projets des femmes dans l'économie, l'Association de l'action féminine pour le développement durable, la Fédération nationale des agricultrices… De nouveaux défis à relever Une volonté politique au plus haut niveau vise la consolidation du statut de la femme dans la famille, la société et la vie publique. Des objectifs ambitieux ont été, d'ailleurs, fixés dans le Programme présidentiel «Ensemble relevons les défis». Cela va permettre incontestablement de relever les défis futurs, notamment pour les femmes actives dont le rôle dans la société sera boosté. Le Programme présidentiel 2009-2014 ouvre, en effet, de larges perspectives aux femmes appelées à participer activement à la vie publique. Le taux de présence de la femme aux postes de décision devrait atteindre 35% au minimum au lieu de 30%. Le Centre de recherche, d'études, de documentation et d'information sur la femme (Credif) a été chargé de réaliser une étude sur la réalité de la présence de la femme dans l'administration et élaborer un programme consacrant le principe de l'égalité des chances. Une actualisation périodique du registre des compétences féminines dans le secteur public sera également réalisée afin de s'y référer au moment de l'attribution des responsabilités. Il s'agit aussi d'œuvrer à l'augmentation du taux de présence de la femme au sein des commissions paritaires et des conseils d'administration des établissements publics afin d'atteindre les 35% d'ici fin 2014. Le principe de l'égalité des chances entre hommes et femmes dans les domaines de la formation et du recyclage des agents et des cadres de la Fonction publique sera de même consacré tout au long de leur carrière professionnelle. Par ailleurs, le secteur privé et la société civile sont encouragés à renforcer la présence de la femme dans les postes de responsabilité. Une étude sera élaborée sur ce sujet d'ici fin 2011, afin d'aider les structures professionnelles à réduire l'écart qui sépare les hommes et les femmes. Soulignons, en outre, qu'un registre des compétences féminines dans le secteur privé et en milieu associatif sera également élaboré au cours de 2011. Par ailleurs, un plan national pour la promotion de la situation de la femme rurale a été mis en place en plus des mesures et des mécanismes facilitant son intégration dans la vie active. Le but étant de porter le taux des femmes actives dans les zones rurales à 20,1% et d'augmenter le volume des crédits destinés aux femmes rurales pour atteindre un taux de 26,8% de l'ensemble des crédits accordés par la Banque tunisienne de solidarité, et 35% à l'horizon 2014. C.G.