Le concept japonais Kaizen est basé sur l'intégration d'une nouvelle culture de gestion du temps, de l'espace et des compétences. Son adoption par nos entreprises industrielles leur permet d'améliorer leur productivité et ainsi de les doter de la compétitivité requise pour pénétrer les marchés internationaux. Un taux d'amélioration de productivité dépassant les 20% a été réalisé grâce à l'application des méthodes japonaises en matière de bonnes pratiques, dont le concept Kaizen. L'amélioration de la qualité et de la productivité est l'objet d'un programme de coopération entre le ministère de l'Industrie et du Commerce et l'Agence japonaise de coopération internationale (Jica). Le programme, qui touche notamment le secteur industriel, a été lancé depuis 2006 avec un premier projet mené pour la filiale des industries électrique, électromécanique et agroalimentaire, et ce, pour accompagner 27 entreprises durant les années 2006-2008. Puis, un deuxième projet 2009-2013 a touché 64 entreprises des filiales électromécanique, du conditionnement et de l'emballage. Désormais, on est au troisième projet 2016-2019 dont le bénéficiaire est le ministère de l'Industrie et du Commerce à travers son unité de gestion du Programme national de promotion de la qualité. Intégrant quelque 72 entreprises industrielles, le projet est à la fin de sa première phase et s'apprête à entamer la seconde au mois de mai 2017. Entre autres, ce projet va aboutir à former vingt universitaires tunisiens aux méthodes d'amélioration de la qualité et de la productivité, et il comporte des séminaires de sensibilisation auprès des étudiants, notamment en ingénierie, ainsi qu'un programme régional de renforcement de la coopération tuniso-africaine en matière de formation où les experts tunisiens donneront des sessions de formation en amélioration des capacités dans ce même domaine de la qualité et de la productivité. Pour ce qui est de la première phase qui prend fin en avril prochain, 24 experts sont en train d'être formés pour devenir maîtres formateurs et qui sont des experts de l'unité de gestion du Programme national de promotion de la qualité, (Ugpq), du Centre technique des industries mécaniques et électriques (Cetime) et le Centre technique de l'emballage et du conditionnement (Packtec). Une équipe d'experts japonais, menée par l'expert en chef de la (Jica), Katsutoshi Ikeda, poursuit la formation sur le lieu de travail dans 18 entreprises industrielles. Un taux d'amélioration de productivité dépassant les 20% a été réalisé grâce à l'application des méthodes japonaises en matière de bonnes pratiques, dont le concept Kaizen. Amélioration en continu Le ministre de l'Industrie et du Commerce, Zied Laâdhari, qui a évoqué la reprise attendue de la croissance en 2017 avec un taux variant entre 2,5 et 3%, a affirmé qu'il y aura de la croissance dans plusieurs secteurs, notamment l'industrie. Et d'ajouter : « Pour mettre notre pays sur la voie du décollage économique, nous devrons améliorer les indices de compétitivité. Nous travaillons actuellement sur l'amélioration de quatre volets, à savoir l'infrastructure, l'accès aux marchés extérieurs et l'exportation, l'accompagnement des PME, la productivité et la qualité. Pour ce dernier volet, nous avons un programme avec nos amis japonais. Partant d'un constat qu'avec un taux de productivité de 1,5 et 2,7%, on ne peut pas trop avancer ! Notre projet avec les Japonais est d'accompagner les entreprises tunisiennes dans un processus de promotion de la qualité et de la productivité via le concept Kaizen, qui signifie l'amélioration continue. C'est une méthode importante pour que l'on intègre l'amélioration en continu du processus de production industrielle afin de le doter de la compétitivité nécessaire et être capable de pénétrer dans les marchés. Cela dépend en partie de la formation et des formateurs et aussi des entreprises potentiellement capables d'accueillir ce genre de formation continue». Laâdhari a souligné que ce projet va avec la vision de son département et dans le sens des efforts d'accompagnement de la réhabilitation des entreprises. Des efforts qui ont commencé en 1995 avec cinq entreprises, et voilà qu'aujourd'hui on est à deux mille entreprises intégrant ce processus d'accompagnement. Laâdhari a précisé que l'Etat a dépensé jusque-là plus de mille trois millions de dinars pour ce programme de réhabilitation des entreprises, tout en valorisant les différents programmes et concours nationaux relatifs à la qualité ainsi que la revalorisation des laboratoires. Il a annoncé que cinq nouveaux laboratoires « important pour l'amélioration de la qualité dans les entreprises industrielles » ont été créés pour la somme de dix millions de dinars. De même, il a évoqué les programmes de certification dont deux mille entreprises bénéficient ce qui leur donne un élan en termes de compétitivité. « On ne peut pas réussir en s'appuyant sur l'infrastructure, les zones industrielles et les équipements existants. Il faut compter sur l'amélioration de la qualité, de la production et de la productivité au niveau de la chaîne industrielle, le sujet de notre coopération avec nos amis japonais en un nouveau programme de quatre ans de durée. Il faut savoir que le Japon a choisi dix pays africains parmi cinquante pour accueillir ce projet d'accompagnement », a-t-il expliqué. Production et management L'expert en chef de la Jica, Katsutoshi Ikeda, nous a précisé que l'objectif principal du projet est de former des formateurs qui vont devenir des maîtres formateurs, et le but de cette formation est de pouvoir disséminer et d'assurer la pérennité du concept productivité et qualité en Tunisie. Et d'expliquer : « Pour ces futurs formateurs, qui sont déjà des consultants, il est très important, outre la partie théorique, de pouvoir réellement mettre en pratique tout ce qu'ils apprennent pour donner les résultats escomptés et cela exige des entreprises impliquées d'avoir l'engagement nécessaire pour la mise en place de ces activités d'assistance gratuite basée sur les concepts japonais, notamment le Kaizen, que les experts japonais maîtrisent. Le Kaizen représente des activités qui produisent de la valeur ajoutée en continu sur un site de travail, et ce, par l'ensemble des employés. Il est l'une des stratégies les plus importantes en management. Pour un début, il faut commencer par un processus modèle au sein d'une entreprise pour le généraliser par la suite aux différentes lignes de production et de management de toute l'entreprise. Il peut toucher les activités physiques comme celles de management et de conceptualisation». Selon la coordinatrice du projet à l'Ugpq, Ourida Chalouati, pour la deuxième phase du projet de coopération, 2017-2019, on vise la dissémination dans huit centres techniques et aux universités publiques et privées dont l'Enit est actuellement impliquée. Les experts formés en phase 1 vont, avec l'appui des experts japonais, faire la dissémination au niveau national. Une révision du module de l'amélioration de la qualité et de la productivité à ces universités peut avoir lieu par la suite. Pour sa part, Hichem Haouari, de l'entreprise « Hygiène Industrielle », a souligné que l'expérience conduite durant cinq mois à la méthode Kaizen dans l'entreprise a mené à l'amélioration de la productivité des lignes de conditionnement de 30%. Selon Salah Bousbia, directeur des relations extérieurs de l'Université Esprit, les méthodes japonaises, relativement nouvelles, sont appliquées à l'université mais reste que l'appropriation des outils d'amélioration de la productivité et de la qualité cause problème. Dans ce sens, il a indiqué que son université par exemple adopte une approche active dont les jeux sérieux. Bousbia a souligné que la résistance aux changements demeure une entrave face à la durabilité de l'application de ces méthodes...