Les coéquipiers de Khlil ont patiemment imposé leur jeu avec de la possession et de la maîtrise. Les nettes victoires contre les «petits» ne sont pas de simples feux de paille. Loin de là. C'est plutôt une bonne nouvelle comptable pour un CA assuré de finir l'exercice sur le podium. Le Club Africain a donc ramené un succès probant de Ben Guerdane. Trois points qui lui balisent la route vers une compétition continentale. Sur ce, et au-delà du résultat, c'est la connexion sur le terrain entre les joueurs qui a ravi les supporters. La polyvalence des rôles qui s'inversent tantôt, des décalages et cette recherche systématique de la profondeur. Le CA a convaincu à défaut d'avoir régalé. C'est un fait, le football d'aujourd'hui est dicté par la culture du résultat. Alors quand Chiheb Ellili ne blâme pas ses joueurs après un cuisant revers face à l'EST ou à l'ESS, en rejetant la faute sur «des détails», cela fait jaser. Pourtant, l'entraîneur du CA n'est pas dans le «virtuel». Oui, son équipe développe un bon football. Cela s'est vu récemment avec cette victoire qui permet aux siens de se relancer après les déconvenues de Radès. Il faut cependant relativiser. L'USBG était plus facile à dompter que les deux concurrents précités. Ce faisant, même si le CA a dû insister pour s'imposer, le rendement des coéquipiers de Khlil a été particulièrement remarquable. Ils ont patiemment imposé leur jeu, avec de la possession et de la maîtrise pour prendre à défaut une défense adverse volontaire sans plus. Vers l'heure de jeu, Rusike a converti une séquence entre Abdi et Manoubi Hadded, avant que Belkhiter n'aggrave le score à un quart d'heure de la fin. Cela dit, les Clubistes ont eu raison de prendre de l'avance, car l'intensité qu'ils ont mise s'est effritée en fin de rencontre. L'USBG ayant finalement trouvé les espaces pour inquiéter Ben Mustapha, c'est le plus naturellement du monde que le CA décroche d'un cran, se replie et gère le money-time. Globalement, le CA s'est bien repris. Ce succès en déplacement tombe au bon moment pour un groupe antérieurement malmené. Car il faut l'avouer, en dépit d'un arbitrage à charge il y a quelque temps, la suprématie des deux concurrents directs du CA (Etoile et EST) a forcément quelque chose d'impressionnant, d'implacable, d'inéluctable même... Il faut en tirer les enseignements qui s'imposent et remédier à cette frilosité constatée face aux deux meneurs de la compétition. Bref, le salut passe par le travail, l'assiduité et l'ambition. Attachant mais inconstant ! Pour revenir au déplacement de Ben Guerdane, les hommes de Chiheb Ellili ont finalement bousculé avec espièglerie des locaux, aux mieux empruntés, au pire terriblement gênés par l'intense activité du milieu de terrain clubiste. Plus haut, Rusike a fini par effacer son inconsistance en poussant la balle au fond des filets. Et, plus bas, Dkhilali et Ben Yahia ont repris du galon en débutant le match. Bref, le CA ne s'est pas démonté à Ben Guerdane. Il a réussi à trouver les intervalles, n'a pourtant pas changé son système et a continué de proposer du jeu. D'ailleurs, les efforts à ressortir le ballon avaient quelque chose de touchant, un peu comme on continue d'appliquer une leçon alors que l'exercice est terminé depuis longtemps ! Les Clubistes en tireront certainement les bénéfices un jour. Peut-être quand Chenihi pourra enchaîner deux périodes du même niveau que la première, lorsque ses accélérations et ses interventions firent tant de mal au bloc adverse. Ce jour-là, le CA jouera assurément le titre jusqu'au bout. Aujourd'hui, les Clubistes ont juste comblé un peu le précipice. Reste maintenant à finir en beauté le championnat. Et avec ce niveau d'efficacité, c'est plus qu'envisageable. Enfin, après deux revers et une parité face aux trois gros bras du play-off, le CA a repris sa marche en avant. L'USBG n'a pas pesé bien lourd face à des Clubistes impassibles donc rétablis mentalement. Le CA va bien, merci pour lui ! Cette équipe, qui n'avait pas vraiment emballé les foules depuis quelque temps, a retrouvé sa lucidité et sa verve. L'on ne peut toutefois s'empêcher de relativiser et même méditer sur cette formation attachante mais inconstante. Comment passer du pire cycle de la saison à une belle série ? Demandez-le au CA !