Les jeunes diplômés doivent compter, d'abord, sur eux-mêmes. Ce qui ne veut nullement dire que l'Etat se dérobe à ses obligations. Au contraire En matière d'emploi des jeunes (et des diplômés, en l'occurrence), il ne s'agit pas tant de programmes officiels que d'initiatives propres ou d'implication effective de la société civile. Car la mission de l'Etat, à travers ses institutions d'enseignement et de formation, ne consiste pas à assurer l'emploi ou le recrutement de toutes les promotions. Certes, il peut y contribuer. Reste, toutefois, la part la plus importante qui devrait incomber au reste de la société. C'est ce qu'on pourrait considérer comme le fil conducteur de la conférence organisée hier par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Mesrs). Lors d'un exposé fait par le ministre Slim Khalbous, cette idée a été étayée par des données et des informations allant dans le même sens. Ce qui est sûr, c'est que, désormais, les jeunes diplômés doivent compter sur eux-mêmes. Ce qui ne veut nullement dire que l'Etat se dérobe à ses obligations. Au contraire. A travers un ensemble de mécanismes et de dispositions, il continuera à jouer un autre rôle. Cette fois-ci, ce rôle sera éminemment plus social. Le travail d'encadrement des jeunes se fera beaucoup plus en amont. Les étudiants seront pris en charge avant l'achèvement de leur cursus universitaire. Un accompagnement de proximité sera assuré, ensuite, à ceux qui s'engageront à la recherche d'un travail. S'il est vrai qu'un diplômé ne doit pas être livré à lui-même dès sa sortie de l'université, il n'en est pas moins vrai que ce même diplômé ne peut pas se considérer comme un assisté. C'est à lui, d'abord, que devrait incomber la tâche primordiale de décrocher un poste de travail. Il n'est pas, toujours, nécessaire que ce poste soit dans la Fonction publique. Car le constat amer que l'on vit, actuellement, c'est que les mentalités n'ont pas changé. Bien avant de terminer ses études, l'étudiant tunisien n'a en tête qu'une obsession : obtenir un bon boulot dans une administration publique et se la couler douce jusqu'à la retraite. L'esprit d'initiative n'est pas encore très développé. La libre entreprise est une culture qui a besoin d'être enracinée davantage dans la formation des futurs diplômés du supérieur. C'est, justement, sur cette fibre là que le Mesrs est en train d'axer ses efforts. 50 centres de carrière L'un des dispositifs mis en place pour remplir cette fonction est, sans conteste, le fameux 4 C (Centre de carrières et de Certification des Compétences) sur lequel reposent tous les espoirs. Il s'agit, en fait, d'une structure rattachée à la présidence de l'Université ou au doyen ou au directeur de l'établissement d'enseignement supérieur et de recherche dont la mission est de préparer et d'accompagner les étudiants et les diplômés en vue de faciliter leur insertion sur le marché du travail. Il tend également à jouer le rôle du partenaire privilégié pour toute entreprise désirant recruter un profil professionnel particulier ayant obtenu un diplôme universitaire mais n'ayant pas encore cumulé une expérience confirmée. Le 4C œuvre également à faciliter la certification des compétences afin de renforcer les chances de recrutement de nouveaux diplômés. Il met ses services à la disposition des entreprises afin de renforcer et valoriser les qualifications professionnelles de leurs employés. Ce mécanisme est en train de donner de bons résultats, notamment grâce à l'ouverture de l'université, non seulement sur son environnement socioéconomique, mais aussi culturel et sportif. Il faut, en effet, compter sur ces différents aspects pour parvenir à former une nouvelle génération de diplômés facilement «intégrables » dans le monde de l'emploi. Des formations complémentaires sont, toutefois, accordées aux étudiants et aux diplômés en vue de les soutenir et de les orienter grâce à la banque de données disponibles dans les 50 centres de carrière. Des formations accélérées et des actions d'accompagnement permettent, actuellement, aux futurs diplômés de se préparer à affronter le milieu du travail (rédaction d'un CV, préparation à un entretien d'embauche, stage dans une entreprise...). Un ensemble d'outils est en train de se consolider pour renforcer les chances d'obtenir un emploi. Mais l'implication du privé n'est pas exclue. Ce n'est pas un mal que le secteur privé intervienne dans ce processus d'autant qu'il ne fait qu'apporter sa contribution au développement de notre université. Bien sûr, l'Etat est là pour assurer les garde-fous nécessaires. Ce n'est pas ce que pensent certains détracteurs qui affirment que l'Etat veut privatiser l'université et ce n'est, donc, qu'un préambule. D'ailleurs, avec la conjoncture actuelle, il serait impossible de fournir des emplois aux promotions de 50 à 60.000 étudiants annuelles. Des programmes pour encourager la libre entreprise existent et attendent preneurs. Rien que pour les docteurs au chômage, 500 opportunités sont offertes avec des prêts pouvant aller de 10 à 100.000 dinars. Sans parler d'autres projets et de start-up que ces diplômés peuvent lancer pour leur propre compte.