Dans la bonbonnière du complexe sportif de Rabat, le CA sera soumis à rude épreuve dès les trois coups de minuit. Mais rien ne prédit un scénario à la «cendrillon». Non, le CA n'est pas là-bas pour y laisser des plûmes, mais pour retrouver de l'ambition et mesurer le chemin jusque-là parcouru. Si cette rencontre à venir est avant tout une étape cruciale pour accéder à la demi-finale de cette compétition, elle est aussi une bataille entre deux clubs maghrébins qui ne font pas mystère de leurs intentions. Certes, le FUS Rabat sera fortement soutenu lors de ce match aller par un public assez dense. Sauf que si la ferveur populaire, dont bénéficiera le club marocain, devrait permettre à ses joueurs de se transcender, le CA pourrait aussi apprivoiser cette pression et en faire un atout. Arme à double tranchant, la pression permet à certains de s'épanouir. D'autres, par contre, s'effondrent complètement ! C'est dire que finalement, le CA ne part pas avec un handicap. C'est même négligeable comme thèse. Qu'ils soient en terrain conquis ou en terre «hostile», les Clubistes savent qu'ils ont la lourde responsabilité de hisser très haut les couleurs du CA. Sur le plan du prestige, c'est leur devoir. Sur le plan du jeu, ils devront prouver lors de cette rencontre que leurs ambitions sont légitimes, tout en gardant l'humilité et la modestie propres aux conquérants. La conjugaison d'autant de raisons pourrait révéler un CA d'une autre facture, il faut y croire ! Livrer une prestation aboutie permettrait non seulement de se positionner en haut de l'échiquier, mais aussi d'envoyer un message fort aux sceptiques de tout bord. Faire «exploser» en vol les certitudes chérifiennes tout en s'appuyant sur un collectif huilé. C'est forcément souhaité par les fans clubistes. Ça mettrait de l'eau dans le moulin d'un club toujours attendu au tournant. Souvent critiqué en Ligue 1 pour sa suffisance, le CA doit littéralement se métamorphoser en Coupe de la CAF s'il veut rallier à sa cause la majorité des supporters. Et pour le coach Chiheb Ellili, ce sera l'heure de vérité. Son plan doit marcher à la perfection, car il n'y aura pas de session de rattrapage du point de vue comptable, même si une autre manche est prévue dans pas longtemps. Bref, le CA ne doit pas fléchir, mais tenir. Il doit répondre présent et de manière convaincante. Même si les choix du staff technique ont largement été contestés, ce soir, il doit mettre tout le monde d'accord. La concorde autant que l'unanimité autour de lui et de son groupe dépendront d'un résultat probant. Endurance et vélocité Sur le plan tactique maintenant, le CA pourrait basculer vers un 4-4-2 classique. Quand on joue le FUS de Rabat dans son fief, on doit forcément blinder le milieu avec des sentinelles avisées. Un entrejeu à quatre où le CA n'évoluerait pas en losange, mais à plat comme on dit. Volet onze type, si Rusike et Khalil devraient manquer le rendez-vous, l'ossature est toujours en place avec Belkhiter, Ifa, Jaziri, Ayadi, Ghandri, Chenihi et Khelifa. Wissem Ben Yahia serait ainsi titularisé, alors que Kchok et Abdi sont en ballottage. La culture tactique du technicien clubiste. Son goût prononcé pour l'effort et la combativité doivent (du moins on l'espère) rejaillir sur ses hommes ce soir. 90 minutes durant, les partenaires de Farouk Ben Mustapha doivent mettre à mal les Marocains et les asphyxier par un pressing et une agressivité de bon aloi. En clair, le CA doit conforter ses soutiens. Pour le onze clubiste, le simple fait de jouer loin de ses bases en compétition continentale a induit des bouleversements internes et même physiologiques. Le souvenir de Kampala est encore vivace avec un CA qui a péché par manque d'endurance et de vélocité. Il doit forcément retenir la leçon au Maroc. L'instinct de préservation de ses bases doit être ancré profondément dans le mental des joueurs et se muer en véritable force supplémentaire. Cela est d'autant plus vrai dans les derbys marqués par une rivalité forte où l'attachement à un club prend de l'ampleur.