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Compenser la faiblesse de son corps par la force de son mental : Jeûner et jouer ne sont pas incompatibles
Dossier : Sport et ramadan font-ils bon ménage?
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 06 - 2017

Le mercure grimpe, Ramadan démarre et nos champions doivent mener de front le football et le jeûne.
Le week-end passé, nos équipes fanion ont disputé des rencontres importantes dans le cadre des compétitions continentales. En ce mois saint, les phases des poules de la ligue des champions et de la coupe de la caf battent leur plein. Sur ce, qui dit Ramadan dit jeûne. Or, jeûner et pratiquer une activité sportive dans une compétition de très haut niveau, ce n'est pas aisé, surtout en période estivale, en pleine canicule. Deux sons de cloche reviennent ainsi avec insistance. Certains tenants craignent de moins bons résultats pour les joueurs qui jeûnent... comme d'autres qui travaillent pendant Ramadan d'ailleurs ! Avec les matches de nos représentants en Ligue africaine, le choc de la sélection face à son homologue égyptienne et le barrage couperet entre l'ASM et le COM, les médias s'interrogent. Les joueurs vont-ils jeûner ? La question est abordée sous toutes ses coutures, même s'il faut relativiser la difficulté de jouer tout en étant quelque peu déshydraté. D'autres, par contre, mettent en avant les bienfaits thérapeutiques du jeûne sur l'organisme (demandez-le à Franck Ribéry), en plus du fait que c'est un choix personnel face à une obligation canonique. Ce faisant, pourquoi jeûner ou faire du sport alors que l'on peut jeûner et faire du sport ? Il faut certes choisir, en son âme et conscience. Mais c'est avant tout personnel. Certains diront que lorsque l'on est face à un enjeu personnel important, une compétition sportive, il est naturel de ne pas être très à l'aise à l'idée de devoir jeûner dans des conditions qui nous paraissent a priori peu favorables. Sauf qu'il faut préciser que le jeûne chez les sportifs de haut niveau n'a pas le même impact chez tout le monde. Mieux, nos champions peuvent se préparer pour aborder et vivre le jeûne du mois de Ramadan dans des conditions optimales. Ce n'est pas le fait de jeûner qui nuit à leur productivité sur le terrain. C'est leur alimentation et leur hygiène de vie qui sont souvent incompatibles avec un rendement de premier ordre. Cependant, il y a aussi ceux qui optent pour le jeûne intermittent. La plupart mettent, en effet, essentiellement en évidence l'intérêt d'une période courte de jeûne préalable à l'effort, le plus souvent une nuit, avec des effets positifs sur l'endurance et sur la résistance avec une adaptation de leur métabolisme. Cela peut être intéressant car ça met en évidence toute la problématique de l'environnement nutritionnel et de ses effets sur les capacités d'adaptation cellulaire à l'effort, comme l'affirment les nutritionnistes. Il faut cependant relativiser cet intérêt quand on le place sous l'angle de la performance. En clair, un environnement nutritionnel trop protecteur peut altérer la capacité d'adaptation cellulaire. Pour faire simple, l'effort musculaire pourrait pâtir de cette adaptation. Les spécialistes de tout bord sont unanimes. Certes, en jeûnant, à terme, au bout de l'effort, ça peut fléchir à quelques encablures de la ligne d'arrivée. Sans eau, sans protides, sans lipides et glucides, ce n'est pas évident. Sauf que le jeûne peut aussi avoir du bon ! Tel est le cas d'une privation de supplément en antioxydants ou d'une alimentation à dominante glucidique. Ainsi, le jeûne stimulerait les voies énergétiques et hormonales alternatives. Cela dit, il faut faire attention. Une vigilance accrue sur les apports en protéines est indispensable, et ce, afin que l'organisme ne puise pas toutes ses réserves dans les protéines musculaires ! Du point de vue temporel, pour les sportifs, idéalement, la rupture du jeûne aurait lieu juste après l'effort pour optimiser la fenêtre métabolique, via une prise de protéines. Une telle stratégie aurait alors pour objectif d'optimiser les filières énergétiques au détriment partiel de la masse musculaire. Globalement, pour nos champions, vouloir se lancer dans l'aventure du jeûne relève avant tout d'une certaine philosophie. S'ils sont décidés, ils doivent savoir que la pratique sportive de haut niveau est bel et bien compatible avec le jeûne. Mais elle nécessite une adaptation alimentaire et des entraînements adaptés (privilégier la filière aérobic. Opter pour une alimentation riche en végétaux et en graisses de qualité (oméga 3) peut déjà représenter une étape fortement bénéfique si nos porte-drapeaux tiennent à jeûner.
Adapter les schémas nutritionnels
Au-delà de l'aspect spirituel, il faut aussi être en bonne condition physique pour soutenir cette épreuve sans pour autant que cela nuise à la santé des sportifs. Pour le sportif de haut niveau, c'est peut-être une période de purification et de régénération. Certes, durant cette période, les conditions de la pratique du football de compétition, dont on cerne de mieux en mieux les nécessités biologiques, restent peu connues. Mais si l'on s'interroge sur la bonne résistance de certains joueurs évoluant au sein de championnats de haut niveau tout en pratiquant ce précepte de leur culte, il serait aussi logique de penser que les capacités des acteurs du jeu seraient amoindries. L'hypoglycémie et la déshydratation, pour ne prendre que ces deux paramètres, seraient de mise. La fonction rénale aussi est mise à rude épreuve. Nous ne le savons cependant que trop peu dans le cadre d'une intense dépense physique conjuguée au stress. Observer Ramadan pour nos sportifs d'élite est une question de foi. Sauf qu'il faut qu'ils sachent que le rythme nutritionnel et de digestion généré par Ramadan peut également jouer un rôle sur les organismes. Si l'on tente de percer le mystère et de comprendre les effets de Ramadan sur l'organisme des athlètes, l'on note que c'est avant tout une affaire de perturbation biologique. C'est le facteur dominant. Modification du rythme veille-sommeil, changement du programme alimentaire, changement du programme diététique, tout change en période de jeûne. Et certains de nos compétiteurs, pour ne pas dire la grande majorité, acceptent mal les menus sportifs habituels en raison d'une tradition culinaire liée à Ramadan, qui leur semble incontournable. Ils acceptent tout aussi mal les regroupements et autres mises au vert durant le mois sacré. L'aspect psychologique complique donc le tableau. Va pour le volet traditionnel. Sauf que l'on peut également dégager des aspects positifs liés à l'impact sur les joueurs et sur l'organisme. Il y a l'aspect régénération et renouvellement des stocks d'énergie qui sont ici fortement pressentis. Sauf qu'il est souhaitable de savoir avec précision les effets du jeûne sur l'organisme des footballeurs, pour adapter les programmes de préparation et d'entraînement, ainsi que les schémas nutritionnels. Là aussi, de grands champions ont su adapter Ramadan à leur métier de footballeur. Mezut Ozil est l'un de ces joueurs ; ainsi que les Tricolores Lassana Diarra, Paul Pogba et Bacary Sagna. Même le sélectionneur Didier Deschamps avait indiqué avant l'Euro 2016 qu'il n'avait aucune consigne ou instruction à donner, car il respectait la religion de ses poulains. Et, que ces derniers sont habitués à gérer la situation sans subir de contrecoups physiques. Bien entendu, l'écho médical est tout autre. Les médecins en chef des grands clubs et les référents sur le sujet vont parler dans un langage strictement scientifique. Ils diront que c'est une période où le risque de blessures augmente, notamment au niveau des lombaires, des articulations et des muscles. Sauf qu'ils apportent aussi des éléments de réponse aux sportifs qui jeûnent. Ainsi, pour éviter les problèmes, ils doivent adapter l'alimentation et le sommeil avant tout. Le niveau de nutrition doit changer. Il faut aussi modifier la qualité des aliments, afin de s'adapter à l'exercice. Enfin, les joueurs doivent mieux s'hydrater et allonger la durée des siestes. Cet été, le mercure va encore monter et les organismes de nos footballeurs seront mis à rude épreuve. Pour les compétiteurs qui veulent concilier la pratique de leur sport et celle du jeûne, il y a des règles fondamentales à respecter. Quand les températures grimpent et Ramadan démarre, une question se pose, comment mener de front le foot et le jeûne ? Le sujet est sensible, car ne pas boire ni manger, en tant que sportif de haut niveau, peut causer bien des soucis. Mais tout est finalement question d'adaptation et de culture aussi. En France, les staffs sont compréhensifs pendant Ramadan, ils donnent des compléments alimentaires le soir pour tenir la journée. Pour le reste, c'est une question de force mentale plus qu'un handicap lié à la fatigue et à la déshydratation. En clair, la religion et la foi, c'est un moteur pour aller puiser des forces qu'on ne s'imagine pas avoir en réserve. Compenser la faiblesse de son corps par la force de son mental, c'est possible. S'il faut faire des concessions douloureuses parfois, la foi vous donne des ailes! Car théoriquement, si un joueur qui jeûne n'est pas supposé boire pendant la journée, donc durant le match la plupart du temps, sachez que durant le jeu, il peut perdre jusqu'à deux kilos, essentiellement de l'eau ! C'est donc peu compatible avec les efforts qu'on leur demande. Passons le volet médical et plaçons-nous plus proches du terrain. Le staff technique, généralement, aborde cette période de jeûne avec appréhension, surtout en été. Pourquoi? Parce qu'il s'agit d'une période sensible, surtout quand Ramadan arrive en août quand les clubs sont en pleine préparation pour le début de saison. C'est une période charnière où il y a souvent des charges importantes de travail. Les organismes répondent différemment.
Phénomène de transcendance
Ce n'est pas insolite, mais plutôt ordinaire. Certes, la plupart du temps, les clubs, bien que mal à l'aise, se montrent conciliants. Mais il y a mieux, à l'image de l'AS Saint-Etienne qui avait fait venir un imam pour expliquer aux joueurs que le Coran prévoyait une «clause spécifique» en ce qui concerne les professions qui permet de rattraper plus tard les jours de jeûne, et que le joueur de haut niveau en fait partie. Certains joueurs étaient intéressés pour décaler Ramadan, mais aucune restriction, interdiction ou aménagement d'entraînement n'ont été mis en place. Mais tout ne passe pas toujours pour le mieux. Le FSV Francfort était ainsi allé au clash avec trois de ses joueurs qui observaient Ramadan. D'après le club allemand, leurs contrats comprenaient une clause qui leur interdisait de jeûner sans autorisation. C'est l'institution religieuse d'Al-Azhar qui avait tranché en indiquant qu'un joueur pouvait rompre le jeûne s'il mettait en danger sa vie ou son travail, en donnant la permission à toute personne musulmane de ne pas jeûner durant l'exercice de son emploi en terre étrangère ! Une chose est sûre, les sportifs sont priés, par leurs entraîneurs d'au moins boire les jours de match. Une approche résumée par Antoine Kombouaré quand il veillait sur les destinées du PSG. Pour faire court, jeûner et jouer ne sont pas incompatibles. Une fois les précautions respectées, le jeûne s'avère parfois source d'inspiration ou de motivation pour certains joueurs. C'est un constat étonnant où l'on observe souvent un phénomène de transcendance. Oui, curieusement, il y a des sportifs qui ont de meilleurs résultats pendant Ramadan parce que le jeûne est désiré. Cela peut même devenir une aide spirituelle et psychologique tout autant qu'une question de défi à relever.


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