Ce soir, à 20h00, au Théâtre de la Ville de Tunis, se tiendra la première de la nouvelle création de Mohamed Mokhtar Louzir «Al Bayadek», d'après le texte de Mustapha Fersi et Tijani Zalila. Une nouvelle production de la Troupe de la Ville de Tunis qui vient s'ajouter au large répertoire de cette prestigieuse institution. Entretien avec le metteur en scène. Avec votre nouvelle création «Al Bayadek» (Les pions), d'après le texte de Mustapha Fersi et Tijani Zalila voudriez-vous nous éclairer plus sur cette nouvelle création? Ce projet m'a été proposé par la directrice de la Troupe de la Ville de Tunis, Mme Mouna Nouredine. Même si je connais le texte pour l'avoir réalisé pour le compte de la radio nationale, sa réalisation pour le compte de cette prestigieuse troupe me procure un réel plaisir et me permet de contribuer à enrichir le répertoire de cette institution, sachant que c'est la cinquième mise en scène que je signe pour le compte de cette troupe. Qu'est-ce qui vous a séduit dans ce texte pour commettre cette infidélité au théâtre jeune public ? Ce texte, écrit en 1970 par deux éminents dramaturges, à savoir feu Mustapha Fersi et Tijani Zalila et édité en 1992, demeure d'une actualité poignante, j'irai jusqu'à dire que les événements que nous avons vécus l'ont rattrapé, de surcroît c'est un texte d'une générosité qui autorise plusieurs lectures scéniquement parlant. Selon votre lecture, qui sont «Les pions» que la pièce évoque ? Tous les personnages anonymes, et ils le sont tous, dotés d'un statut social éphémère, d'où leur insoutenable légèreté. Ils sont porteurs d'un discours qu'ils n'assument pas, ils évoluent entre utopie et dystopie. Quelle démarche de mise en scène avez-vous choisie pour traiter ce texte classique et lui apporter votre touche si particulière ? Je ne suis pas dans une démarche conventionnelle quant au traitement de ce spectacle, non par fantaisie de metteur en scène, mais parce que ce texte n'est pas écrit de façon conventionnelle, et si par moments les auteurs usent de techniques, c'est pour se créer des repères, ce qui peut se comprendre et être parfaitement légitime. Loin de toutes dimensions tragiques, les personnages, dans leur utopie et dystopie, vivent un drame sociopolitique, la motivation des uns étant une mainmise sur le pouvoir, alors que chez les autres, c'est une reconquête de ce pouvoir censé être libérateur. Votre longue expérience du théâtre jeune public sera-t-elle visible dans votre traitement de cette œuvre ? Quoi que vous fassiez, un enfant vous échappe toujours... le tout c'est d'avoir la capacité de l'admettre, alors, peut-être que tout au long de ce spectacle, découvrirai-je moi-même celui ou celle (enfant) qui a fait cette incartade...