Par Kamel GHATTAS Cette règle n'existe pas chez nous. Pour le plus grand bonheur de ceux qui gèrent leurs affaires au petit bonheur la chance. En quoi consiste-t-elle et pourquoi, ces derniers jours, est-elle expertisée dans ses moindres termes et contours? C'est l'affaire du possible transfert de Neymar au PSG qui l'a remise à l'ordre du jour. «Les objectifs du fair-play financier, initié par Michel Platini en 2010 et en vigueur depuis 2011, sont simples : améliorer la santé financière, sur le long terme, des équipes qui participent aux compétitions de l'Uefa. Jusqu'en 2013, ce principe devait s'assurer que les clubs payaient bien leurs factures et qu'ils n'avaient pas d'arriérés de paiement envers d'autres clubs, leurs joueurs et les administrations sociales ou fiscales. En 2013, le principe d'équilibre financier entre en vigueur. Il consiste à vérifier qu'une équipe ne dépense pas plus qu'elle ne gagne. Cependant, une marge de 30 millions d'euros a été fixée par l'Uefa pour les saisons 2015-2016, 2016-2017 et 2017-2018. Les comptes doivent donc être plus ou moins à l'équilibre. Pour tout contrôler, une instance a été mise en place : la Chambre de jugement de l'instance de contrôle financier des clubs de l'Uefa (Icfc). La règle encourage aussi à faire des investissements responsables dans l'intérêt à long terme du football, comme des équipements, des centres de formation ou des travaux d'amélioration des stades. Ce n'est pas plus difficile que cela, et c'est pour éviter aux clubs des dérives qui pourraient les conduire vers des situations inextricables que l'organisme dirigeant a mis en place ce garde-fou. Toutes les équipes européennes s'y plient et les moindres écarts sont sanctionnés. Nous soulevons ce problème suite à un titre que l'un de nos estimés confrères a fait paraître dans une de ses livraisons : «Des présidents qui ne trouvent plus de successeurs. Et pour cause, cette explosion des dépenses qui ont fini par rendre bien des clubs ingouvernables ou tout simplement à éviter comme la peste. A éviter, en dépit de ces contorsions auxquelles se livrent des personnes qui se laissent aller vers des chevauchées fantastiques d'une autre ère et qui dénotent tout simplement leur incapacité à comprendre que le «football de papa» est terminé depuis belle lurette. Les temps où on se faisait attendre et désirer pour venir assister à une réunion et de jeter élégamment sur la table une pile de chèques récoltés au profit d'un club et dont la majorité portent des dates remontant à plus de six mois, et qu'on a retenus pour mieux asphyxier ceux qui gèrent à leur façon sans consulter ceux qui tiennent les cordons de la bourse, sont bien révolus. Certains ont la mémoire courte et ont vite oublié (qu'ils ont été victimes de ces agissements inconsidérés) que l'on faisait la tête pour un nombre insuffisant d'invitations ou pour avoir envoyé des billets tribunes à la place d'une loge.... Aujourd'hui, les choses ont bien changé. En bien et en mal. En bien, au niveau de la disponibilité des liquidités qui permettent à certains clubs de tourner, de gagner des titres et d'enrichir leurs palmarès. En mal, lorsque les chiffres s'affolent et que tout n'est plus que brouillard. Le club pris dans la tornade se réveille de sa torpeur et se retrouve complètement enferré dans une situation financière et administrative dramatique. Les enfants du club ont fini par baisser les bras et ceux qui lui permettaient de fonctionner tant bien que mal mais de manière raisonnable, dépassés par les événements, se sont retirés pour chausser leurs pantoufles. Ils ne sont plus disposés à reprendre le collier, faute de moyens conséquents et incapables de suivre le rythme imposé. La barre portée très haut, consciemment ou inconsciemment, écarte tous ceux qui seraient tentés par l'aventure. Ils feraient mieux, soit dit en passant, de ne pas tremper dans ces magouilles, que l'on monte par dépit ou par besoin de se remettre au goût de l'actualité. Les quelques réactions épidermiques, que l'on relève ici ou là, ne risquent jamais d'aller bien loin, faute de stratégie réaliste portant sur la remise à plat de la situation financière rebutante et incontournable. D'ailleurs, qui serait capable de se retrouver dans ces chiffres contradictoires et incompréhensibles ? Les seuls à se retrouver sont ceux qui ont déboursé de l'argent de leur poche. Voila l'envers du décor que les autorités à tous les niveaux refusent de voir. Jusqu'à quand et en foi de quoi ? Personne ne le sait. Pour le moment, on se suffit à gérer des calendriers et à éviter les réactions des fans et supporters qui ne semblent pas comprendre grand-chose à ce qui attend leurs clubs, car ces dettes, il faut bien les payer aujourd'hui ou demain. Si cette règle du fair-play financier existait chez nous, combien de clubs resteraient-ils en fonction ? Chut ! Il ne faut pas réveiller le lièvre !