L'Isie étudie la possibilité de prolonger le délai d'enregistrement, décision qui aura une incidence sur le calendrier des élections. Toutefois, le décret de convocation des électeurs doit être promulgué avant le 9 septembre prochain Il s'agit de la première rencontre de l'Isie avec les partis politiques et les représentants de la société civile de l'ère post-Chafik Sarsar. Organisée hier, cette rencontre avait pour objectif de rassurer les partenaires au sujet de la tenue des élections municipales. Partis politiques et organisations de la société civile étaient sceptiques au départ et n'avaient qu'une question à la bouche : «Y aura-t-il un report des élections municipales ? ». « Nous avons l'impression que les Tunisiens ne croient toujours pas que des élections municipales vont avoir lieu», lance Moëz Attia, président de l'association Kolna Tounes. Même l'association Atide s'interroge sur le maintien ou non de la date à cause des campagnes sceptiques organisées par certains partis politiques. Mais la réponse du président de l'Isie par intérim, Anouar Ben Hassan, a été très claire : «Il y aura bien des élections à la date prévue». Il précise que le conseil prépare une correspondance à l'adresse de la présidence de la République, contenant un projet de décret de convocation des électeurs. «Ce décret doit être promulgué avant le 9 septembre prochain », déclare Anouar Ben Hassen. Les sécuritaires électeurs peu nombreux Le président intérimaire de l'instance assure donc que les Tunisiens éliront leurs représentants dans les conseils municipaux le 17 décembre prochain. Une semaine avant, le 10 décembre, ce sont les sécuritaires qui seront appelés à exprimer leurs voix, en toute discrétion, puisque leurs urnes seront mélangées avec celles du 17 décembre. Mais selon les membres de l'Instance, malgré les efforts de sensibilisation déployés, les sécuritaires n'ont pas été nombreux à s'inscrire sur le registre électoral spontanément et, par conséquent, ils n'influenceront pas le scrutin municipal. Les organisations de la société civile ont par ailleurs critiqué certains manquements dans l'opération d'enregistrement à l'instar de la récurrence des pannes de connexion et les erreurs des mises à jour. De son côté, Bassem Maâtar de Atide a indiqué que leurs observateurs ont démontré que beaucoup d'agents d'enregistrement ne respectaient pas les horaires d'ouverture et de fermeture des bureaux. « Nous avons remarqué de la nonchalance des agents, qui semble motivés uniquement par le salaire », explique-t-il. Les ONG ont principalement insisté sur la faiblesse de la communication de l'Isie, et ce, malgré des moyens considérables engagés, comme l'indique Adel Brinsi, membre du conseil chargé de la communication. «1.315 affiches, des campagnes publicitaires dans cinq chaînes TV, 7 radios nationales, 11 radios régionales, 11 journaux et 8 sites web, voilà le dispositif communicationnel que nous avons mis en place, indique-t-il. Nous avons veillé à ce que tous les tunisiens soient correctement informés de ces élections». Manque de formation des agents de l'Isie Pour sa part, Yosri Mzati, président de l'organisation tunisienne de défense des Droits des personnes handicapées, a relevé un manque criant de formation des agents qui « ignorent les comportements les plus élémentaires à avoir avec les personnes porteuses de handicap». Yosri Mzati met également en garde l'Isie contre une exploitation des porteurs de handicap dans les listes électorales. « Parce que la loi électorale exige la présence de handicapés dans les listes, les partis politiques approchent pêle-mêle les porteurs de handicaps, indépendamment de leurs convictions ou compétences, pour leur proposer d'intégrer le bas de leurs listes», dénonce Mzati. Jusqu'à mardi minuit, 507.415 nouveaux électeurs se sont ajoutés aux 5.306.000 inscrits en 2014, alors que 84.410 électeurs ont mis à jour les informations les concernant. De l'aveu de certaines ONG, il est peu probable, compte tenu du climat économique et social, d'aller au-dessus. L'Isie étudie cependant la possibilité de prolonger le délai d'enregistrement. «Il faut simplement noter qu'une telle décision a une incidence sur le calendrier dans son ensemble », explique Anouar Ben Hassen.