Avec la rentrée politique et sociale qui n'a pas attendu le retour des députés au palais du Bardo et l'imminence du remaniement ministériel, il semble que les nuages assombrissant les rapports entre le palais de Carthage et Montplaisir se sont dissipés. On attend la liste de Youssef Chahed Finalement, les tambours n'ont pas été chauffés longtemps pour annoncer la rentrée politique et sociale 2017-2018 (voir l'article publié par La Presse dans son édition du lundi 4 septembre). Hier, en rencontrant, au palais de Carthage, Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, et Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), le président Béji Caïd Essebsi a été on ne peut plus clair et tranchant : les vacances estivales ont vécu et il est temps de retourner au travail même si l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) tarde encore à inviter ses membres à raccourcir leurs vacances et à rejoindre le palais du Bardo pour voter et adopter les lois que tout le monde attend avec impatience et fébrilité pour que les élections municipales du 17 décembre prochain se déroulent dans des conditions acceptables. Il s'agit, en effet, de deux lois. D'abord, élire le nouveau président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) et les deux membres encore manquants à son conseil de direction. Ensuite, adopter le tant attendu code des collectivités locales censé régir l'opération électorale municipale et définir les attributions qui seront accordées aux futurs conseils municipaux. Les électeurs seront invités dans les délais Et sans entrer dans les détails des deux rencontres entre le président de la République, le président d'Ennahdha et le secrétaire général de l'Ugtt, on apprend d'après les communiqués rendus publics par la présidence de la République que deux thèmes ont dominé les débats : les élections municipales, et le chef de l'Etat a réaffirmé son engagement à «promulguer le décret convoquant les électeurs au vote, une fois la vacance des postes à l'Isie comblée». Donc, la balle est maintenant dans le camp des députés appelés à régler la question de l'Isie avant le samedi 9 septembre, date à laquelle le décret en question doit être promulgué, selon le calendrier déjà dressé par l'Isie elle-même. En d'autres termes, au Palais de Carthage, on a décidé de faire la sourde oreille à ceux qui demandent toujours le report des municipales. Aujourd'hui, mardi 5 septembre, Mehdi Jomaâ, Issam Chebbi et leurs amis tiendront une rencontre de presse pour expliquer aux Tunisiens les raisons pour lesquelles ils tiennent au report des municipales à une date autre que le 17 décembre prochain. Ils étaleront, à cette occasion, tous les griefs possibles qu'ils ont à l'égard d'«élections dont les conditions de transparence et d'intégrité ne sont pas réunies». Mais les élections municipales auront bel et bien lieu à la date prévue même si les députés ne parviennent pas à adopter le code des collectivités locales avant la date fatidique du 17 décembre prochain. D'ailleurs, Nabil Baffoun, le candidat n°1 à la succession de Chafik Sarsar à la présidence de l'Isie, n'a pas manqué de rappeler, hier, sur les ondes de radio Mosaïque FM, que tout est prêt «pour que les municipales se déroulent dans les délais et que rien n'empêche l'adoption du code des collectivités locales après la tenue des élections». Le deuxième thème évoqué au palais de Carthage est celui relatif au remaniement ministériel dont l'annonce pourrait intervenir, au plus tard, d'ici la fin de la semaine, sauf que personne ne sait encore, en dépit des indiscrétions pullulant partout, si Youssef Chahed se contentera de dénicher les remplaçants qu'il faut à Lamia Zribi, Fadhel Abdelkefi et Néji Jalloul ou s'il va chambarder son équipe ministérielle en y injectant plusieurs nouveaux visages qu'il considère comme «les hommes et les femmes de la nouvelle étape, ceux et celles qui ont la compétence nécessaire et le savoir-faire indispensable pour gagner la bataille nationale contre la corruption». Jusqu'à hier soir, Ennahdha était toujours attaché à ce que Youssef Chahed se contente d'un remaniement à trois ministres (les ministères vacants), alors que Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif de Nida Tounès, campe toujours sur sa position initiale (une position qu'il rappelle à un rythme quasi quotidien sur son compte facebook), celle d'exiger que son parti se taille la part du lion dans le remaniement ministériel qu'il veut aussi élargi que possible. A l'opposé, Ennahdha cherche par tous les moyens à ce que le remaniement ait lieu après les municipales, c'est-à-dire en fonction des résultats auxquels les élections aboutiront et comme les nahdhaouis «sont convaincus qu'ils vont remporter les municipales, ils ne se résoudront pas à accepter le remaniement tel que planifié par Youssef Chahed sous la supervision du président Caïd Essebsi qu'à la condition que leurs demandes soient satisfaites», comme le soulignent les observateurs approchés par La Presse. Les mêmes observateurs se posent aussi la question suivante: «La rencontre Caïd Essebsi-Ghannouchi, hier, au palais de Carthage est-elle un signe selon lequel le froid ayant marqué les rapports entre les deux hommes tout au long du mois d'août dernier s'est évaporé et qu'en septembre on a décidé d'oublier ce qui s'est passé en août ?».