Par Kamel GHATTAS Les compétitions entrant dans le cadre du championnat national de handball ont démarré mercredi. Un démarrage qui, pour une fois, ne présente pas le Club Africain et l'Espérance Sportive comme principaux favoris aux côtés de l'Etoile du Sahel. Il est évident que ce ne sont là que des pronostics d'avant-saison, découlant d'une observation quelque peu superficielle de l'effectif appartenant aux différentes formations. Les performances réalisées par les cadets et juniors provenant de ces équipes au niveau international plaident en faveur d'une rapide reconstitution de l'effectif. Une régénération qui permet le renforcement de la base d'une remarquable pyramide. Un ami technicien algérien de passage à Tunis nous avait confié que «le handball tunisien est difficile à observer, étant donné le très large éventail de joueurs qui peuvent sans crier gare se retrouver parmi l'équipe type. C'est ce qui fait la différence avec les autres pays africains qui usent jusqu'à la corde leur formation, et hésitent à remanier leurs effectifs faute de joueurs immédiatement utilisables». En effet, aussi bien le Club Africain que son rival éternel l'Espérance participent avec des équipes complètement rénovées à la suite des nombreux départs enregistrés dans leurs rangs. Presque tous leurs internationaux seniors ont pris le large et les équipes françaises les ont accueillis les bras ouverts. Pas pour leurs beaux yeux, mais bien pour la qualité de leur formation, pour leur marge de progression et pour le plus qu'ils sont capables d'amener dans leurs valises. Nos techniciens, eux, partent vers l'Arabie Saoudite ou le Qatar qui demeure une des principales destinations, étant donné les résultats conséquents et l'impact laissé par ces purs produits des écoles tunisiennes. Ces départs, pour une fois, sont totalement positifs. En effet, devant le peu de cas que réserve la tutelle au handball qui se trouve à chaque saison dans l'obligation de « mendier » sa subvention de fonctionnement, les possibilités de gravir rapidement les échelons sur le plan international s'en trouvent fortement compromis. Au risque de nous répéter, le handball représente la seule alternative pour voir un sport collectif tunisien se classer parmi les premières nations du monde. Mais il lui faut des moyens financiers pour pouvoir prendre part à tous les tournois qui comptent dans le monde. Notre équipe nationale est heureusement appréciée à sa juste valeur et les invitations ne manquent pas, mais c'est au niveau de la préparation que les choses demeurent à la merci de l'humeur des uns et des autres. L'épisode du choix du sélectionneur est encore vivace, et si nous comprenons les désirs de faire des économies au vu de la situation économique et financière du pays, nous devons quand même reconnaître que certaines contraintes et obligations sont incontournables, à moins d'accepter de se replier sur soi et de se contenter de vagues places d'honneur, que le handball tunisien est largement capable de dépasser moyennant des moyens plus conséquents. Heureusement, que cette émigration massive a du bon : nos internationaux, il y a bien toute une équipe avec des remplaçants qui est à l'étranger, évoluent dans des conditions idéales, au sein de formations de premier plan. Ils sont encadrés par des techniciens de valeur et leur préparation est plus que satisfaisante. Ces départs ont permis de dégager des places pour que les jeunes puissent percer plus vite, mais représentent quand même un véritable danger pour l'effectif global de nos sélections. Les pays moins nantis et qui ne possèdent pas nos moyens pour régénérer et enrichir leurs effectifs sont à l'affût : ils guettent ces opportunités et offrent des ponts d'or pour les naturaliser. Il faudrait donc les protéger et éviter de voir se renouveler des départs que nous avons regrettés. Gérer cette abondance devient par voie de conséquence une des urgences du handball national et la Fthb, qui a été déjà roulée dans la farine il y a quelques années, ne devrait pas se laisser faire pour la protection de ses joueurs. Quant aux techniciens (bon nombre d'entre eux cherchent encore du travail), les écoles qui les ont formés sont capables d'en sortir davantage. Leurs départs constituent une forme de coopération que le sport tunisien peut se permettre d'allouer au bénéfice de toutes les parties prenantes.