Quelque mille participants tunisiens et étrangers, dont des experts internationaux et des personnalités politiques, prendront part aux débats sur la décentralisation. Deux indices seront publiés, celui de l'attractivité régionale et de la digitalisation, outre les résultats des études qui donnent des éclairages sur les besoins et les spécificités des régions. L'Institut arabe des chefs d'entreprise (Iace) organise les 8 et 9 décembre prochain la 32e édition des « Journées de l'entreprise » à Sousse et l'on a confirmé la présence de quelque mille participants dont des Tunisiens et des étrangers. L'ouverture de ces journées sera assurée par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et ce, en présence du vice-Premier ministre libyen, Ahmed Miitig, l'ex-ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, qui assisteront la veille des journées à un débat sur la thématique de la décentralisation, et ce, en partenariat avec la chaîne France 24, apprend-on. Les journées, concoctant plusieurs panels, verront la participation de politiques nationaux et internationaux, dont l'ancien ministre de la Planification et des Politiques économiques du Costa Rica, outre un grand nombre d'experts internationaux, notamment économiques, ainsi que des dirigeants et des décideurs des deux secteurs public et privé. Le thème de cette édition des journées de l'entreprise sera : « L'entreprise et la décentralisation : dynamique et opportunités », et ce, en concordance avec l'actualité nationale et en prévision des élections municipales et l'adoption du code des collectivités locales. Le président de l'Iace, Ahmed Bouzgenda, a précisé, hier lors d'une conférence de presse, qu'au cours de l'événement, deux indices seront publiés, à savoir l'indice d'attractivité régionale et l'indice de digitalisation des régions, outre les résultats des études menées par le think tank et qui sont relatives au thème des journées et qui ont été élaborées par l'unité de recherche et d'études de l'Iace. La décentralisation, processus et impact Ahmed Bouzguenda estime que ce sera une bonne opportunité puisqu'on parle de développement régional et il y a des disparités régionales, ainsi la décentralisation pourra être un levier économique pour les régions. On va parler aussi de l'environnement des affaires et chaque région peut s'orienter vers des choix et ce en relation avec sa communauté. Et quand on parle de décentralisation, les élus locaux veulent faire beaucoup de choses dans leurs régions et on va voir comment financer cela en relation avec, entre autres, la fiscalité locale pour que cette dernière ne devienne pas un handicap au développement de l'entreprise. On va voir donc quel équilibre garder pour avoir un environnement d'affaires attrayant et une fiscalité locale qui permette le développement des projets régionaux et locaux. D'autres aspects seront traités comme celui de métropoles et des zones frontalières. Nous avons vu dans des expériences d'autres pays que la décentralisation a permis l'émergence des métropoles qui ont été elles-mêmes des locomotives du développement économique, que ce soit à l'échelle régionale ou nationale à l'instar de la ville de Lille ou de Lyon en France. Une qui a son poids en France et l'autre s'est forgé une place dans toute la région avec des perspectives importantes avec la Suisse et l'Italie. Pour nous aussi, cette tendance est envisageable, à l'instar de la ville de Tabarka ou Ben Guerdane qui peuvent se développer d'une manière extraordinaire vers l'Algérie pour la première et vers la Libye pour la deuxième. De par notre rôle de think-tank, nous voulons attirer l'attention sur ces enjeux. Aussi, nous voulons passer un message quant à la patience que ce processus de décentralisation nécessite pour qu'il réussisse, lui qui n'est pas une finalité. Cela prend du temps et il faut bien évaluer ce processus. La loi des collectivités locales doit tenir compte de ces facteurs et d'autres facteurs comme l'impact administratif dont notamment l'interactivité avec les représentants de l'Etat tels que le gouverneur. Il va falloir voir comment réorganiser les services administratifs dans les régions. Tous ces sujets seront débattus lors des différents panels programmés. Lecture critique du code Majdi Hassen, directeur exécutif de l'Iace, a insisté, pour sa part, sur l'impact de la décentralisation sur les jeunes entreprises et entrepreneurs, ce qui sera le sujet de l'un des six panels programmés durant les journées. Aussi, il a évoqué une étude critique du code des collectivités locales qui sera présentée lors de l'événement. Un deuxième panel traitera de l'environnement des affaires locales et les relations, de délégation de pouvoir aux pouvoirs locaux ainsi que les élus du peuple. Hassen a indiqué qu'une étude est en train d'être menée avec la Banque mondiale autour de la chaîne de valeur et la chaîne de valeur locale. La pression fiscale et la clé de répartition seront l'objet d'un autre panel alors que le fonds dédié aux collectivités locales est sujet d'étude pour le métamorphoser avec une nouvelle vision, des revenus et des attributions... En outre, on va débattre des collectivités locales dites à caractère spécial. Le dernier panel des journées sera dédié au dialogue social et une question s'impose : verra-t-on un dialogue social national et un autre régional ? Les études de l'Iace, comme l'a précisé Ahmed Bouzguenda, son président, apporteront des réponses et des lectures alors que, lui, il affirme que le processus de décentralisation nécessite de la patience et de l'évaluation pour ne pas manquer la marche d'un processus qui va devoir donner de l'élan au développement régional.