Concert «Musique de chambre» présenté, mardi dernier à la salle Le Quatrième Art, par l'Orchestre symphonique tunisien dirigé par le maestro Hafedh Makni, avec à l'affiche les solistes Emira Dakhliya (soprano), Aymen Dhaker, Hakim Guettat et Youssef Brini au violon, Mohamed Amine Ben Smida au violoncelle et Wassim Makni aux percussions. Encore une belle soirée musicale sous le signe du lyrisme et de la beauté avec le rendez-vous mensuel de l'Orchestre symphonique tunisien, sous la houlette du maestro Hafedh Makni, qui s'est renouvelé mardi soir à la salle Le Quatrième Art à Tunis. Voilà un concert vivant, marqué du sceau de la jeunesse et de son bouillonnement discipliné, encadré par un chef d'orchestre qui a littéralement porté à bout de bras ses musiciens, les poussant à se surpasser. Certainement après de rudes répétitions, mais également par son attention sur scène, par sa direction et par ses mouvements, autant enflammés que précis, il a réussi à transcender les qualités individuelles de chacun des musiciens, pour en faire une entité, débouchant sur une prestation d'ensemble de qualité supérieure, tant l'exécution était belle et juste. De jeunes interprètes pleins de talent, donc, un programme riche, original, intelligemment construit, rassemblant des œuvres majeures allant des plus classiques aux plus contemporaines, des plus connues aux plus rares et un public nombreux, averti et conquis, un tout qui a contribué à la réussite du concert. Les solistes qui se sont distingués lors de ce concert, citons : Emira Dakhliya (soprano), Aymen Dhaker, Hakim Guettat et Youssef Brini au violon, Mohamed Amine Ben Smida au violoncelle et le plus jeune d'entre eux Wassim Makni aux percussions, nous ont offert, tour à tour, de belles et infaillibles interprétations de morceaux du répertoire classique et contemporain qui leur ont permis de déployer toute la palette de leur talent. Cette fraîcheur des jeunes interprètes seyait très bien au programme fort alléchant de la soirée qui a débuté par une magnifique exécution orchestrale de la «Sinfonia al Santo Sepolcro» de A. Vivaldi, avant d'enchaîner avec d'autres chefs-d'œuvre, de sublimes tableaux sonores dont les nuances sont stupéfiantes : Liebsleid de F.Kleisler, avec les cordes soyeuses du violoniste Hakim Guettat, suivies de la « Sicilienne» de M.T. Paradis et Le Cygne de C. Saint Saëns avec Mohamed Amine Ben Smida, qui, de son violoncelle vibrant, les phrases sonores se répondaient et s'entrelaçaient avec celles des autres instruments de l'Orchestre dans un dialogue fervent et finement réactif. Il en est de même pour les virtuoses du violon Youssef Brini dans le «Rondo» de F. Schubert et Aymen Dhaker dans les «Danses roumaines» de Mohamed Makni, une harmonie irréprochable aux sons exquis des cordes graves, et des exécutions irréprochables qui ont contribué à la réussite de ces dignes interprétations. De son côté, la soprano, à la voix de velours, Emira Dakhliya était toujours aussi éblouissante dans ses interprétations. Dans «Che faro senza Euridice ?», de C.W.Gluck, la «Sérénade» de Schubert et «Crude furie deghli orridi abissi» de Haendel, sa voix fluide se veloutait et s'épanouissait en des aigus de plus en plus aériens qui ne laissaient jamais indifférent. Transporté, le public les a ovationnés longuement, s'émerveillant de voir, entre ces jeunes virtuoses, un plus jeune encore, Wassim Makni, qui nous a interprété deux petites perles d'humour musical : «The Entertainer» composée par Scott Joplin en 1902 et qui grâce au film «L'Arnaque» devenait le tube populaire des années 70, suivie de «The Typewriter» (La machine à écrire), une pièce du compositeur américain Leroy Anderson (1908-1975) datant de 1950. Elle a été employée par l'acteur et comique américain Jerry Lewis dans un de ses sketches. Elles ont été interprétées avec talent par le jeune virtuose qui s'est habilement servi d'une ancienne machine à écrire et de diverses percussions. Tout en générosité conquérante et richesse dynamique, l'Orchestre donnait de merveilleuses relectures de la Symphonie 1er mouvement de W.A. Mozart et «Te Deum» de M.A. Charpentier puis changement de cap avec des pièces contemporaines, nuancées et dynamiques «Travel in style», «Madame Cole», «Wild West Shaker», «Sarabande», «Music from outer space» et «Jamaican Rumba» de T. Osborne. Sans oublier l'incontournable «Adagio» de T. Albinone, qui couronnait en beauté cette partie contemporaine. Un moment magique d'émotion a été offert à travers cette œuvre absolument splendide et exaltante. Le programme de la soirée s'est achevé tout en beauté à la manière dont il a commencé, le Cocktail Offenbach a réuni tous les instrumentistes dans un magnifique moment de partage et de complicité.