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Qui veut jouer au Néron ?
Dérives des mouvements de protestation
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 01 - 2018

Que peut faire un gouvernement qui a hérité d'un lourd passif, dénué de moyens face à une telle situation qui devient de plus en plus préoccupante ? Les troubles incontrôlés ne résoudront rien, ils contribuent plutôt à éparpiller les efforts des forces de l'ordre et de l'armée. Les appels à la sédition ne pourraient que mener à l'inconnu. Seules les idées constructives diminuent «l'impact des forces destructrices».
La Tunisie connaît ces derniers jours des mouvements de protestation qui ont, pour la plupart, dégénéré en affrontements entre les manifestants et les forces de police. Ils se multiplient et se propagent à la tombée de la nuit pour toucher plusieurs régions du pays. Belle aubaine pour les casseurs, les braqueurs, les pilleurs et pour les voleurs qui convoitent autant les proies parmi les personnes que les biens publics et privés pour se rassasier. Ils ciblent les magasins, les agences bancaires, les recettes des finances, les dépôts municipaux et les postes de police et de la garde nationale. Le bilan est assez lourd avec notamment la blessure par projectiles de plusieurs dizaines de policiers et le saccage et la destruction de beaucoup de biens et l'arrestation de plus de 200 individus.
Sur fond de contexte social difficile
Ces mouvements surviennent sur fond de contestation de la cherté de la vie en raison de répercussions de la loi de finances qui a engendré des hausses des prix de plusieurs produits et dans un contexte social difficile marqué notamment par un rebond de l'inflation — 6,4 % en glissement annuel — et une crise économique aiguë avec ses effets délétères sur les équilibres financiers. Le déficit budgétaire a atteint 6.1% du PIB et la dette publique frôle le seuil de 70%. Ce qui a amené le gouvernement à augmenter la ponction fiscale pour éviter de recourir encore à la dette extérieure.
Le budget de 2018 est le budget de l'austérité et du serrement de la ceinture pour le gouvernement. Youssef Chahed a reconnu que la loi de finances de 2018 est difficile mais elle est, selon lui, « nécessaire pour freiner la spirale de l'endettement et contenir le déficit dans des proportions raisonnables ». Mais il a promis que « cette année sera la dernière année difficile et il y a beaucoup de chiffres positifs qui promettent un meilleur avenir ». De son côté, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a admis que « le budget 2018 contient des mesures douloureuses, mais il n'y a pas d'autre solution devant le gouvernement».
La rue porteuse de tous les dangers
Toutefois, l'opposition, non convaincue par les mesures jugées draconiennes contenues dans la loi de finances, a appelé à la faire tomber par la rue après avoir échoué à la contrer à l'Assemblée des représentants du peuple. Le Front populaire (FP), qui « soutient les mouvements de protestation contre la loi de finances », considère que la politique du gouvernement tend à « appauvrir le peuple et l'économie nationale ». Il a appelé par la voix de son porte-parole Hamma Hammami, au cours d'une conférence de presse tenue mardi 8 janvier, à la formation d'un « large front civil, politique et social pour mettre fin à ces politiques d'appauvrissement et abroger les mesures douloureuses prévues par la loi de finances ». Ce discours se trouve relayé par un mouvement de jeunes créé spécialement à cet effet. « Fech Nestannew » (Qu'est-ce qu'on attend ?), mobilise par le biais des réseaux sociaux en lançant des appels aux rassemblements, notamment dans les régions et les quartiers chauds, pour exiger l'annulation des augmentations des prix et le rejet pur et simple de la loi de finances. « Ni peur, ni terreur, la rue appartient au peuple », ont-ils scandé. Or la rue est porteuse de tous les dangers. Les mouvements, même encadrés, ne sont pas à l'abri de dérapages, que dire alors lorsqu'ils sont « spontanés » et se déroulent la nuit. Plus grave encore, des députés ont « légitimé » les protestations nocturnes et certains d'entre eux se sont même rangés du côté des casseurs, justifiant leurs actes et promettant des « larmes et du sang pour l'année 2018 ». D'aucuns se demandent si ce genre de discours virulent, cet acharnement contre la loi de finances ne seraient pas un simple alibi pour réaliser des objectifs déjà avoués, comme le fait de faire tomber le gouvernement ou de faire pression pour anticiper les élections présidentielle et législatives. Sinon qui veut faire entrer le pays dans une phase de turbulences sociales et jouer les « Néron » pour tout brûler ?
Les campagnes menées contre les forces de police sont du genre à saper le moral des troupes qui sont en guerre ouverte contre le terrorisme et qui en sont les premières victimes. Il est évident que nulle institution n'est censée être au-dessus de la critique, mais si cette critique procédait d'une intention malveillante de quelques esprits étriqués, elle deviendrait démobilisatrice. Que pourraient faire les policiers en temps d'émeutes si ce n'est défendre les vies humaines et les biens publics et privés. Les accusations gratuites, les critiques acerbes et les calomnies ne pourraient que profiter aux ennemis communs, les terroristes et les criminels de tout acabit.
Menaces sur le pays
Et si le chef du gouvernement Youssef Chahed a fustigé ces campagnes incontrôlées promettant que la loi sera appliquée avec rigueur contre les contrevenants, le secrétaire général de l'Ugtt, Noureddine Taboubi, n'a pas mâché ses mots en dénonçant « les actes de violence et de pillage qui portent atteinte aux institutions publiques et privées, se prononçant pour des mouvements pacifiques et encadrés ». Il a fustigé les pratiques utilisées par les manifestants en affirmant que la centrale syndicale « n'acceptera, sous aucun prétexte, qu'en pleine nuit les manifestants se transforment en pilleurs des biens de l'Etat. On ne peut qualifier ces actes de militantisme social ou de revendications légitimes ».
Pendant ce temps, la classe politique s'enfonce de plus en plus dans les palabres et les tiraillements. Ce qui a conduit au déchirement et à la division de la société menacée par des dangers internes et externes et fragilisée par des dissensions.
Ces mouvements de protestation mettent sous pression le gouvernement dont la marge de manœuvre se trouve réduite en raison du manque de solutions. Il est la cible de critiques souvent acerbes et parfois dans des mots crus. Ceux qui veulent sa peau ont-ils des solutions de substitution ? Certes, il n'est pas exempt de reproches, mais ce serait injuste que de lui faire assumer à lui seul la responsabilité de la crise actuelle et tous les problèmes et les tares de la société. Il se trouve en butte à des problèmes monstres, pour la plupart insolubles, et doit répondre aux revendications de toutes les franges de la société. Revendications tout à fait légitimes et qui ne datent pas d'aujourd'hui. Les raisons qui ont poussé les jeunes Tunisiens à se soulever se sont approfondies : chômage, précarité, pauvreté et disparités régionales n'ont pas reculé.
Que peut faire un gouvernement qui a hérité d'un lourd passif, dénué de moyens face à une telle situation qui devient de plus en plus préoccupante ? Les troubles incontrôlés ne résoudront rien, ils contribuent plutôt à éparpiller les efforts des forces de l'ordre et de l'armée. Les appels à la sédition ne pourraient que mener à l'inconnu. Seules les idées constructives diminuent «l'impact des forces destructrices».


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