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Entre mémoire de l'horreur et crainte de l'avenir
Japon — Menace nucléaire et voisinage
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 01 - 2018


Par notre envoyé spécial au Japon Karim Ben Said
Les yeux tristes mais pleins d'amour et d'espoir, Keiko Ogura, une survivante de l'apocalypse, nous reçoit à l'entrée du Musée du mémorial de la Paix de Hiroshima. Dans le hall, une horloge. En haut, elle affiche 26 431 jours, soit le nombre de jours passés depuis que les Etats-Unis ont lâché, le 6 août 1945, la bombe A sur la ville japonaise de Hiroshima. Juste en bas, l'horloge affiche le chiffre 105. C'est simplement le nombre de jours écoulés depuis le dernier essai nucléaire.
Plus de 72 ans après Hiroshima et Nagazaki, qui ont fait des centaines de milliers de victimes, il semble bien que la menace nucléaire persiste, à seulement 1.000 km des côtes nippones.
Keiko Ogura a à peine 8 ans lorsque survient l'attaque nucléaire d'Hiroshima. Bien que sa maison soit éloignée de l'épicentre de la bombe, le souffle de l'explosion était tellement violent qu'elle avait été renversée à terre et avait perdu connaissance, alors qu'elle se trouvait dans la rue à proximité de la maison. Le souffle de l'explosion avait également brisé les vitres et provoqué un début d'incendie dans la maison.
En fait, Keiko Ogura fait partie des chanceux. «Je me suis longtemps demandé pourquoi j'ai été épargnée, mais maintenant je sais que ma mission est de témoigner de l'épouvante», nous confie-t-elle. Quelques heures après l'explosion, la ville était un véritable brasier. Keiko Ogura se souvient des corps calcinés des victimes, mais se souvient surtout de ces gens qui n'avaient visiblement rien, mais qui agonisaient, qui ne demandaient qu'à boire. «Je me souviens particulièrement d'une personne à laquelle j'avais donné de l'eau, et qui est morte immédiatement après. Les autorités ont expliqué par la suite qu'il ne fallait pas donner de l'eau, car cela les achevait. Pendant longtemps, j'ai fait des cauchemars, où je voyais ces enfants qui me demandaient de leur donner de l'eau, et j'avais l'impression que c'était moi qui les tuais».
72 ans après le drame, c'est avec la même émotion que Keiko Ogura raconte le cauchemar des habitants. Se trouvant sur la colline qui entourait Hiroshima, son frère a pu tout voir dès le début, cette lumière blanche surgit du ciel qui a détruit la ville.
Le musée, visité chaque année par des milliers de personnes, témoigne de l'atrocité qu'a pu vivre la ville. Dans certains cas, la puissance de l'explosion était telle que les ombres des personnes tuées étaient restés figées, et on pouvait les voir, sur des photos surréalistes conservées par le musée.
Au fur et à mesure que nous avançons dans le musée, nous nous rendons compte de l'épouvante qu'ont pu vivre des citoyens, victimes à la fois de la politique extérieure de leur pays (dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale) et de l'acharnement des Américains. Ici, un petit vélo, un simple petit vélo complètement calciné qui rappelle que des milliers d'enfants sont morts.
«Lorsque je suis allé aux Etats-Unis, j'ai pu rencontrer des officiers américains à la retraite. C'était une rencontre pleine d'émotions, nous raconte Keiko Ogura. Ils pleuraient et ils me disaient qu'ils ne connaissaient absolument pas l'étendue de la destruction que pouvait engendrer Little Boy (nom de code de la bombe A)».
Si la ville de Hiroshima a su renaître de ses cendres et panser ses plaies, les rescapés, eux, n'oublieront jamais. Le vœu de Keiko Ogura, ou plutôt son combat, c'est de laisser un monde dénucléarisé aux générations futures. Ni aux autres, ni à son propre pays, elle ne cautionne l'usage du nucléaire, y compris le nucléaire civil : «Dire que l'on possède des armes nucléaires que l'on n'utilisera pas est quelque chose que je ne peux pas croire, indique-t-elle. La simple existence de ces armes sur terre nous terrorise».
Elle appelle les peuples du monde à unir leurs forces pour éradiquer les armes nucléaires de la planète.
Corée du Nord... une menace réelle
A 1.000 km de Tokyo pourtant, la menace est bien réelle. Le 6 septembre 2017, la Corée du Nord annonce le succès d'un nouvel essai nucléaire. Malgré les mises en garde de la communauté internationale et les nombreuses sanctions de ses voisins, la Corée du Nord persiste à aspirer à devenir une puissance nucléaire. Une puissance forte de plus d'un million de soldats, 780 navires de guerre et 560 avions de combat. Des chiffres impressionnants que seule la Chine peut concurrencer. A titre d'exemple, la Japon a une armée de 140.000 soldats, 134 navires de guerre et 400 avions de combat. Avec des missiles ayant une portée de plus de 5.500 km, le Japon et la Corée du Sud s'inquiètent.
Le Premier ministre nippon Shinzō Abe a, à plusieurs reprises, exprimé sa volonté de voir la communauté internationale «maximiser sa pression contre la Corée du Nord». Le Japon regrette en effet que les tentatives de résoudre pacifiquement le problème nord-coréen aient toutes échoué. Dans cette quête, Shinzō Abe en appelle notamment au soutien de la Chine, en lui demandant davantage de mesures coercitives à l'égard du régime de Pyongyang.
Officiellement, tout comme le Japon, la Chine souhaite la dénucléarisation de la Corée du Nord, conformément aux résolutions de l'ONU allant dans ce sens. Mais, sur le terrain, la Chine est perçue comme le principal, voire l'unique soutien du régime de Kim Jong-un. La Chine vote en effet les sanctions contre la Corée du Nord, mais rechigne souvent à les appliquer. Certains spécialistes affirment que la Chine aurait besoin de stabilité à ses frontières pour ne pas mettre en péril son économie.
Chine et Japon : une relation ambiguë !
Depuis la normalisation de leurs relations en 1972, la Chine et le Japon entretiennent des relations ambiguës. Soucieux lui aussi de ne pas déstabiliser la région, le Japon considère sa relation avec la Chine comme nécessaire «pour maintenir la stabilité et la prospérité de la région de l'Asie Pacifique». Ces deux pays portent d'ailleurs une grande responsabilité dans ce sens.
Mais, malgré certaines positions stratégiques communes, la Chine et le Japon ne sont pas forcément toujours en bons termes. Depuis 2008, les navires chinois s'introduisent régulièrement dans les eaux territoriales du Japon. Le Japon a ainsi répertorié 202 intrusions, sans compter une intrusion le 13 décembre 2012 dans ce que le Japon considère comme son propre espace aérien. En cause, les îles Senkaku (îles Diaoyutai pour les Chinois) et les îles Takeshima, qui sont disputées depuis plusieurs années entre les deux pays. Le Japon estime pour sa part que les intrusions sont une provocation, mais ne souhaite pas envenimer la situation avec la Chine.
De plus, le Japon reproche à la Chine d'accélérer le développement des activités d'exploitation des ressources naturelles. Dans l'est de la mer de Chine, le Japon affirme l'existence de 16 structures du côté chinois dans la zone géographique équidistante entre le Japon et la Chine.
A maintes reprises, le gouvernement japonais a demandé à la Chine de «cesser ses activités unilatérales et de se remettre à la négociation le plus rapidement possible».
Pour autant, les deux pays les plus importants de la région continuent à tenter de coopérer. En fait, la Chine et le Japon, au regard des menaces qui pèsent sur eux, n'ont d'autre choix que de renforcer leur coopération.


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