Meilleur buteur du championnat à deux reprises 1970-1971 (avec 17 buts) et 1973-1974 (avec 16 buts), l'ex-redoutable attaquant de l'Etoile fut à la fois la coqueluche des supporters étoilés et l'une des vedettes de la fameuse équipe sahélienne qui a tout ravagé. Son talent et son influence sur les résultats de son équipe ont été évidents. Cet attaquant s'est révélé très tôt tant son rayonnement footballistique était imposant et ses ambitions conformes aux exigences de la performance. Adhouma —le Gerd Muller tunisien— c'est la technique pure, la force de pénétration, le sens du but également, l'art de la dernière passe. «J'ai découvert le football dans le quartier de Bathat El Hammam, fief de mon apprentissage et de mon épanouissement footballistique. J'ai été repéré par le légendaire Habib Mougou. Mais il a fallu le consentement de mon père pour que je signe à 12 ans ma première licence avec l'Etoile. A cette époque-là, le mérite de Hamadi Mestiri et Abdelhamid Limam étant grand, surtout qu'ils étaient des dirigeants dévoués et responsables. Mais je vais vous surprendre en vous révélant que j'ai commencé ma carrière comme gardien. Il a fallu un concours de circonstances pour que je devienne attaquant. On organisait des matches à la Corniche et on me faisait jouer avec les grands comme attaquant. Et vite, les deux entraîneurs Hsouma Denguezly et Abdelhamid Ben Amor m'ont encouragé pour m'évaluer comme attaquant. Ils ont réussi à déceler mes grandes potentialités pour réussir un premier match avec les seniors face au CSS à la finale de la coupe Hédi-Chaker en 1970. J'ai réussi à marquer mon premier but avec l'ESS mais j'ai raté un penalty au cours de cette rencontre. Ce fut le déclic pour entamer une belle carrière avec le club étoilé. J'étais bien entouré par Habacha, Bicha, Ben Amor, Chetali, Jenayah». Adhouma bénéficie dès lors d'une grande sollicitude de la part de ses entraîneurs (Drenovac, Paramanov, Chetali, Habacha) et de ses dirigeants (Hamadi Driss, M'hamed Driss, Hédi Mlika, Abdelhamid Mlika, Abdelhamid Limam et Hamadi Mestiri). Il a réussi à devenir le nouveau baroudeur de l'ESS et de l'équipe de Tunisie. «La période 1970-1975 fut dotée de plusieurs titres nationaux. Le seul objectif qui comptait pour moi, c'est d'aider l'Etoile à conquérir les titres et les coupes de Tunisie. J'ai réussi à avoir le titre de meilleur buteur à deux reprises en 1971 (17 buts) et 1974 (16). Mais ma déception était grande lorsque j'ai été expulsé injustement par l'arbitre Touati au cours du match de Coupe de Tunisie face à l'EST à Sousse. Certes, nous avons gagné par 4-2 mais cette expulsion m'a fait perdre le titre de meilleur joueur avec le Soulier d'Or, et ce, également pour une suspension de 4 matches. Mais la vie continue merveilleusement avec l'Etoile et l'équipe de Tunisie. Il ne faut pas oublier que nous avons terminé la saison sans la moindre défaite. En équipe de Tunisie, j'ai été avec Ben Mrad, le regretté Akid en Allemagne où nous avons pris part à des tournois de préparation. Je me suis illustré en remportant le titre de meilleur buteur. Les entraîneurs nationaux tels que Rado, Hizem et Mokhtar Ben Nacef étaient des techniciens sérieux et compétents». En effet, l'influence de ces sélectionneurs et des entraîneurs de l'ESS ont contribué à divers degrés pour que Abdessalem Adhouma (le golden boy du football tunisien) atteigne le niveau de performance qu'on lui connaît. «Ma rapidité d'exécution était due au fait que je jouais avec la balle de tennis en nocturne. Cette pratique m'a permis d'avoir le sens du but dans toutes les positions. Je n'oublierai jamais mes deux buts face au CA lors de la Supercoupe à l'occasion des festivités de 3-Août où l'ESS a battu le CA par le score de 5-2. Ce fut un match parfait pour tous les joueurs. Certes, j'ai été contacté par l'équipe française de Grenoble mais j'étais jeune et mes dirigeants ont refusé l'offre. Il n'y a aucune comparaison entre notre époque des années 60 et 70 et aujourd'hui. Comment peut-il en être autrement quand, à mon époque, nous évoluions sur des terrains battus exposés aux blessures mais rien ne nous arrêtait pour défendre les couleurs de l'Etoile sans argent rien que pour mouiller le maillot avec force et détermination. Les temps ont beaucoup changé sur ce plan». Evoquant le système de jeu entre les années 70 et maintenant, Adhouma nous signale qu'«à l'époque, les joueurs s'en tenaient à leur poste. On n'avait pas forcément des défenseurs qui se portaient à l'avant, suivant un schéma tactique bien conçu par l'entraîneur comme c'est le cas aujourd'hui avec Nagguez ou Ghazi. Le football a beaucoup évolué et, de nos jours, on en fait même des défenseurs-attaquants de métier. La conception du jeu de nos jours se fait d'une manière scientifique, c'est plus facile pour le joueur d'adhérer au schéma. Le football est basé sur le collectif et si l'ESS a bien réussi lors des dernières saisons, c'est que son collectif a bien fonctionné aussi. Certes, l'équipe ne manque pas d'individualités, mais chaque fois que son collectif faisait défaut, l'exploit individuel surgit pour surmonter le déficit sur le plan collectif. Il n'y a pas de raison avec des joueurs comme Ben Amor, Lahmar, Boughattas, et autre Bangoura que l'ESS ne joue pas pour le titre». Aujourd'hui, Adhouma se fait le témoin de l'évolution du football en Tunisie et dans le monde. Les trophées remportés par l'ESS sur les plans national, maghrebin et arabe sont de nature à le combler avec ses amis intimes tels que Habacha, Bicha, Ouahchy et Hamadi Mestiri. Il aurait souhaité vivre le professionnalisme pour se soustraire aux soucis que lui procure épisodiquement sa retraite —bien remplie— après avoir vécu quand il était joueur les aléas et les incohérences de l'amateurisme.