Les courbes ne se sont pas encore croisées, mais la dynamique est désormais clairement favorable aux Clubistes qui viennent d'enchaîner cinq victoires. Pas le temps de se relâcher côté clubiste. Après avoir tenu le choc face au leader, les hommes de Marchand s'apprêtent à renouer avec le grand huit de la Coupe de Tunisie face au cendrillon de cette compétition, la surprenante équipe de Sebikha. Pour le tenant de Dame Coupe, les progrès de l'équipe sont indéniables, même si le jeu manque encore d'esthétique au profit de l'efficacité, de l'engagement physique et de l'état d'esprit. Le match des milieux-relayeurs face au leader témoigne d'ailleurs de ce mental positif dans les rangs clubistes. A l'inverse maintenant, les attaquants n'ont pas vraiment été à la hauteur de ce grand format même si le travail de sape entrepris a donné ses fruits. Cependant, le football moderne est tel, qu'actuellement, la force d'un onze ne doit pas être trop focalisée sur sa ligne d'attaque au détriment de sa force collective. L'Espérance l'a forcément apprise à ses dépens, puisqu'à l'exception d'Anis Ben Htira, un poison pour les défenses adverses, cette sorte d'addiction à ses étoiles offensives a quelque peu été néfaste pour l'EST face au CA. Sans être transparent mais plutôt discret, Taha Yassine Khenissi a raté le coche à deux reprises. A l'Espérance, il y a plus d'un ou deux tauliers par ligne de jeu. Et quand l'un ou plutôt deux de ces cadres ne sont pas dans leur meilleur jour, le reste de l'équipe ne peut pallier certaines carences. Sur ce, cet épilogue «positif» pour le CA ne sera pas coutumier à chaque match moyen des joueurs adverses. Sauf que l'opportunisme clubiste fait tout de même office d'un sérieux avertissement pour l'équipe d'en face. Chaque distraction sera payée cash. A ce niveau ça ne pardonne pas. Pour le technicien clubiste, le mental est primordial pour se hisser à la hauteur de l'événement. Quand on joue un gros bras, il faut y aller sans hésiter. Et c'est ce qui a payé à terme depuis peu (5e succès de rang). Un CA en dedans même face à un adversaire combattant peut forcer la décision à tout moment ! Il n'est pas seulement question ici de parler de plan de jeu défaillant ou payant. Mais de stimuler ses troupes et les garder sur le qui-vive. Car un grand format, c'est avant tout une ambiance électrique et des joueurs (les 22 acteurs) agressifs. Le postulat de base Souvent, au cours d'un duel au sommet, la victoire s'arrache au bout du suspense, au bout de l'effort. C'est une affaire d'implication, de don de soi, de solidarité et de générosité. Dans un grand format, on n'est pas là pour faire des câlins ! Un certain Wissem Ben Yahia, vieux routier du derby, l'a bel et bien assimilé à la perfection. Outre le fait qu'il a fait «exploser» le bouillant cocon de Radès en ouvrant le score, sur une tête rageuse, la sentinelle clubiste a ensuite enchaîné anticipation au milieu et démonstrations d'autorité, le tout parfois en une seule action. N'oublions pas que face à un leader qui a douché d'entrée l'enthousiasme de Radès, le précieux but de Ben Htira a tout simplement remis en selle un CA qui avait jusque-là rarement réussi à perforer la défense adverse. Et aux «sénateurs» clubistes de se réveiller par la suite. Avec ce coup franc magistral plein d'adresse et de finesse, Tijani Belaïd a mis l'adversaire à genou, alors qu'en même temps, Bertrand Marchand a lâché les chevaux ! Terrible pour l'EST qui semblait avoir les moyens de contenir les Clubistes. Avec cette 5e victoire de rang, le CA revient de loin. De l'ambiance morose, proche de la sinistrose, il est passé à autre chose. Décidément, l'espoir fait vivre pour un club miné il y a peu par des conflits en interne. Ce qui a déteint sur le terrain où se produisait le onze clubiste. Un onze souvent amorphe qui se faisait surprendre par l'enthousiasme et la détermination d'en face. Un onze absent dans l'engagement, totalement inoffensif et fragile avec des tauliers transparents et apathiques! Lors de la phase aller, ce CA-là n'a pas existé dans l'impact, dans les duels. En football, quand vous n'êtes pas capables de répondre présent dans le défi physique, ça devient compliqué ! Et c'est dire le défi de taille auquel était confronté le CA. Retrouver son rang et surtout assumer son statut. Jouer sa partition jusqu'au bout. Afficher une belle agressivité défensive. Soigner le positionnement lors des balles arrêtées (la nouveauté du moment). Ce match, le CA va devoir encore s'en servir de point de vue feed-back. Ce n'est pas ce que l'on peut appeler un match fondateur. Mais avec ce tempérament et cette personnalité-là, les Clubistes peuvent dorénavant s'imposer, même si tout n'aura pas été parfait au bout de ce derby intense et incertain. Maintenant, les courbes ne se sont pas encore croisées mais la dynamique est désormais clairement favorable aux Clubistes qui viennent d'enchaîner cinq victoires.