Le duel USM-EST intéresse-t-il par l'adversité qui l'a marqué et la victoire précieuse qui est revenue aux «Sang et Or» ou par les troubles dans les gradins l'ayant émaillé à en rougir ? La Tunisie vit dans un interminable marasme depuis le séismique soulèvement populaire du janvier 2011. Et ce n'est pas notre football qui se trouve épargné par ce marasme annonciateur de chaos et de désolation depuis que l'impunité est devenue le maître mot dans nos contrées. C'est du moins l'amère constatation avec laquelle on est sorti après le match qui s'est déroulé avant-hier au stade Mustapha-Ben Jannet à Monastir entre l'USMonastirienne et l'Espérance Sportive de Tunis. Ce match a été «empêché» de force d'atteindre son terme par un public local pourtant jamais habitué à ce genre d'agissements, le moins qu'on puisse dire sauvages. En effet, à la 87' et alors que l'on s'acheminait vers le coup de sifflet final du match dans lequel le score était en faveur des visiteurs «sang et or», les gradins s'enflamment et la pelouse du stade est devenue la cible de projectiles de tous genres lancés à bout portant et sur le corps arbitral et sur tout ce qui bouge. Passé le temps réglementaire de sept minutes d'arrêt de jeu, l'arbitre de la rencontre Oussama Razgallah s'est vu contraint d'arrêter le match et d'ordonner aux deux équipes de regagner les vestiaires car l'insécurité s'était bel et bien installée dans le stade. D'ailleurs, cet incident était précédé par d'autres troubles du même genre qui ont duré environ quinze minutes à la reprise du jeu, après la première mi-temps. A quand les courageuses décisions? Après ce genre de faits qui émaillent presqu'à chaque fois nos matches, peut-on pouvoir encore parler de football ou de jeu et de joueurs ? De plus, notre consternation et notre dégoût nous poussent à poser, pour la énième fois aux responsables, la question devenue débile : à quand les décisions courageuses ? Même si on connaît d'avance la réponse ou plutôt la non-réponse qui consiste en un mutisme total, un libre cours, un vandalisme tellement les mains qui étaient dans ce pays tremblantes sont devenues carrément amputées. Peut-être qu'il est écrit quelque part que nous autres Tunisiens, sommes condamnés à endurer encore cette morosité qui, tel un gros nuage noir, couvre notre ciel mondialement connu pour sa belle couleur azur. Revenons quand même au match qui a été pleinement disputé par les deux protagonistes. Aucune des deux équipes ne voulait rien concéder à l'autre car toutes les deux cherchaient à prendre les trois points de la victoire à tout prix. L'USMonastirienne voulait confirmer le fait qu'elle est un vrai casse-dents pour les visiteurs. Et l'EST voulait passer ce cap victorieusement afin de pousser ses poursuivants immédiats, l'ESS et le CA, à désespérer et à jeter les armes une bonne fois pour toutes. Et c'est ce qui fut réussi par les «Sang et Or» qui, grâce à un but entaché de hors-jeu marqué par Taha Yassine Khénissi (42'), ont atteint leur objectif. Match trop tactique D'ailleurs, l'ambiance s'est électrisée juste après le but de l'EST pour conduire le match à une fin en queue de poisson. Dans ce match qu'on croyait porteur de beau jeu et de charme, en raison du style des formations connues pour leurs généreuses initiatives offensives, la prudence a été adoptée à outrance. Les deux coachs, Khaled Ben Yahia et Skander Kasri, qui se connaissent parfaitement, ont opté pour un jeu concentré au milieu du terrain avec cadenassage de toutes les issues menant aux filets de Moez Ben Chrifia et de Makrem Bdiri. Les deux entraîneurs avaient en quelque sorte leurs raisons quant à ce choix. Pour Khaled Ben Yahia qui ne pouvait pas disposer des services de plusieurs défenseurs, la prudence lui a été imposée de fait car, face à des attaquants monastiriens dangereux, à l'image de Rafik Kabbou et Zied Soussi, il ne fallait rien laisser au hasard. Sa défense, décimée par l'absence de Chamseddine Dhaouadi, Ali Machani, Montasser Talbi et Iheb Mbarki, était chamboulée devant les Monastiriens. En effet, Khalil Chemam a été déplacé vers l'axe, Houcine Rabii a été titularisé à sa place sur le flanc gauche de la défense et le poste de stopper a été confié pour la première fois au Béninois de l'équipe espoirs Chamseddine Chawna. Ce dernier a, quand même sorti un match très honorable en se comportant comme un défenseur rompu aux grands rendez-vous. A son tour, Skander Kasri savait qu'il ne devait pas prendre trop de risques en attaque. Il savait qu'il devait, au contraire, être très vigilant devant la ligne d'attaque redoutable de l'EST qui était au grand complet avec Badri, Youssef Blaïli, Haïthem Jouini, Taha Yassine Khénissi et autres Maher Ben Sghaïer et Saâd Bguir. Du coup, le milieu de terrain, qui servait de barricades pour les deux équipes était piétiné par une forêt de jambes durant toute la rencontre ou presque. C'est ce qui a fait que les opérations offensives étaient rares des deux côtés et les occasions de but franches (excepté celle du but de l'EST) étaient tout simplement inexistantes. Bref, ce duel a accouché d'un bien petit spectacle qui rimait avec la médiocrité au niveau du jeu et qui donne froid dans le dos en ce qui concerne l'ambiance générale dans laquelle il s'est déroulé.