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Un football à haut risque
Violence dans les stades
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 03 - 2018

On cherche à voir des «stades amis», c'est pour cela qu'il faut réfléchir sur les différentes pistes à travers lesquelles on peut soutenir un football fair-play et «démocratique».
Le dernier match entre l'USMO et l'EST s'est terminé en queue de poisson. L'homme en noir a arrêté la rencontre avant la fin du temps réglementaire pour éviter le pire, ce qui a attisé encore plus le courroux du public de l'équipe locale. Comme de coutume, une erreur d'appréciation de la part du juge de touche a enflammé les gradins. La violence gagne du terrain en cette fin de saison. S'il y a un groupe comme le «Gafi» (qui a été à l'origine de l'inscription de la Tunisie sur la liste des pays à haut risque quant au blanchiment des capitaux et de l'argent du terrorisme) au sein de la Fifa, notre sport ne s'en sortira pas indemne.
Imputée le plus souvent aux erreurs arbitrales qui jouent le rôle de catalyseur dans ce contexte, la violence dans le sport, le football plus particulièrement, est plutôt perçue par les spécialistes comme un phénomène complexe nécessitant une approche globale pour la circonscrire. L'Institut tunisien des études stratégiques (Ites) s'est penché sur le phénomène de la violence en vue d'élaborer une étude sur cette question. Sociologues, cadres sécuritaires, représentants des instances sportives et des grands clubs du championnat national, arbitres, ainsi que des groupes de supporters ont pris part au débat organisé à cette occasion en guise de préambule à cette étude.
La lutte contre la violence n'est plus l'apanage de la police
Les stades sont devenus le lieu de prédilection pour «la liberté d'expression» après la révolution, c'est devenu un «défouloir» où les jeunes expriment leur colère à l'égard des sécuritaires qui représentent pour eux l'Etat. En fait, c'est une confrontation entre ces jeunes et l'Etat, a expliqué le président de l'Ites, M. Néji Jalloul. Il y a urgence à s'attaquer au grand chantier de la relation entre la police et les jeunes d'aujourd'hui. Cela ne peut occulter l'existence d'autres raisons qui incitent à la violence, à l'exemple des erreurs arbitrales, a-t-il ajouté.
Le temps est venu de trouver des solutions à ce fléau qui gangrène notre sport, selon une vision globale qui tiendra compte des volets politiques, socioéconomiques, psychologiques. «C'est un boulet qu'on traîne et c'est pour cette raison qu'on a pensé à mettre en œuvre cette étude pour apporter les solutions nécessaires. Je promets qu'on va étudier cette question sous tous les angles même au niveau de la suspicion de corruption dans le milieu sportif», a confié à La Presse M. Néji Jalloul.
Lors de son intervention dans le cadre de la conférence, il a expliqué que la police, à elle seule, ne peut gérer ce problème, d'autant plus qu'on a vu des groupes ultras s'organiser pour s'attaquer aux forces de l'ordre. Il a aussi fait allusion au départ de certains membres de ces groupes vers la Syrie où ils ont rejoint les groupes salafistes. Il faut prendre en considération ce facteur dans le cadre de l'approche analytique de ce fléau.
Appel à la création d'un observatoire pour l'éducation olympique
Evoquant les trois piliers de l'olympisme, à savoir le sport, la culture et l'environnement, le président du Comité national olympique tunisien (Cnot), Mehrez Boussayene, a souligné que la violence menace la paix sociale et la sécurité du pays. Le grand problème, selon ses dires, réside au niveau de la non-coordination entre les parties prenantes pour faire face à ce phénomène.
Il a regretté l'absence d'une approche participative dans le contexte général de la lutte contre ce fléau, notamment au niveau de notre football. La démission de l'Etat est quasi totale et il n'est plus possible pour les sécuritaires de répondre avec flegme aux actes de violence dans les stades.
Mehrez Boussayene a regretté l'absence d'une vision stratégique dans ce contexte, appelant à ce qu'il a qualifié de «trêve olympique» pour se regrouper autour de la même table, préconisant la diffusion des valeurs de l'olympisme et la création d'un «observatoire tunisien pour l'éducation olympique»
Repenser les mesures de la lutte
Farouk Kattou, secrétaire général de l'Espérance sportive de Tunis, a imputé la recrudescence de la violence dans nos stades à la démission du rôle de la famille dans la société. La situation générale qui prévaut dans le pays après la révolution n'a fait qu'augmenter les actes de violence qui ont impacté négativement les ressources financières des clubs.
Il a appelé à une révision de fond en comble de la politique de lutte actuelle selon une approche participative. «Oui pour des mesures draconiennes dans le cadre de la lutte mais non aux solutions faciles, à l'instar de l'interdiction des jeunes de moins de 18 ans. L'incidence négative de la violence sur l'image de notre pays n'est plus à démontrer», a-t-il affirmé.
Quant au représentant du Club Africain, Rchid Zmerli, il a souligné que le stade de football est considéré pour un supporter comme étant un lieu destiné à apporter le soutien et non un lieu de «loisir» et de «liberté d'expression». Il a pointé du doigt les mesures d'interdiction de certaines banderoles de la «Dakhla» et la politique frustrante de deux poids deux mesures, adoptée dans ce cadre. Des mesures qui sont de nature à envenimer la situation dans les stades et provoquer les supporters.
Rchid Zmerli a attiré l'attention des participants dans la conférence concernant l'absence de débat sur le sujet de la violence dans le sport à l'hémicycle de l'ARP. «Il faut sensibiliser encore plus sur la question de la passion dans le football», conclut-il.
L'homme en noir mis en cause
C'est un phénomène qui menace la sécurité du pays et auquel il est urgent de faire face, a commenté Jalel Krifa, représentant de l'Etoile Sportive du Sahel. Ce phénomène n'est pas un fait nouveau mais il a pris de l'ampleur après la révolution. C'est la conséquence d'un système qui a échoué. Mais il faut reconnaître qu'il n'existe pas de réelle volonté pour assainir ce secteur et qu'il y a des gens qui font la pluie et le beau temps dans le monde sportif, soutient-il.
Jalel Krifa a aussi évoqué le fait qu'on parle peu du calvaire du supporter qui prend son courage à deux mains et brave les difficultés pour accéder au stade et assister à un match de football. Les dépassements émanent aussi bien des supporters que des sécuritaires quant à l'introduction illégale des fumigènes, ce qui contribue à l'expansion de la violence.
L'arbitre qui n'est pas honnête favorise la recrudescence de la violence, notamment quand c'est l'impunité qui s'installe dans le camp de l'homme en noir. Krifa a préconisé la modification des textes de loi organisant le secteur sportif et le renforcement de l'infrastructure de base.
Toutefois, l'homme en noir est lui aussi victime de la violence dans les stades. L'arbitre Mokhtar Dabbous était d'ailleurs là pour parler de l'incroyable pression exercée sur le corps arbitral, ce qui le contraint à tomber dans l'erreur. Si on est vivant aujourd'hui, c'est grâce aux efforts des forces de l'ordre, a-t-il fait savoir.
Pour Naceur Bédoui , ancien responsable au Club sportif sfaxien, il ne fait pas de doute qu'il existe un lien entre la recrudescence de la violence et les injustices arbitrales subies par certaines équipes. Les groupes des ultras qui sont en train de se former sont là pour protéger leurs équipes de ces injustices, ce qui se traduit par des actes de violence qui donnent, avouons-le, une image relativement négative des ultras. Une image en dissonance avec les vraies valeurs du sport. Il faut donc rétablir la confiance entre les parties prenantes dans le secteur sportif en général, suggère-t-il.
L'ex-gardien du CSS a appelé à éviter les actes de violence et trouver d'autres moyens pacifiques exprimant le refus, d'autant plus que la liberté d'expression est l'un des acquis les plus précieux de la révolution.
Les sécuritaires appellent à l'extrême vigilance
La violence est un phénomène qui implique tout le monde, a souligné le colonel Mourad Rezgui, représentant des unités sécuritaires. Après la révolution, on a entamé la nouvelle expérience de la police de proximité en vue d'être plus proche du citoyen. Toutefois, la relation dans les stades est plutôt tendue entre les sécuritaires qui sont mis à rude épreuve en raison de la surcharge du travail et les spectateurs. Les sécuritaires travaillent dans des conditions très difficiles, indique-t-il. Et d'ajouter que la solution réside dans le renforcement des lois en rapport avec le secteur sportif.
Mettant en valeur les réussites des forces de l'ordre au niveau de l'organisation des manifestations sportives, le commandant Zoubeïr Ayadi a soulevé les sacrifices des policiers qui passent plus de 14 heures de travail au stade pour assurer la sécurité lors des matchs de football. Il a insisté sur une approche globale impliquant toutes les parties prenantes pour faire face à la violence et non pas se rejeter mutuellement la responsabilité, appelant à la fin à faire preuve de prudence à l'égard des tentatives de manipulation et de noyautage des groupes des ultras.
Les responsables des équipes sur le banc des accusés
La lutte contre le hooliganisme ne requiert pas seulement des mesures sécuritaires, selon les représentants des groupes des supporters qui ont appelé à favoriser le dialogue et ne pas tomber dans l'erreur de l'interdiction pure et simple qui ne peut qu'attiser la colère des supporters.
D'autres représentants des groupes ont indiqué que la confiscation des banderoles et les mesures d'interdiction ne laissent qu'un sentiment de frustration qui se mue en haine à l'intérieur des stades à l'égard des forces de l'ordre. Il faut arrêter de diaboliser les groupes des supporters qui demeurent indépendants, ont fait remarquer d'autres intervenants, répondant ainsi aux propos du représentant du ministère de l'Intérieur qui a souligné le risque grandissant des tentatives de manipulation de ces groupes.
Certains responsables d'équipes jouent un rôle primordial dans la recrudescence de la violence au lieu de calmer les esprits. Ce sont eux qu'il faut encadrer. C'est une spécificité du sport tunisien, a tenu à clarifier l'un des intervenants
Pour une nouvelle gouvernance du sport
Plusieurs intervenants ont appelé au renforcement de la loi pour faire face à la violence dans les stades. Le représentant du ministère de la Jeunesse et des Sports a justement évoqué l'étude en cours d'un projet de promulgation de la loi n°94-104 du 3 août 1994 portant organisation et développement de l'éducation physique et des activités sportives. Ce projet renforcera le volet de la prévention, a-t-il expliqué
On cherche à la fin à voir des «stades amis», c'est pour cela qu'il faut réfléchir sur différentes pistes à travers lesquelles on peut soutenir un football fair-play et «démocratique», a déclaré le sociologue Mohamed Jouili qui fera partie de l'équipe multidisciplinaire appelée à élaborer l'étude sur la violence dans les stades. Cette équipe est composée de juristes, de sécuritaires, et de sociologues qui présenteront un «policy paper» contenant des pistes d'éclairage sur ce sujet en vue d'instaurer une nouvelle gouvernance du sport tunisien et à assurer la relance du football tunisien en particulier.


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