On exige le départ de Youssef Chahed ou au moins la révocation de certains de ses ministres. Sauf qu'on oublie que le gouvernement d'union nationale est en droit de se prévaloir d'un bilan hautement positif Que Sihem Ben Sedrine accepte la décision de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et décide de plier bagage ou qu'elle s'accroche bec et ongles à son poste de présidente de l'IVD, que les experts représentant les signataires du Pacte de Carthage rendent une copie où ils ne demandent pas le départ de Youssef Chahed, que l'Ugtt fasse montre d'une trêve de déclarations incendiaires anti-Chahed, préférant communiquer avec ses bases sur les négociations salariales 2018 qui devront démarrer le 6 avril, volet secteur privé, rien n'indique pour le moment que les détracteurs du chef du gouvernement d'union nationale et aussi ses ministres ont lâché prise. Les déclarations et bien d'autres petites phrases dominent la majorité des analyses qui prétendent éclairer les Tunisiens sur leur avenir immédiat. Sauf qu'à force de donner la parole exclusivement à ceux qui sont désormais «mobilisés pour conduire la cabale anti-Chahed», on oublie que tout gouvernement a son propre bilan qui parle pour lui, bilan que l'on doit mettre en valeur afin que les Tunisiens sachent que l'équipe ministérielle actuelle a réussi à engranger quelques acquis. Et ces acquis vont de la relance de l'économie au déclenchement de la guerre contre la corruption et à sa poursuite, en passant par l'isolement des barons de la contrebande, le retour à la production de phosphate, la mise en œuvre d'une solution à la crise des caisses sociales, la mise en œuvre d'une stratégie à même de sauver les entreprises publiques, sans oublier le lancement de la révolution numérique contre la bureaucratie, le soutien n° 1 de la corruption. Faut-il rappeler à ceux qui ont la mémoire courte ou qui refusent de reconnaître la moindre réussite au gouvernement Youssef Chahed que l'équipe ministérielle actuelle, qui est à son 19e mois au pouvoir, est la première à dire haut et fort non aux dépassements et à l'arrogance des syndicalistes de l'enseignement secondaire et à la fuite en avant de leur secrétaire général Lassaad Yacoubi, qui considère qu'il n'a aucun compte à rendre à quiconque, en premier lieu à la direction centrale de l'Ugtt, obligée d'avaliser les décisions de Yacoubi et de ses amis, même si l'avenir de notre école publique est en danger (voir l'article de notre confrère Brahim Oueslati paru dans La Presse du samedi 31 mars 2018 sous le titre «Qui veut détruire l'école publique?»). Et quand le ministère de l'Education décide d'appliquer la loi à l'encontre des enseignants refusant de fournir les notes scolaires à l'administration, nombreux sont les Tunisiens qui ont salué la position du gouvernement, décidé à mettre un terme aux dérives syndicalistes. Et si l'escalade ou le bras de fer opposant les enseignants à leur ministère domine ces derniers jours l'actualité, il ne faut pas oublier ce que le gouvernement Youssef Chahed a déjà accompli dans le domaine de la lutte contre la corruption et de l'éradication de la contrebande. Beaucoup parmi les opposants soulignent que les résultats de ces deux guerres ne sont «pas à la mesure des attentes». Seulement, ils oublient que cette guerre est une guerre de longue haleine et que plusieurs pays parmi les nations développées continuent toujours à traquer «les corrupteurs et les corrompus» et à poursuivre «les gros poissons impliqués dans les réseaux internationaux de la contrebande et du crime organisé». Que faut-il faire pour que «les adversaires irréductibles» du gouvernement Youssef Chahed lui donnent le temps de mener ses réformes dont celle de la Caisse générale de compensation afin que les subventions aillent aux citoyens ayant besoin du soutien matériel de l'Etat ? Personne n'est, pour le moment, en mesure de prédire les positions à venir de la part des «adversaires de Youssef Chahed» quelles que soient ses réussites. Pour Youssef Chahed et ses ministres, la voie à suivre est claire. Il faut persévérer dans le travail sérieux, le dévouement et l'investissements quotidien pour que la Tunisie sorte le plus tôt possible de sa crise.