«Maqamet 4» à la galerie la Maison des arts du Belvédère : des peintres venant de quatre pays arabes, toutes obédiences picturales confondues, nous offrent, à travers leurs œuvres, une balade évanescente, une aventure humaine puissante et subtile jusqu'au 17 avril. Rencontre, échange et complémentarité sont les objectifs qui ont rassemblé des artistes arabes lors de cet événement exceptionnel. Il s'agit d'une belle initiative de la directrice de la galerie, Sameh Habachi, et de l'artiste participante à cette exposition, Chahla Soumer, qui ont voulu rassembler des artistes arabes afin de leur permettre de partager leurs réflexions, leurs émotions et leurs expériences artistiques en toute liberté. En contemplant les œuvres de cette exposition dans cet éloge de l'amitié qui a réuni les artistes-peintres de talent, citons : les Tunisiens Abdelaziz Mohsni, Ezzine Harbaoui, Chahla Soumer, Hamadi Ben Sâad et Mohamed Hchicha, les Algériens Khaled Sebaâ et Mohamed Demis, les Libyens Fakhri Guedafi et Mohamed Ben Lamine, les Irakiens Ali Ridha Said et Muthanna Abbas Tlyaa , notre cœur palpite face à ce pluriel d'émotions qu'on nous propose de partager. Chacun, de son côté, et à sa manière et au travers ses œuvres (peinture, calligraphie, sculpture, céramique), mène sa guerre contre l'ignorance et l'anti-art, construisant quelque chose de solide, sur le chemin de la création. En tant que témoins ou passeurs, les artistes de l'exposition affirment un positionnement fort et un regard critique sur des événements qui constituent notre présent. On découvre alors des approches plastiques contemporaines de l'expérience du vécu de chacun. «Je suis mieux inspiré et mes idées sont plus nettes quand je suis ému par quelques événements en cours dans ma vie et dans mon environnement. Le signe demeure omniprésent dans mes peintures, faisant allusion à l'envie de plonger dans le passé. Le maniement des couleurs vives de mon pays, l'Algérie, est une constante. C'est aussi l'expression d'une sensibilité et d'un amour qui provient du fond de mon âme», s'exprime l'artiste peintre et scénographe algérien Mohamed Demi. Chahla Soumer, diplômée de l'Institut supérieur des beaux-arts : ses espaces picturaux sont le résultat de sa méditation sur la vie, et son désir de recréer le monde, un monde parfait. Ses couleurs, ses traits, ses mouvements, ses collages sont toujours à la recherche de l'eden perdu. A travers sa peinture, elle persiste à dépasser le réel et recomposer le plastique statique d'une façon interpellante. Muthanna Abbas, lui, est né à Bagdad. Il est diplômé de l'Institut des beaux-arts, section Arts plastiques, spécialité peinture. A travers ses tableaux, il nous invite à découvrir des personnages qui révèlent une atmosphère empreinte d'un mystère latent où se mêlent solitude et inquiétude. Pourtant, il ne sombre pas dans une noirceur gratuite. Une lumière semblant émaner de l'intérieur de ses personnages (bédouines) éclaire chaque tableau avec une discrétion volontaire. Il nous communique une chaleur vivifiante venant du cœur de ces gens qu'il peint avec beaucoup de tendresse et de talent. Né à Misrata, Mohamed Ben Lamine est un artiste plasticien et sculpteur (plusieurs de ses sculptures sont faites de la récupération des bombes se trouvant sur des zones de combat en Libye). Il a fait plusieurs expositions personnelles et a participé à des événements collectifs et des workshops internationaux en Italie, Chine, Amérique, Emirats, Egypte, Malte, Hollande, Inde... Membre d'organisations artistiques et culturelles indépendantes, il a été enlevé et détenu à cause de ses opinions. Dans son travail, il nous fait partager l'impact de ses expériences vécues. Ses personnages, ses espaces colorés ne sont sans doute que le reflet des individus qui ont marqué son esprit et stimulé son imaginaire lors de l'acte créatif. Au travers de ses œuvres, il raconte des histoires, présentes ou passées. Les figures et les champs colorés remplacent les mots et installent une réelle émotion entre la peinture et le spectateur. Qu'ils adoptent un point de vue symbolique ou critique, par le biais de l'art, les artistes arabes témoignent, s'expriment et réfléchissent à la portée sociale, politique et humaine des divers conflits auxquels ils font face aujourd'hui. Avec un vocabulaire pluriel (formel et conceptuel), ils s'attaquent à différentes guerres grâce à un esprit éclairé et un art solide et salvateur.