Le ministre de l'Industrie et des Pme, Slim Feriani, a tenu, jeudi dernier, au siège du ministère, une conférence de presse au cours de laquelle il a dressé le bilan semestriel de l'industrie et communiqué les activités qui ont été effectuées lors de ses visites officielles aux Etats-Unis et en Libye, outre une synthèse des grandes orientations et des perspectives du secteur industriel à l'horizon 2020. Le mot d'ordre est « redorer l'image de l'industrie tunisienne ». Tel était, en substance, le message véhiculé par le ministre, lors de la conférence. Pour ce faire, Slim Feriani a affirmé que le gouvernement est en train de faire un travail d'équipe, tout en attribuant à chaque acteur la responsabilité qui lui échoit. Précisant que l'industrie tunisienne représente le cinquième du PIB, c'est-à-dire 4 fois plus de la contribution du secteur touristique au PIB, Slim Feriani a souligné que la Tunisie n'est pas uniquement une destination touristique mais elle est également un pays industriel. Le tableau dressé en termes de performance de l'industrie est globalement satisfaisant, voire rassurant. Fort impact de la croissance européenne Les indicateurs sont de bon augure et annoncent un deuxième semestre beaucoup plus performant, a fait savoir S.Feriani. Les secteurs les plus compétitifs et sur lesquels la Tunisie va miser davantage, sur le court et le moyen terme, sont les industries automobile, aéronautique, pharmaceutique et militaire. Le ministre de l'Industrie a mis en exergue l'importance de la récente déclaration du Fmi leader et chef de file mondial, sur la Tunisie et qui représente un véritable message d'appui à l'économie nationale dans une conjoncture assez difficile. Il a expliqué que le premier ennemi de l'économie nationale sont les finances publiques. «Si on arrive à réduire considérablement le déficit budgétaire, l'économie réelle connaîtra un véritable décollage », a-t-il soutenu. Par ailleurs, le ministre de l'Industrie, a souligné que l'économie tunisienne est étroitement liée à celle de l'Union Européenne qui se taille la part du lion avec plus de 75% du total des échanges commerciaux. Il a noté que la croissance économique de l'Europe est à l'origine de l'amélioration de la croissance de l'économie nationale, notamment de l'investissement. Hausse des exportations manufacturières Durant le 1er semestre, les exportations manufacturières ont grimpé de 14,5 milliards dinars à environ 18,3 milliards dinars, enregistrant une hausse globale d'environ 26% par rapport à l'année 2017. Les exportations agroalimentaires dominent le podium avec un doublement du volume des exportations par rapport au premier semestre de l'année 2017. Les six premiers mois de l'année 2018 ont été également marqués par un retour du secteur de l'industrie textile et des chaussures, un secteur qui a été pour longtemps en berne. L'augmentation des exportations manufacturières s'est répercutée positivement sur le taux de couverture de la balance commerciale qui est passé d'environ 76% durant le premier semestre de l'année 2017, à plus de 80% à fin juin 2018. Cette hausse au niveau des exportations s'est accompagnée d'une baisse du déficit commercial de 1,7 point durant les six derniers mois. En outre, un accroissement de plus de 6,3 % du volume des investissements déclarés s'est accompagné d'une augmentation au niveau de la création des postes d'emploi qui lui sont inhérents, a été enregistré durant le premier semestre de l'année 2018 par rapport à la même période de l'année précédente. 3 milliards de dinars d'investissement à l'horizon 2020 Slim Feriani a annoncé que le ministère a élaboré une stratégie qui fixe des objectifs quantifiables à l'horizon 2020 et qui reflète ses orientations stratégiques. Elle s'articule autour de quatre principaux axes, à savoir l'amélioration de la compétitivité du tissu industriel, le développement des secteurs promoteurs et l'appui aux champions nationaux, stimulation de l'investissement et l'appui aux pme, notamment dans les régions défavorisées, la promotion de la Tunisie en tant que plateforme industrielle, technologique et économique dans la région. À cet égard, le ministre de l'industrie et des Pme a valorisé le rôle crucial de la sécurité nationale dans l'instauration d'un climat de sûreté et de confiance pour l'économie. Ainsi en termes de chiffres, le ministre a affirmé que l'objectif est d'atteindre un taux de croissance de 5% à l'horizon 2020. Pour ce faire, le ministère a fixé 4 principaux objectifs à l'horizon 2020, à savoir l'accroissement des exportations industrielles à raison de 15% par an pour atteindre un total de 47 milliards dinars, l'augmentation du volume des investissements de 2,2 milliards dinars à plus de 3 milliards dinars, l'accroissement des postes d'emploi créés à un rythme de 5% annuellement pour atteindre plus de 580 mille postes d'emploi créés dans le secteur de l'industrie et l'augmentation de la part des exportations dans le secteur de la haute technologie de 15 à 20%. Vers la consolidation de la diplomatie économique Le ministre de l'Industrie et des Pme, Slim Feriani a affirmé que le gouvernement travaille à redorer l'image de la Tunisie à l'international. Disposant de plus de 1 million de ressortissants résidant à l'étranger, la Tunisie est dotée de véritables acteurs de la diplomatie économique. «Il faut garder de bonnes relations avec tous les pays, pour soutenir la paix et la sûreté dans notre pays, outre l'ouverture sur de nouveaux marchés ». À cet égard, il a affirmé que les récentes visites qu'il a effectuées aux Etats Unis ainsi qu'en Libye, s'inscrivent effectivement dans le cadre de la promotion de la diplomatie économique. Quant à la visite de la Libye, le ministre a précisé qu'une délégation tunisienne de 70 hommes et femmes d'affaires a eu des rencontres B2B avec leurs homologues libyens. Il a annoncé que la création d'une zone de libre-échange entre la Tunisie et la Libye, dans la région de Ben Guerden, a été débattue avec les représentants du gouvernement libyen. Le ministre a également affirmé que la visite de la ville Houston relevant de l'Etat du Texas en Amérique, a fait l'objet de discussions avec les autorités locales, sur les potentiels et le renforcement de la coopération bilatérale. Interrogé sur l'investissement dans les régions défavorisées, le ministre de l'Industrie a répondu que la discrimination positive en faveur des régions de l'intérieur est de mise. Toutefois, il a précisé qu'il ne faut pas abandonner les régions côtières, qui comptent une population importante. En soulignant l'importance de l'infrastructure dans le développement de l'investissement dans les régions démunies, il a évoqué le gouvernorat de Béja, dont l'industrie locale a connu une véritable envolée grâce à l'établissement de l'autoroute qui relie Tunis-Bousalem. Il a également fait savoir que la lutte contre la contrebande est tributaire d'une économie réelle très importante.