Que de films à voir et à découvrir ! 253 en provenance de 67 pays. Quelles sections fréquenter : la compétition officielle des fictions ou celle des documentaires? Les cinémas du monde ou les séances spéciales? Les hommages ou les divers programmes de courts métrages? C'est vraiment à ne plus savoir où «donner des yeux». Car face à cette déferlante filmique et à cet embarras du choix, même les cinéphiles les plus voraces, les plus gloutons, en un mot les cinéphages, ne pourront suivre plus de quatre films par jour, soit 32 en huit jours. C'est toujours ça, diriez-vous. Mais n'est-il pas frustrant de savoir qu'on aura quand même raté les 221 restants. Que faire alors? La solution tombe sous le sens : que ceux qui président aux destinées du cinéma sous nos cieux, que les acteurs culturels proposent tout au long de l'année, aussi bien dans le circuit culturel que commercial et autres manifestations, des programmes de cinéma aussi alléchants et consistants. Car comment se targuer d'être cinéphile et rater un film tel que Poetry du Sud-Coréen Lee Chang-Dong. Opus illuminé par la présence d'une comédienne hors pair, Yun-Jung hee, dans le rôle d'une grand-mère atteinte d'un début d'Alzheimer, qu'elle refuse pratiquement de soigner, comme si elle voulait — la symbolique est éloquente — s'extraire d'un monde de plus en plus affreux, pourri et désenchanté. Elle choisit donc de se réfugier dans la poésie en ne comptant plus sur sa mémoire qui s'efface petit à petit mais sur l'inspiration qui lui souffle les mots nécessaires à ce qui est devenu chez elle une obsession : écrire un poème. Ne serait-ce que le seul de toute sa vie. La poésie sauvera-t-elle l'humanité? Apportera-t-elle enfin à notre monde insensible cette beauté et cette grâce qui l'ont pratiquement quitté? Oui… selon le réalisateur. Cruel, mais pétri d'humanité, Poetry laisse la porte grande ouverte à l'espoir malgré la mélancolie dramatique et lancinante qui le traverse. Poetry est un exemple parmi tant d'autres bons et excellents films tels No man's land du Yougoslave Danis Tanovic, Le mahabharata de Peter Brook en hommage à l'acteur disparu Sotigui Kouyaté, London River de Rachid Bouchareb dont le dernier opus Hors la loi a été programmé en séance spéciale. Hors la loi: plutôt hollywoodien Que dire à propos de ce dernier film? Que dire sinon qu'au-delà de la polémique injustifiée qu'il a suscitée en France, lors de sa projection à Cannes et même bien avant, Hors la loi, une saga sur la lutte pour la liberté et l'indépendance de l'Algérie, pèche par des allures hollywoodiennes oscillant entre western et polar, sécrétant un trop-plein de violence jusqu'à l'overdose, à travers les multiples scènes de tueries avec leur cortège d'effets spéciaux. Dommage! Mais passons. Il y a aussi de bons films arabes et africains que l'on ne doit pas rater dans la compétition officielle. Surtout que plusieurs sont à découvrir, tel : Encore une fois du Syrien Joud Saïd représentant une véritable avancée du cinéma syrien aussi bien dans le propos que dans le traitement. Cela à travers une exploration de la mémoire, la dénonciation de la violence et des guerres fratricides. Tout ça pour un siège Durant les JCC, on le sait, il n'y a pas que le cinéma, il y a aussi les à-côtés et les anecdotes, certaines constituant de véritables «perles». Et puisque tout le monde en parle, parlons donc de la colère de l'actrice syrienne Soulef Fawakhirji, membre du jury de la compétition officielle de fiction, qui a regagné précipitamment le bercail. Et pourquoi donc? Pour une question de place et de siège : arrivée en retard à la cérémonie d'ouverture, l'interprète d'Ismahane (hélas!) a quitté aussitôt venue la bonbonnière parce qu'elle n'a pu dénicher une place à ses côtés pour son mari. Sans blague! Eh oui! Incroyable, mais vrai ! Déserter le jury d'un festival arabo-africain aussi prestigieux que les JCC pour une histoire de siège révèle l'hyper orgueil et vanité de cette actrice encore à l'entame de sa carrière. Qu'en sera-t-il quand sa carrière sera derrière elle? On vous laisse deviner. Plus vaniteuse et prétentieuse que moi tu meurs! Il est vrai que l'humilité et la modestie sont l'apanage des grands. N'est-ce pas?