La patrie avant les partis ? L'initiative de convoquer les députés de Nida doit être conduite dans la clarté des objectifs et non le clair-obscur des coulisses. Surtout que cela risque d'affecter l'image du Président, déjà quelque peu abîmée par l'appui inconditionnel dont se prévaut HCE Le recours à cette initiative vient montrer l'ampleur du tournant qu'affronte désormais la crise politique et la gravité du blocage que ressent le président de la République, même s'il y a fortement contribué en laissant faire puis en quittant sa neutralité active républicaine pour se ranger, en définitive, derrière un groupe politique particulier dirigé par son propre fils Notre journal titrait, il y a à peine trois jours : « Que peut faire Béji Caïd Essebsi ? », s'agissant de se porter au secours de la République bloquée par ses propres institutions. Et le président a vite fait de reprendre l'initiative en «convoquant» les députés Nida Tounès, demain mardi. En a-t-il vraiment la prérogative dans notre régime semi-parlementaire semi-présidentiel ? Peu importe, il l'a fait et nous ne voyons pas qui ou quel texte pourrait empêcher le chef de l'Etat de rencontrer des citoyens, qui plus est députés du parti majoritaire qu'il a fondé lui-même. Mais le recours à cette initiative vient montrer l'ampleur du tournant qu'affronte désormais la crise politique et la gravité du blocage que ressent le président de la République, plus que nous autres, même s'il y a fortement contribué en laissant faire puis en quittant sa neutralité active républicaine pour se ranger, en définitive, derrière un groupe politique particulier dirigé par son propre fils. Et l'invitation semble avoir été adressée tout spécialement à ce groupe par voie de SMS. Sauf que certains SMS auraient dépassé le cercle fermé, donnant ainsi l'alerte. Cela dit, quelles sont donc les intentions du chef de l'Etat et de quoi peut-il ainsi entretenir les députés nidaïstes, lesquels sont plus que jamais divisés et tiraillés entre Hafedh Caïd Essebsi et Youssef Chahed ? Sachant que Sofiène Toubel, le président du groupe parlementaire, et ses proches ont fait allégeance nette au chef du gouvernement et se sont placés en travers de la gorge du fils du président. Les députés de Nida étaient en 2014, au lendemain des élections législatives, au nombre de 86, formant un seul et même groupe parlementaire. Aujourd'hui, ces mêmes députés sont répartis entre trois groupes parlementaires, celui d'Al Horra, celui dit groupe «national» et le groupe attitré de Nida Tounès qui n'en est plus un, puisque son président mène une scission active favorable au maintien du chef du gouvernement. Il est utile de se demander si BCE compte convoquer tous les députés nidaïstes historiques ou seulement ceux qui sont restés fidèles à Hafedh Caïd Essebsi. Et dans les deux éventualités, quels rôles pense-t-il pouvoir leur faire jouer demain, que ce soit dans la totale légalité constitutionnelle ou en marge de celle-ci ? N'oublions jamais que par ailleurs, les députés Nidaïstes de coeur et foncièrement «bajboujiste» attendent depuis qu'ils ont quitté Nida un geste même symbolique, rassembleur et constructif de la part de BCE, dans la perspective certes idéaliste de faire renaître en nous Tunisiens l'espoir de lendemains radieux et d'un avenir meilleur pour demain qui sache renouer avec l'épopée nnidaïste et ses deux grandes victoires à la présidentielle et aux législatives. Mais une telle initiative devrait être conduite dans la clarté des objectifs et non le clair-obscur des coulisses. Surtout que cela risque d'affecter l'image du Président, déjà quelque peu abîmée par l'appui inconditionnel dont se prévaut HCE.