L'Atfd a élaboré un guide intitulé «Retour sur l'histoire pour un avenir sans violences à l'encontre des femmes». Des violences essentiellement économiques, constituées de dépossession de l'héritage et d'agressions sexuelles incestueuses. La privation de l'héritage représente 4% des violences économiques. Elles ne sont généralement pas le fait du partenaire intime, mais plutôt des frères et/ou des enfants pour le cas des veuves. Il s'agit donc plus d'une violence de la famille élargie que d'une violence dans le couple. M. a travaillé toute sa vie à l'étranger, elle gagnait bien sa vie. Elle envoyait les trois-quarts de son salaire à ses parents afin qu'ils construisent une maison. La maison construite, elle a été enregistrée au nom du père. Ses parents décèdent, elle retourne alors en Tunisie et s'y installe. Mais ses frères la chassent de la demeure et refusent même qu'elle occupe une des pièces de la maison construite grâce à ses revenus. Violences sexuelles sur les enfants L'association a eu à connaître de cas de viols incestueux et autres agressions sexuelles. Dénoncés par les mères, ces incestes sont aussi évoqués par les femmes qui s'adressent au centre pour violence conjugale ou parce que, devenues adultes, elles souhaitent porter plainte contre un proche ou un parent. On retiendra un taux important de re-victimisation lorsque l'enfant a été abusé sexuellement, dans la famille notamment. La re-victimisation signifie que celui qui subit des violences sexuelles dans son enfance devient vulnérable et plus ciblé par d'autres violences dans l'avenir. Le dépouillement des dossiers révèle plusieurs cas d'inceste L'enfant (S) a subi des attouchements sexuels de la part de son père qui l'incite à se prostituer. Ces attouchements ont commencé à l'âge de sept ans. Sa sœur âgée de quatre ans en est aussi victime depuis l'âge de deux ans. Aucune plainte n'a été déposée en raison du refus de la mère, qui s'adresse néanmoins au centre pour protéger ses enfants qui souffrent de troubles de concentration et plus généralement de troubles psychologiques. Une autre fille âgée de seulement dix-sept ans (Z) et célibataire s'adresse au centre et dénonce un inceste commis par son père. Un père qui la viole depuis l'âge de douze ans. Sa mère porte plainte, mais la famille élargie s'y oppose. Grâce à la mobilisation des autorités, en particulier du délégué à la protection de l'enfance (DPE), le père est finalement condamné. Il s'agit là d'un cas typique de re-victimisation d'une enfant qui a subi un inceste et n'a pas bénéficié d'une prise en charge psychologique immédiate. Agée de onze ans, S a subi des attouchements sexuels et une tentative de viol de son beau-père. Sa mère la soutient, porte plainte et obtient la condamnation de l'auteur. Ce ne sont là que des exemples,il y en a beaucoup plus. Ces enfants, soutenus pour la plupart par leurs mères, présentent de graves troubles psychologiques : anxiété, détresse, peur des représailles lorsque l'auteur est condamné et que tôt ou tard, il sortira de prison. Tous les dossiers n'aboutissent malheureusement pas à des condamnations. Faute de preuves ou parce que l'enfant, entendu plusieurs fois, finit pas se rétracter, pensant que les adultes ne le croient pas ou pensent qu'il ment, l'agresseur sexuel s'en sort sans inquiétude. Parfois, confrontée à son agresseur, la victime prend peur, et appréhende d'éventuelles représailles. Approche médico-psychologique Les violences faites aux femmes sont considérées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un problème majeur de santé publique en raison de leur importante prévalence, de leurs graves conséquences sur la santé physique, mentale et sociale, et aussi en raison de leur coût. Plusieurs études ont montré que quelle que soit la forme que peut prendre la violence (physique, verbale, sexuelle ou économique), elle constitue toujours un traumatisme qui déstabilise l'homéostasie physique et psychique des victimes et est susceptible d'engendrer différents troubles plus ou moins invalidants. Les conséquences sur la santé physique sont variables allant des blessures, ecchymoses, plaies, fractures, infections, avortement jusqu'à des situations qui entraînent la mort. Sur le plan psychiatrique aussi, les conséquences sont très variables : angoisse, inhibition, cauchemars, baisse de l'estime de soi, troubles des fonctions instinctuelles, dépression, état de stress post-traumatique, tentatives de suicide... En somme, l'objet spécifique de ce rapport rendu public par l'association est d'étudier les répercussions des différents types de violences subies par les femmes qui se sont adressées à l'Atfd durant 25 ans, sur leur santé physique et mentale ou leur qualité de vie .