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Pour une retraite active et profitable Entretien avec M.Lassaad LABIDI Professeur d'enseignement supérieur et Directeur des études et des stages à l'INTES (Université de Carthage, Tunisie
Depuis un certain temps, l'évolution démographique a commencé à soulever des questions au niveau international et national. Un nombre de plus en plus important de personnes âgées, qu'elles soient bénéficiaires d'une pension de retraite ou non, vivent de plus en plus longtemps, ce qui n'est pas sans effet sur le marché du travail, sur les systèmes de sécurité sociale mais aussi sur la cohésion sociale et sur les rapports intergénérationnels. Grâce aux grandes avancées médicales, nous vivons de plus en plus longtemps. Peut-on parler d'une nouvelle vie après la retraite ? Au cours des dernières décennies du 20e siècle, le vieillissement de la population et l'augmentation de l'effectif des retraités a été perçu par les instances internationales, régionales et même nationales comme une problématique limitée aux seuls pays industrialisés. Depuis quelques années, cette problématique est devenue une préoccupation pour tous les pays vu qu'elle représente un défi sur le plan économique et social. Selon le recensement général de la population et de l'habitat de 2014, le poids de la population âgée tunisienne (60 ans et plus) a enregistré une évolution considérable durant la période (1966-2014) allant de 5,5% à 11,4%. En nombre absolu, les personnes âgées sont passées de 249,334 en 1966 à 1.249.640 en 2014. À l'avenir, les projections démographiques (INS et UNFPA, les projections de la population 2014-2044) confirment la croissance de la proportion des personnes âgées parmi la population tunisienne: 2026/16.2%, 2031/ 18.2%, 2036/20% et 2041/22.6% Par ailleurs l'augmentation de la part de la population des aînés parmi la population totale est caractérisée par une nette progression de l'effectif des retraités. Ceux-ci représentaient 35 % de la population des 60 ans et plus en 2009, et 46% en 2014 et plus de 50% en 2017. Peut-on parler aujourd'hui d'une retraite active ? Rappelons, d'abord, que la retraite active concerne uniquement les retraités encore en bonne santé physique et mentale qui demeurent actifs à travers l'exercice d'une ou de plusieurs activités leur permettant de meubler leur temps et d'entretenir leurs capacités et leurs relations sociales. Par ses différents effets positifs, l'activité pendant la retraite est un moyen qui contribue à prévenir différentes maladies. Il s'agit de bien vivre sa retraite et d'éviter ainsi toutes les formes d'exclusion sociale afin de rester enraciné dans la dynamique sociale. Il s'agit également de bien meubler le temps vide laissé par le départ du travail. Donc, la retraite active permet de préserver son équilibre psychosocial qui, en retour, agit sur la santé physique. Elle permet aussi de maintenir sa citoyenneté et continuer à contribuer au développement de la société. Quels sont les impacts de la retraite inactive ? Parmi les impacts qu'on peut attribuer à la retraite inactive, on trouve l'ennui et les difficultés à gérer le temps, l'oisiveté, le sentiment d'isolement et de solitude. Ces différents impacts négatifs de la retraite inactive et la mise à l'écart du monde des actifs engendrent la perte de valeur sociale dans la mesure où pendant longtemps la valeur et le statut de l'individu ont été fondés sur l'activité du travail. Bref, ils causent une détérioration de l'identité et de l'image de soi ainsi que le repli dans l'espace domestique, sans oublier les conflits et les tensions au sein du couple et avec le reste de la famille. En outre les problèmes causés par la retraite inactive multiplient l'accélération du rythme du vieillissement biologique et la détérioration de la santé. Dans ces conditions, le retraité subit un manque d'interaction et de communication et se sentira progressivement à la marge de la famille et de la société. La vie active après la retraite peut contribuer à prévenir différentes maladies et améliorer la qualité de vie des personnes concernées. Il ne suffit plus de vivre plus longtemps (quantité de la vie) mais le plus important est de bien vivre sa vieillesse (qualité de la vie). L'atteinte de cet objectif nécessite un travail multidisciplinaire, à savoir une collaboration et un partenariat entre les différentes sciences en termes de recherche et entre les différents praticiens en termes d'intervention. Il est aussi important de mettre en place une politique de préparation à la retraite, d'encourager et de diffuser la culture du bénévolat et du travail associatif et mettre en place des dispositifs pour promouvoir l'investissement dans les compétences et l'expertise des retraités.