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« Après avoir ajouté des années à la vie, il faut maintenant ajouter de la vie aux années »
Spécial : Entretien avec : Mme Amel Jomaâ, directrice générale au ministère des Affaires de la femme, chargée des personnes âgées
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 04 - 2012

L'Organisation mondiale de la santé a placé, cette année, la célébration de la Journée mondiale de la santé, le 7 avril, sous le signe de la vieillesse, mais pas n'importe laquelle. Réussir sa vieillesse, c'est, semble-t-il, possible quand on s'y prend très tôt et est même recommandé étant donné l'allongement de l'espérance de vie et l'augmentation des facteurs de risques pathologiques conséquents. Face à la croissance démographique inéluctable de la frange du troisième âge, l'OMS tire la sonnette d'alarme et appelle la communauté internationale à agir par tous les moyens possibles. Pour parler de ce qui se passe en Tunisie et de ce que l'on peut faire encore, Mme Amel Jomaâ, médecin de formation et directrice générale au ministère de la femme, chargée des personnes âgées, a bien voulu répondre aux questions de La Presse. Interview.
Pourquoi, selon vous, l'Organisation mondiale de la santé s'est particulièrement intéressée, cette année, aux personnes âgées ?
Chaque année, à l'occasion de la Journée mondiale de la santé, célébrée le 7 avril, l'OMS pointe du doigt un problème de santé qui a une portée mondiale. La question qui se pose cette année est, en effet, pourquoi les personnes âgées? Durant le siècle dernier, le nombre des personnes âgées a connu une augmentation sensible à travers le monde ; avec l'évolution de l'espérance de vie, on vit plus longtemps. Actuellement, on compte 680 millions de personnes âgées de plus de 60 ans dans le monde, soit 11% de la population mondiale. Ce qu'il faut savoir, c'est que ce chiffre va continuer à grimper pour atteindre deux milliards de personnes en 2050, soit 22% de la population mondiale. Et pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, la proportion des personnes âgées dépassera celle des enfants. C'est important de noter cela car on comprend ainsi que durant le siècle écoulé, on a tout fait pour ajouter des années à la vie; aujourd'hui, au début de ce 21e siècle, il devient urgent de faire en sorte que l'on ajoute de la vie aux années. En d'autres termes, il faut réinventer la vieillesse et mettre en place des politiques et des mécanismes qui permettent aux personnes non seulement de vivre plus longtemps mais aussi et surtout de bien vieillir, de rester actifs et de continuer de participer à la vie active et surtout associative.
Qu'en est-il en Tunisie ?
Dans notre pays aussi la population est en train de vieillir. Les plus de 60 ans représentaient 4,1% de la population à l'époque de l'indépendance, 10% actuellement, 11,4% en 2014 et 20% à l'horizon 2034, c'est-à-dire une personne sur cinq sera alors âgée de plus de 60 ans. De même, il y a un allongement de l'espérance de vie qui est passée de 67 ans en 1984 à 75 ans actuellement et serait de 79 ans en 2024. Il faut savoir que, par rapport aux pays développés, nous observons, en Tunisie, un phénomène de vieillissement plus rapide ; comprendre par là que les pays développés ont mis plus de temps pour atteindre les proportions enregistrées actuellement en Tunisie. Par exemple, la France a mis un siècle pour passer de 7% à 17% de personnes âgées.
Vous êtes médecin de formation, quelle définition scientifique donnez-vous au vieillissement ?
C'est l'effet général du temps sur un organisme biologique. Le processus de vieillissement réduit les capacités fonctionnelles de la plupart des systèmes physiologiques, ce qui va entraîner une plus grande vulnérabilité aux maladies. Le vieillissement est, également, différentiel. Nous ne vieillissons pas tous de la même manière et chez une même personne, les organes aussi vieillissent différemment.
On définit trois types de vieillissement : réussi, normal et pathologique.
Le premier est un vieillissement sans maladie avec peu de facteurs de risques d'en développer et une grande autonomie physique et mentale. Dans ce contexte, il y a une seule chose à faire, c'est de profiter de cette aubaine et de mordre à pleines dents dans ces années ajoutées à la vie. Le second est un vieillissement sans pathologie mais avec des facteurs de risques assez développés. Le troisième type est celui qui présente beaucoup de facteurs de risques avec des maladies et/ou des incapacités qui se sont installées assez tôt. Dans la population du troisième âge, il faut répartir ces trois types de vieillissement dans les proportions de 25%, 50%, 25%. Vous constatez qu'au cœur de la question de la vieillesse, il y a la santé et la qualité de la vie qui en dépendent. C'est pour cette raison, qu'il faut préparer sa vieillesse et aussitôt que possible.
Comment et avec quels moyens?
Le vieillissement est la conséquence de facteurs héréditaires dans une proportion de 30% et de facteurs environnementaux à 70%. C'est sur ces facteurs environnementaux qu'il faut agir, notamment en adoptant une hygiène de vie saine et adaptée. Il s'agit, en somme, de préserver, voire d'améliorer, son capital physique, psychique et mental; de prévenir les maladies qui surviennent avec l'âge; de prendre en charge précocement les troubles et les affections susceptibles d'entraîner des incapacités, car la hantise demeure, pour tous, la perte de l'autonomie. Il est donc conseillé d'avoir tout au long de sa vie une alimentation saine et une activité physique sportive régulière. Une demi-heure de marche quotidienne suffit, cela ne coûte rien et ne demande pas beaucoup d'efforts, mais les bienfaits sont incalculables. Il faut aussi veiller à ce que la personne âgée conserve une vie sociale riche et entretienne des liens intergénérationnels. Il faut à tout prix lutter contre l'isolement. Il faut penser, par ailleurs, à valoriser certains concepts comme l'estime de soi et encourager à développer un projet de vie, notamment associatif. Du côté du ministère de la Femme, un plan national de préparation à la retraite et à la vieillesse active a été élaboré en collaboration et en coordination avec les différentes structures gouvernementales et les composantes de la société civile concernées par les personnes âgées. Par ailleurs, le ministère est en train de préparer un guide de nutrition pour les personnes âgées avec la collaboration de l'Institut national de nutrition et un autre guide d'activités physiques qui expliquent aux personnes âgées comment adapter les activités aux capacités physiques de chacun. Au chapitre de l'information et de la sensibilisation, le ministère soutient et parraine des rencontres sur les questions relatives à la vieillesse. Jeudi dernier, ce fut avec l'association des retraités d'El Menzah 6 sur le thème de «la retraite active » et, aujourd'hui, ce sera avec l'association des retraités de Tunisair pour savoir «comment s'investir après la retraite? »
Cela nous amène à parler des personnes âgées sans famille, sans domicile fixe. Vous en accueillez un certain nombre dans les centres de protection des personnes âgées sous tutelle du ministère de la Femme? Dites-nous un peu plus sur ce sujet.
Nous avons en Tunisie onze centres de protection des personnes âgées répartis sur l'ensemble du pays, avec une capacité d'accueil de 700 lits. Jusqu'à une date récente, il n' y a pas eu besoin d'en créer d'autres. Mais, depuis quelque temps, il y a de plus en plus de demandes venant de personnes solitaires, de veuves, d'hommes célibataires qui commencent à perdre leur autonomie. C'est la raison pour laquelle un nouveau centre est en cours de construction à Gammarth avec une capacité d'accueil de 132 lits. Une étude menée, il y a six ans, pour connaître le profil des personnes âgées accueillies dans ces centres, a démontré que 95% d'entre elles n'ont pas d'enfants et que pour 92% de ces personnes, c'est l'accumulation des maladies et l'état de dépendance physique qui nécessite une prise en charge et des soins réguliers pendant 24 heures, qui les ont poussés à demander le placement dans l'un des centres.
En effet, il s'avère que l'absence d'enfants est la première cause de placement des personnes âgées dans les centres d'accueil. Le placement répond, toutefois, à des conditions et des critères fixés par décret-loi. La personne doit être âgée de plus de 60 ans, sans soutien familial, ne pouvant plus se prendre en charge, ne présentant pas de maladies contagieuses ou de troubles mentaux pouvant nuire à la tranquillité des autres pensionnaires et, bien sûr, être d'accord pour être placée dans un centre d'accueil. Actuellement, nous avons 12 demandes en attente.
Y a-t-il un chiffre pour déterminer le taux de réintégration dans la famille originelle, si cela existe bien sûr?
En Tunisie, notre objectif essentiel est de garder la personne âgée au sein de sa propre famille, mais dans le cas où cela ne serait pas possible, il vaut mieux qu'elle soit placée dans un centre que de rester dans la rue. Comme je l'ai expliqué précédemment, la majorité de ces personnes n'ont pas d'enfants, ils n'ont pas où aller. Mais, il y a une proportion minime de pensionnaires qui ont une famille, celle-ci est généralement de condition très modeste, elle ne peut pas prendre en charge une personne dépendante, donc place le vieux ou la vieille dans un centre. Les séjours au sein de la famille se réduisent alors à quelques jours. Malgré tout, la famille reste généralement solidaire.
Parallèlement à cela, le ministère a développé un programme de placement familial des personnes âgées sans soutien familial sous certaines conditions. Il faut que la personne concernée soit d'accord et que la famille d'accueil soit consentante et disposée. Nous avons 103 cas de personnes âgées placées dans des familles d'accueil. Dans le cas échéant, l'Etat octroie une subvention de 150 dinars à la personne âgée nécessiteuse. Ces personnes sont régulièrement visitées et contrôlées par des assistantes sociales et par les équipes mobiles multidisciplinaires.
Quel est le budget alloué par le ministère de la Femme pour couvrir les frais de santé des personnes placées dans les centres d'accueil ?
Les centres d'accueil sont gérés par des associations de protection des personnes âgées qui sont subventionnées à concurrence de 80% par l'Etat. En 2011, cette subvention a été de 6 millions de dinars pour la gestion et le fonctionnement des onze centres. L'Etat est en train de donner des moyens considérables à ces centres de l'ordre de centaines de millions par an, mais ce n'est pas suffisant. Par exemple, pour la reconstruction du centre de Menzel Bourguiba d'une capacité d'accueil de 60 lits, le ministère a alloué 2MD; pour celui de Sfax, le ministère a participé à hauteur de 500 mille dinars. Le reste, soit 1,8 MD, a été fourni sous forme de dons. A ce propos, il faut souligner qu'il y a un grand besoin de solidarité vis-à-vis de cette catégorie de citoyens tunisiens.
Il y a un manque de personnel qualifié dans ces centres, notamment en auxiliaires de vie. Avez-vous des projets de recrutement dans ce sens?
Il y a, effectivement, un besoin. L'auxiliaire de vie est un corps de métier qui a été créé en 2006. Il fait partie des métiers de proximité. L'auxiliaire aide et assiste la personne âgée partiellement ou totalement dépendante dans les activités de la vie quotidienne. C'est une formation de deux ans enseignée dans les écoles des sciences infirmières et sanctionnée par un certificat d'aptitude professionnelle. Pour évaluer les besoins des onze centres d'accueil en auxiliaires de vie, le ministère a effectué une étude diagnostique dont les résultats ont révélé un manque de 105 auxiliaires. L'étude tenant compte des ratios standards admis, soit un auxiliaire pour six personnes âgées par matinée. A la lumière de cette étude, 47 auxiliaires de vie ont été recrutés en 2011 et les 58 restants seront recrutés au cours de cette année.


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