Hier, c'était un mouvement civil indépendant baptisé «Houmet Tounès» (défenseurs de la Tunisie) qui a vu le jour, s'ajoutant ainsi aux milliers d'associations qui ont déjà investi la scène publique depuis la révolution. Créé, officiellement, en 2012, il lui a fallu six ans pour naître, sur fond d'une nouvelle vision «Tunisie 2040». Ce fut lors d'une conférence de presse à Tunis que son lancement effectif a été annoncé, en présence de ses 15 mille jeunes adhérents aux yeux rêveurs. Ils rêvent d'avoir une place au soleil, sous le ciel dégagé d'une Tunisie futuriste, hyper technologique, équitable et conciliante avec tous ses enfants, sans exclusion aucune «Face au blocage des institutions tunisiennes, notre société civile peut-elle être la solution ?», ce fut la question-clé que «Houmet Tounès» a tenu à remettre en débat, dont la réponse ne pourra venir dans l'immédiat. Il faudrait, donc, attendre 2040 pour que son rêve s'achève, et que les alternatives en découlant soient traduites dans les faits. D'ici là, il n'y a que l'espoir qui le guide à aller à l'avant. Et sur son sillage 24 comités régionaux couvrant l'ensemble du territoire, avec en compagnie une centaine d'associations alliées. Ainsi répartis, souligne son secrétaire général, M. Tirad Labbane, ces comités forment un conseil fédéral élargi qui veille aux spécificités de chaque région, ses forces et ses faiblesses, ses opportunités et les menaces à éviter. En fait, « ce mouvement œuvre en réseau de citoyens patriotes qui souhaitent exercer leur citoyenneté en dehors des partis traditionnels à bout de souffle. Notre structure est en marche depuis 2016 », lit-on dans un document de presse distribué aux médias. Son plan d'action 2018-2019 est, a priori, fin prêt. Il se focalisera sur trois programmes : appui à l'entrepreunariat, la caravane santé et « les bus de l'espoir ». Ce dernier projet fera le tour du pays, étant à l'écoute des préoccupations des jeunes, afin de recueillir leurs idées et propositions. «Pack jeunes et citoyens», une sorte de récapitulatif des mesures y afférentes, sera finalisé pour l'été prochain. De beaux rêves, mais… Cela s'apparente, en partie, à l'esprit du dialogue national des jeunes dont les mesures et recommandations sont, jusqu'ici, restées lettre morte. Mais, cette fois-ci, le mouvement semble être sûr de lui, plus déterminé à gagner l'enjeu de l'emploi et le compter-sur-soi. Son président fondateur, Dr Marouene Boulouedhnine se voit dépositaire de toutes les attentes et les ambitions. L'homme y croit fort, faisant confiance en son premier rêve. Celui de faire de la Tunisie un havre de paix, mais aussi un pôle hyper dynamique industriel et à haute valeur technologique. Son diagnostic de l'état des lieux actuel, avec tous les indicateurs au rouge, l'a amené à promettre monts et merveilles. Il laisse entrevoir un taux de croissance à 6%, avec zéro pour cent de chômage et beaucoup moins d'endettement qu'aujourd'hui. Le tout dans un climat économique sain et transparent qui incite à l'exportation et attire davantage les investissements directs étrangers. C'est bien de rêver, mais savoir le concrétiser c'est encore mieux. Encore une fois, M. Boulouedhnine assure qu'il est en mesure de tenir ses promesses. D'ailleurs, son mouvement a élaboré une charte d'engagement qu'il tient à cœur : «Les citoyens tunisiens doivent être au cœur de la vie politique, et non un décor.». « Houmet Tounes » ont-ils les moyens de leur rêve ? Comment faire pour changer la donne ? Car, 2040, c'est demain. Y a-t-il encore du temps pour rêver ? Les partis politiques ne disaient-ils pas la même chose dans leurs campagnes électorales 2014 ? Ces beaux rêves, on en a assez !