Comme elle ne l'a jamais été, la capitale, animée, cosmopolite et pleine de vie, vibre au rythme de ses hôtes, toutes races et classes confondues, venant prendre part au Forum social mondial que la Tunisie a tant attendu, depuis qu'il a vu le jour en 2001 au Brésil. Aujourd'hui que l'ancien régime, synonyme de dictature, est révolu, le pays post-révolutionnaire a déployé ses ailes, ouvrant ses bras au monde entier. Terre d'Islam et de paix, mais aussi carrefour de toutes les civilisations et des cultures qui se succèdent au fil du temps. La tenue de ce forum altermondialiste n'a pas manqué de réanimer le cœur de la ville et faire valser son large public. Et la sécurité compte beaucoup, ici et maintenant. Ainsi, les artères principales de la capitale se sont mises à l'heure et à l'apparat d'un véritable festival multinational, où chacun pourrait trouver son compte et défendre sa bonne cause. A l'ouverture des assises du FSM 2013, version tunisienne, tous les regards sont déjà tournés sur ce que pourrait offrir ce beau pays méditerranéen, précurseur du Printemps arabe. Et depuis le grand rassemblement au campus universitaire, l'ambiance revêt un aspect festif. L'avenue Bourguiba, référence symbolique de la révolution de la dignité, connaît ces jours-ci une dynamique exceptionnelle. Au lendemain de la marche imposante qui avait, mardi après-midi, parcouru l'avenue Mohamed-V jusqu'au stade d'El Menzah, la mobilisation citoyenne reprend de plus belle. Les commerçants de la place n'ont jamais pensé qu'un tel événement communautaire contre le capitalisme économique était en passe de leur donner un brin d'espoir, permettant une certaine dynamique inhabituelle. Contrairement à ce qui se passe lors des mouvements populaires, ils n'ont pas fermé boutique. Une valeur ajoutée que la saison des soldes n'arrive pas à réaliser depuis son démarrage en février dernier. Un véritable coup de pouce au secteur du tourisme et à celui de l'artisanat. C'est que la médina en a tiré profit. Et les festivités se poursuivent partout. Hier, au centre-ville, un grande scène d'animation a été érigée sur le terre-plein central de l'avenue Bourguiba, sur fond de chants et de musiques. A quelques mètres de là, une tente géante a été, aussi, dressée au beau milieu, pour célébrer le colloque mondial des arts plastiques de Tunis. La tente du rêve possible pour un autre monde possible, un slogan que portent un groupe de jeunes peintres à travers leurs tableaux aux couleurs multiples. Des œuvres qu'ils considèrent être en harmonie avec le sens de l'événement. Et la peinture c'est la manière de voir le monde. Afifa, jeune plasticienne de Ben Arous, nous a révélé que sa participation vise plus d'une signification. «C'est pour montrer au monde que les jeunes de Tunisie ont du talent et des dons au-delà du possible», dit-elle. Sa collègue Maha, jeune de 22 ans, diplômée des Beaux-Arts de Tunis, s'est pleinement engagée dans un tableau «nature morte». Elle est en train de dessiner la Tunisie comme elle la voit et la sent. De l'autre côté, sur les deux rives de l'avenue, les piétons battent le pavé, l'air décontracté. Ce qu'il y a de mieux, des clients qui sont venus d'outre-mer pour goûter au plaisir du café tunisien. D'autres ont préféré aller faire du shopping. Plusieurs commerçants nous ont, déjà, livré de bonnes impressions. Certains n'ont pas dissimulé leur crainte que cette belle ambiance ne continuera pas longtemps. Que Tunis reste à jamais un havre de rencontres et de retrouvailles!