L'intitulé de la rencontre organisée par la BCT, à l'occasion de la célébration de son 60e anniversaire : « Politiques économiques, intégration du commerce et créations d'emplois durables», présente assurément un enjeu stratégique et participe d'une meilleure adéquation dans la perspective d'une bonne relecture du projet Aleca Les gouverneurs ou représentants des banques centrales de Tunisie, d'Espagne, du Maroc, d'Algérie, de Libye, de France, d'Italie, de Malte et de la Banque centrale européenne ont tenu, hier au siège de la BCT, une conférence de presse destinée à exposer leurs vues («méditerranéennes») à propos de l'intégration souhaitée des pays de la Méditerranée occidentale en matière commerciale et entrepreneuriale par le biais de l'action d'un partenariat actif entre les différentes banques centrales. L'intitulé du thème semble décourageant : « Politiques économiques, intégration du commerce et créations d'emplois durables» mais l'enjeu est assurément stratégique et participe d'une meilleure adéquation dans la perspective d'une bonne relecture du projet Aleca. L'événement est organisé par la Banque centrale de Tunisie qui fête son 60e anniversaire, en présence, comme bien entendu, de Marouane Abassi, le gouverneur de céans, de plusieurs ambassadeurs européens en Tunisie, de Taïeb Baccouche, secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe, de Samir Majoul, président de l'Utica, de Radhi Meddeb, homme d'affaires, expert économique et associatif, et de Mustapha Kamel Nabli, ancien gouverneur de la BCT, ainsi que de nombre d'organisations internationales, d'experts et d'universitaires. Les débats ont tourné autour du rôle des banques centrales de la région sud-méditerranéenne dans la stabilité économique et financière des divers pays et dans la promotion de leur croissance économique. Ainsi qu'à propos des politiques économiques pouvant favoriser les chaînes de valeur entre les entreprises internationales et les PME des pays méditerranéens. La nécessité d'introduire des réformes structurelles aptes à préserver un système financier stable tout en dynamisant et en développant le secteur privé a été l'une des préoccupations majeures exprimées, ainsi que les voies pouvant générer des emplois stables et favoriser une croissance durable qui soit à la fois compétitive et inclusive. Mesures protectionnistes de l'UE Le gouverneur de la BCT a fait état de l'apparition de spécialisations sectorielles qui pourraient permettre à certaines économies du Sud et de l'Est de la Méditerranée de monter en gamme grâce à une bonne intégration dans les chaînes de valeurs internationales. Il a cité comme facteur d'inclusion, la digitalisation de la finance, avant d'évoquer la loi 2018-20 sur les startup et l'adoption rapide de ses décrets d'application qui représentent une véritable porte s'ouvrant sur l'innovation technologique à forte valeur ajoutée de nature à booster la croissance et générer le développement. Les protagonistes de cette rencontre au sommet des gouverneurs de banques centrales méditerranéennes ont copieusement évoqué la perspective de la conclusion rapide de l'accord Aleca proposé par l'Union européenne, mais certaines conditions ne sont pas tout à fait conformes aux attentes des pays de la rive sud. Car si, effectivement, le souci d'une meilleure intégration a plané sur les débats, il reste que le rôle dévolu aux banques centrales n'est pas encore concrètement bien identifié et méritera, sans doute, plusieurs aller-retours. Ainsi nous apprend-on que les économies sud-méditerranéennes n'ont nullement progressé en matière d'intégration, mais qu'au contraire, un recul est enregistré à ce niveau. De la même manière, on relève le nombre impressionnant de mesures protectionnistes introduites par l'UE comme les tarifs douaniers et les multiples nouvelles normes ou réglementations dont le nombre inquiète et décourage. Des barrières que seul l'Aleca pourrait lever. A moins qu'elles ne soient justement là que pour que l'accord proposé prenne les traits d'une miraculeuse bouée de sauvetage. Qui sait ?!