Etant donné que l'évolution du climat va déplacer les terres agricoles productives, à l'horizon 2050, l'Asie du Sud pourrait compter 40 millions de migrants climatiques internes, et l'Afrique plus de 86 millions. Comment aider les pays les plus pauvres à lutter contre les changements climatiques ? Le défi est de taille. À l'échelle de la planète, ces trois dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. Les émissions de dioxyde de carbone produites par les combustibles fossiles et l'industrie sont reparties à la hausse en 2017 après s'être brièvement stabilisées. De nombreuses régions connaissent des tempêtes, des inondations et des épisodes de sécheresse plus sévères et plus fréquents. D'après le dernier rapport spécial du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), même en supposant que l'on parvienne à contenir l'élévation de la température mondiale en dessous de 2 °C, les conséquences de ce scénario seraient bien plus lourdes que les effets d'un réchauffement limité à 1,5 °C. Conscient qu'il est urgent d'intensifier les interventions, le Groupe de la Banque mondiale a annoncé, à l'occasion de la conférence mondiale sur le changement climatique à Katowice (COP24), des cibles nouvelles et ambitieuses pour l'action climatique qu'il mène avec les pays en développement. Priorités absolues On vient non seulement de réaliser avec deux ans d'avance l'objectif de financements alloués à l'action climatique fixé pour 2020, mais il est prévu également de multiplier par deux le volume de financements pour le climat, afin de les porter à 200 milliards de dollars sur les cinq ans allant de 2021 à 2025. Par ailleurs, la Banque mondiale considère que l'adaptation et la résilience comme des priorités absolues, car des millions de personnes subissent déjà les conséquences désastreuses de phénomènes climatiques plus extrêmes. En portant à 50 milliards de dollars environ les financements directement destinés à l'adaptation sur 2021-25, la Banque mondiale accorde désormais autant d'importance à l'adaptation qu'elle n'en donne à la réduction des émissions. L'Association internationale de développement (IDA), le fonds du Groupe de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres, jouera un rôle essentiel à cet égard. Nombre des pays clients de l'IDA subissent de plein fouet les conséquences du changement climatique, en particulier leurs populations les plus pauvres et les plus vulnérables. Et les chiffres sont éloquents : étant donné que l'évolution du climat va déplacer les terres agricoles productives, à l'horizon 2050, l'Asie du Sud pourrait compter 40 millions de migrants climatiques internes, et l'Afrique plus de 86 millions. Vu l'urgence et l'ampleur de la demande de financements (on estime que les pays les plus pauvres auront besoin de 1 000 milliards de dollars pour honorer leurs engagements climatiques d'ici 2030), l'IDA sera amenée à jouer un rôle plus important encore. Avec l'IDA-18, notre cycle de financement triennal qui est récemment arrivé à mi-parcours, le bailleur de fonds international a intensifié l'appui destiné à des projets de lutte contre le changement climatique. On s'oriente maintenant vers les nouvelles cibles du Groupe de la Banque mondiale pour faire progresser la lutte contre les changements climatiques au bénéfice de nos clients. Pratiques climato-intelligentes Grâce à l'appui solide de ses bailleurs de fonds partenaires, l'IDA contribue à l'intégration des questions climatiques dans la réforme des politiques et la planification du développement, de sorte que les pays parviennent à réduire leurs émissions de carbone, à renforcer leur résilience et à s'adapter aux enjeux du changement climatique. Ainsi, les notes de politique forestière façonnent le dialogue entre les pouvoirs publics et les partenaires de développement, définissent de nouveaux engagements et servent à élaborer des projets en Ethiopie, au Liberia, au Mozambique, au Népal et en République démocratique du Congo. Au Bangladesh, un plan d'investissement pour une agriculture respectueuse du climat contribue à assurer une coordination de haut niveau entre les ministères. Sur le terrain, les projets de l'IDA aident les populations à adopter des pratiques climato-intelligentes dans l'agriculture et l'occupation des sols. Au Burundi, notre projet de régénération des paysages et de résilience permet à des groupements d'agriculteurs de préserver la couche arable, de restaurer la fertilité des sols et de commencer à produire toute l'année des aliments riches en nutriments. Les agriculteurs peuvent, désormais, accéder à une palette plus large de semences et de semis pour la production de denrées alimentaires et de cultures fourragères, ainsi qu'à des arbres et des plantes stabilisatrices du sol afin de protéger leurs terres. En Ethiopie, dans la région d'Oromia, notre Fonds biocarbone pour la gestion durable des paysages forestiers aide les femmes à faire enregistrer leurs terres et à produire du café, tout en introduisant des pratiques climato-intelligentes qui stimulent la productivité. Les instruments innovants et les guichets de financement spéciaux créés dans le cadre de l'IDA-18 suscitent des actions transformatives dans le domaine climatique qui favorisent la résilience et une croissance sobre en carbone. Une combinaison d'approches nationales et régionales a été effectuée, en particulier en Afrique, qui compte désormais la majorité des pays clients de l'IDA. Au Nigeria, par exemple, le Mécanisme de financement complémentaire (SUF) de l'IDA soutient une approche globale de lutte contre l'érosion et de gestion des bassins hydrographiques. Dans toute l'Afrique de l'Ouest, les financements émanant du Programme régional de l'IDA mobilisent des capitaux privés pour le développement de parcs solaires, l'élaboration de projets de production d'électricité solaire à grande échelle et le renforcement des capacités techniques dans le cadre de notre «Business plan» pour le climat en Afrique.