La Banque centrale de Tunisie a lancé une plateforme électronique pour les investisseurs non résidents. Elle permettra de simplifier les procédures de transferts et de liquidations des investissements des non-résidents et de réduire les délais. La digitalisation des opérations financières et bancaires est au cœur de la stratégie de la Banque centrale de Tunisie, selon le gouverneur, Marouan Abbassi. Une déclaration faite lors du séminaire organisé hier à l'intention des banques de la place pour mieux faire connaître la nouvelle circulaire publiée en fin 2018 sur la plateforme électronique des investissements des non-résidents. Le processus de digitalisation est devenu, en fait, inéluctable pour tout travail de réforme du climat de l'investissement. La nouvelle circulaire permettrait ainsi une plus grande liberté aux investisseurs tunisiens ou étrangers non résidents pour effectuer des transferts de bénéfices en devises, de ventes d'actions, de liquidations de leurs investissements à travers la nouvelle plateforme, d'après les explications de Raoudha Boukadida, directrice des opérations en capital. Elle a ajouté que les banques ne sont plus obligées d'avoir l'autorisation de la BCT pour permettre aux investisseurs non résidents d'effectuer leurs opérations de transferts ou de liquidations de leurs investissements en Tunisie. Une procédure qui permet de raccourcir les délais pour les investisseurs. « C'est un message très fort sur la liberté d'investissement dans tous les secteurs, excepté certains secteurs stratégiques. Il peut investir en devises et effectuer ses transferts en toute liberté », a précisé Mme Boukadida. Elle a ajouté que les banques sont appelées à inscrire les anciennes fiches d'investissement dans la nouvelle plateforme. Prévisibilité à long terme De son côté, le gouverneur de la BCT a indiqué que la nouvelle plateforme permettrait plus de clarté dans la relation de la BCT avec les investisseurs non résidents, la qualifiant d'une très grande initiative pour la transparence des opérations financières et bancaires. Il a ajouté que cela pourrait être bénéfique pour le classement de la Tunisie dans les indicateurs internationaux de l'investissement tels que le rapport Doing Business ou le « Competitiveness Index ». « Toute action qui pourrait améliorer la prévisibilité à long terme pour les investisseurs est positive. Il faut que nous traitions avec les investisseurs sur la base d'une responsabilité commune, qu'ils sachent qu'ils opèrent dans un pays qui a des lois et des opérations claires », a-t-il soutenu. Sur la question des sources de financement, M. Abassi a affirmé que le secteur bancaire et financier connaît plusieurs problématiques, en tête la question de la criminalité et le blanchiment d'argent. Il a souligné qu'un grand travail se fait à ce niveau, appelant à plus de prudence. « Dans les circonstances actuelles, notre pays doit lutter contre ce genre d'opérations. C'est une problématique universelle qui sera plus importante à l'avenir et il faut se donner les moyens pour plus de transparence », a-t-il lancé. Le gouverneur a indiqué que la BCT va publier prochainement une nouvelle circulaire pour les établissements de paiement dans une démarche de decashing dans l'économie tunisienne. Paiement électronique M. Abassi a insisté sur l'importance de booster le Mobile Payement, ou le paiement électronique, et de donner la possibilité à toute personne d'ouvrir un compte bancaire et de faire toutes les opérations bancaires et financières par mobile. Une démarche qui permettra, selon lui, de limiter l'utilisation du cash dans l'économie. A noter qu'une circulaire pour les établissements de paiement a été publiée à fin 2018 pour le decashing. M. Abassi a ajouté que d'autres circulaires sont en cours de préparation. Il a cité celui en relation avec le Startup Act, afin de donner plus de flexibilité dans les opérations en devises pour les jeunes startuppeurs. D'autres circulaires concerneront les fonds propres et les opérations interbancaires ainsi que des procédures pour rationnaliser le recours au refinancement bancaire qui a atteint des seuils record.