«Transparence» est le titre choisi par M'hamed M'timet pour son exposition qui se déroule depuis le 23 octobre dernier à la galerie Bel Art qui, grâce à l'action de Donia Bouattour, a retrouvé une nouvelle jeunesse, un look plus pimpant qui lui a conféré une évidente allure. «Transparence» exprime en quelque sorte la proportion de l'artiste à être enclin, porté sur un procédé, celui situé entre aquarelles, huiles sur toile et tapisserie. Fort d'une expérience de près d'un demi-siècle qui a débuté en 1962 lorsqu'il obtient le diplôme de l'Ecole des Beaux-Arts de Tunis ainsi que le prix de la bourse en France où il rejoint l'Ecole supérieure des arts décoratifs de Paris, suivi d'un stage en apprentissage et en perfectionnement en tapisserie dans les célèbres ateliers du Musée de la tapisserie Gobelins de Paris, M'timet est une sérieuse référence qui nous renvoie aux précurseurs qui ont ouvert la voie à la pratique de cet art. Présent avec 36 œuvres dont trois tapisseries, huit huiles sur toile et le reste, soit 22 aquarelles de différentes dimensions, du simple petit format aux fresques géantes, M'timet a peint son Sud natal et rendu hommage à la femme, gardienne des traditions ancestrales . Natif de Zarzis, aux confins du Sahara, où il a vu le jour en 1938, il est resté viscéralement et profondément attaché à des valeurs encore ancrées dans la mémoire et aux souvenirs des années heureuses de l'enfance. Ces réminiscences du passé transparaissent dans sa peinture. Dans cette huile intitulée «Sud», tous les ingrédients entrant dans la composition des produits du terroir se retrouvent réunis : mergoum, tabsi (plat), ghorbal (tamis), jarre, couverture, carde (cardèche), l'outil servant à démêler les fibres, ainsi que de nombreuses autres pièces spécifiques du Sud. Dans «Nouvelle vie», l'artiste a mémorisé dans son esprit le rituel du hammam et les coutumes immuables du monde féminin. «Pour une femme» met en scène deux hommes qui s'affrontent dans un combat singulier pour conquérir le cœur de la dulcinée qui, amusée, suit de la terrasse le duel. Les aquarelles de M'timet, toutes parfaites, louent une qualité de vie, aujourd'hui, disparue. Dans «Ya hasra», ou Nostalgie, il se lamente sur le sort du sefsari et du bakhnoug, complètement hors jeu, sous les avancées d'une autre mode, venue d'ailleurs et qui est en contradiction avec nos mœurs. Dans «La Goulette», celui des années 1960, un hymne à la joie, à l'insouciance et au plaisir, l'amertume de l'artiste est plus perceptible. Il a tenté de ressusciter, avec un certain succès, une époque à jamais révolue. Les tapisseries, au nombre de trois, «L'arbre mère», «Racines» et «Le Rêve», sont imposantes. Ces fresques ou vastes compositions aux fils teintés de trame sont une merveille qui ont exigé de l'artiste trois longues et pénibles années dans l'exécution de l'ouvrage. Le résultat n'en était que plus brillant. Etant donné la cote de l'artiste et la valeur marchande de ses œuvres sur le marché, les prix affichés sont honnêtes et ne reflètent guère la réputation de l'artiste qui est établie durablement. ––––––––––––––––––––––––– * L'exposition «Transparence» de M'hamed M'timet se poursuivra à la galerie Bel Art jusqu'au 8 novembre.