Les textes de loi qui régissent le secteur doivent être révisés car ils représentent, dans leur forme actuelle, une entrave à sa bonne marche. On le sait depuis quelques années déjà : le marché de l'or en Tunisie souffre de sinistrose. Lors d'une visite au souk El Berka, nous avons pu constater que les clients se font relativement rares dans les boutiques des bijoutiers qui ont pignon sur rue. «Avec la baisse du pouvoir d'achat qui a frappé la Tunisie depuis quelque temps, il est de plus en plus rare de voir des couples acheter des parures en or», a déclaré Brahim, le gérant d'une bijouterie du souk d'El Berka dans la médina de Tunis. Ce dernier, qui s'est éclipsé quelques minutes pour s'occuper de ses clients, qui ont commencé progressivement à affluer, a noté par la suite que, jadis, les Tunisiens se rendaient dans les bijouteries surtout pour acheter une bague, un bracelet ou une gourmette et des boucles d'oreilles. «Aujourd'hui, on se contente uniquement d'une bague et d'un bracelet au meilleur des cas. Les tunisiens se contentent du strict minimum afin de célébrer leur fiançailles ou mariage et éviter les dépenses inutiles et investir l'argent qui leur reste dans d'autres choses», argumente-t-il. Une cliente qui vient juste de se fiancer, et qui a préféré ne pas dévoiler son nom, a par contre précisé qu'elle s'est rendue dans cette boutique pour trouver une jolie bague de fiançailles. N'aimant pas spécialement les bijoux en or, elle a opté pour un modèle de bague tendance mais qui reste quand même abordable côté budget. Les textes de loi qui régissent le secteur doivent être révisés car ils représentent dans leur forme actuelle une entrave à la bonne marche du secteur, a encore relevé notre interlocuteur qui déplore également le mauvais traitement du personnel contrôleur à l'encontre des bijoutiers. Le gérant explique dans ce sens, que les douaniers débarquent chez eux «cagoulés» et «armés» pour effectuer un simple contrôle ! Pis : ils confisquent tous les bijoux de la boutique pendant plusieurs mois afin de contrôler le poinçon apposé sur les bijoux. «C'est ce qui s'est arrivé à l'un de nos confrères. Huit kilos d'or ont été confisqués pour contrôle depuis presque une année déjà», témoigne-t-il. Un secteur mal organisé Des bijoutiers du souk nous ont recommandé de voir Mohammed Sakka, porte-parole des professionnels du secteur auprès de la Conect. Nous avons dû attendre pendant une dizaine de minutes avant que ce dernier veuille bien nous accorder une demi-heure pour tout nous expliquer. Selon lui, une des raisons principales qui a causé l'arrêt temporaire de l'activité des bijoutiers le mois dernier se rapporte à la loi qui autorise la saisie et la confiscation des bijoux afin de les soumettre au contrôle. Mohamed Sakka nous a donné un aperçu rapide sur cette loi qui date de 1942, puis supprimée en 1962 et réactivée en 2008. «Aujourd'hui, les bijoutiers réclament la suppression totale de cette loi responsable de l'anarchie dans le secteur», nous a t-il expliqué avant d'ajouter d'un ton ferme que «l'Etat devrait notamment réviser cette loi pour mettre un terme à cette anarchie». Le représentant de la Conect a ajouté que le mouvement de protestation programmé initialement pour la journée du 7 mars a finalement été annulé malgré les protestataires, bien que leurs revendications soient restées lettre morte. Toujours selon le porte-parole des bijoutiers, les professionnels du secteur menacent d'organiser un autre mouvement de protestation si gouvernement ne trouve pas de solutions à leurs problèmes.