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Lorsqu'on ne dit pas tout Mouvements de protestation, blocages de routes et de ronds-points et menaces d'escalade contre la hausse des prix des carburants
Hier, c'était la région du Cap Bon. Mercredi, ce fut Bizerte. A partir de lundi prochain, ce sera l'ensemble du territoire national qui se mobilisera en cortèges de véhicules sur les routes et à l'entrée des villes pour protester contre l'augmentation des prix des carburants, la cinquième en dix mois. Les unités de la Garde nationale étaient à l'œuvre, hier encore, pour dégager les voies routières et rétablir la circulation dans divers régions du pays, bloquée par des cortèges de véhicules à l'arrêt en protestation à la dernière hausse des carburants décidée par le gouvernement. La décision a été prise le jour du sommet arabe, le dimanche 31 mars, et l'annonce-surprise est tombée sur les ondes de la Radio nationale aux infos de minuit. Dès lundi matin, la vague de protestation a commencé à prendre forme et à grossir menaçant d'envahir tout le pays et toutes les catégories professionnelles et sociales. La dernière augmentation est la cinquième du genre en dix mois, elle arrive quelques jours après la décision de la BCT d'augmenter le TMM, quelques semaines après la fin du long et hargneux marathon des négociations salariales Ugtt-gouvernement pour la fonction publique, marqué par deux grèves générales décrétées par la centrale des travailleurs et après que le gouvernement Chahed a promis et recommandé aux différents partenaires de contrôler la hausse progressive des prix qui a érodé le pouvoir d'achat des Tunisiens et anéanti la classe moyenne. Ajouter à cela l'effet de surprise, tant et si bien que quelques jours auparavant, le ministre de l'Industrie avait déclaré à un journaliste ne prévoir aucune augmentation des prix des carburants. Déclaration que le ministre a attribuée, maladroitement, au seul jour de sa déclaration. D'où la grande déception au sein de l'opinion et surtout la colère et le sentiment d'avoir été floué, induit en erreur. Effet de surprise, hypocrisie des députés Pour le gouvernement, la décision d'augmenter encore une fois les prix des carburants (essence et gasoil) a été prise à contrecœur, mais elle était nécessaire afin de pallier le creusement du déficit causé à la facture énergétique par la dévaluation constante et continue du dinar tunisien face aux monnaies étrangères. L'explication est recevable par les experts économiques qui ajoutent que le prix du baril sur le marché international n'explique pas à lui seul l'augmentation ou la baisse des prix des carburants à la pompe. La valeur de la monnaie nationale entre également en jeu dans les calculs. Une autre justification du gouvernement : cette augmentation est prévue dans la loi de finances 2019. Ce que ministres et députés ont évité de dire aux Tunisiens lors des débats budgétaires sur le projet de loi de finances 2019 où tous les articles ont été examinés point par point et votés article par article. L'hypocrisie politique ira jusqu'à faire dire à certains députés qu'ils n'étaient pas au courant. Peut-être étaient-ils absents ? Résultat : le gouvernement doit trouver des financements supplémentaires, imprévus auparavant, pour pouvoir acheter le baril à 208 dinars, au lieu des 166 dinars prévus. En termes de déficit énergétique global, celui-ci est passé de 1200 à 2100 dollars. Il est, cependant, utile de souligner et de rappeler que, selon tous les experts économiques, la hausse des prix des carburants à la pompe est une solution rapide et facile mais inefficace en ce sens qu'elle menace la paix sociale. Trouver des solutions durables à la dévaluation de la monnaie nationale, booster la production énergétique nationale et accélérer la production des énergies renouvelables sont des solutions qui tardent à être appliquées. Plus de 50 mille professionnels aux abois En attendant de trouver une issue à la crise, le programme des protestations annoncé par la Fédération nationale du transport rappelle le démarrage du mouvement français des Gilets jaunes, sur les routes et au niveau des ronds-points, suite à l'augmentation de la taxe carbone. La fédération nationale, qui a menacé d'escalade, a appelé ses adhérents à se mobiliser lundi prochain au niveau des routes dès 7 heures du matin jusqu'à midi et à observer un rassemblement à Bab Saâdoun, en direction du Bardo, siège du Parlement, ainsi qu'à l'entrée de l'autoroute sud de la capitale. Les protestations devront reprendre deux jours plus tard, mercredi 10 avril 2019, et durer toute la journée. Le lendemain, jeudi 11 avril 2019, les plus de 50 mille professionnels du secteur du transport public irrégulier (taxis individuels, taxis collectifs, transport rural, louages, autoécoles et agences de location de voitures) sont appelés à un mouvement de protestation général dans la capitale. Le vice-président de la Fédération nationale du transport, Moez Sellami a appelé à l'annulation immédiate de la décision du 31 mars et son refus des augmentations cumulatives des prix des carburants. Le président de la Chambre nationale syndicale des autoécoles, Mohamed Fadhel Baccouche a, de son côté, annoncé le soutien de la chambre aux mouvements de protestations indiquant que les augmentations répétitives des prix des carburants engendreront une régression de 60% des revenus des autoécoles et dit se trouver dans l'obligation de prendre les mesures et décisions autorisées par la loi pour défendre les intérêts du secteur et ses adhérents.