L'EST et le CA ont éprouvé de grosses difficultés pour écarter deux adversaires modestes et se qualifier pour les 1/16 de finale de la Ligue des champions. Sans convaincre, l'Espérance s'est imposée face à East End Lions (Sierra Leone) sur le score de 3 buts à 2 (2-2 à l'aller à Freetown) et le Club Africain s'est qualifié grâce au but marqué à l'extérieur face à Sahel FC du Niger (victoire 1-0 à Tunis après une défaite 1-2 à l'aller). Cette laborieuse entrée en matière montre combien la tâche est problématique et il n'est pas certain que les «Sang et Or» et les Clubistes disposeront d'une marge de manœuvre suffisante pour tenir la route dans cette compétition. Les deux équipes n'ont pas du tout rassuré lors de ce premier tour de l'édition 2010. L'EST est passée, mais elle a confirmé ses tares d'ordre technique et tactique. L'absence de Darragi et Msakni n'explique pas ses carences dans le jeu. Le fait d'encaisser 4 buts dès le premier tour face à un club inconnu est à lui seul un indice très significatif de la fragilité de l'ensemble que l'on relève en championnat. L'Espérance est encore une équipe qui se reconstruit et son objectif premier, comme celui du CA, doit être l'accès au Top 8. Mais sa quête d'une consécration africaine depuis une quinzaine d'années reste une tâche colossale. Tout comme l'EST, le CA n'arrive pas lui aussi à entamer un nouveau cycle à même de se poser en concurrent sérieux sur la scène africaine. Un seul vainqueur tunisien en 13 ans ! Les clubs tunisiens ont longtemps fait figure de favoris dans les compétitions de clubs africaines. Depuis l'introduction du nouveau format, en 1997, ils n'ont jamais quitté la route avant les quarts de finale. Mais en 13 ans de Ligue des champions, seule l'Etoile a remporté l'édition 2007 après deux finales perdues en 2004 et 2005, tandis que l'Espérance a disputé deux finales (1999 et 2000) et le CSS une finale en 2006. En 2008, l'élimination de l'Etoile, championne en titre, et du Club Africain, au dernier tour préliminaire, a constitué un vrai camouflet au football tunisien. Les Etoilés ont été battus à deux reprises par Dynamos, tandis que le CA a été corrigé par Enyemba. L'année dernière encore, le Club Africain et l'Etoile ont également été lâchés en cours de route. Mais ce n'est pas un cas exclusivement tunisien. Les clubs égyptiens, marocains et algériens ont vu leur domination s'étioler à l'instar du grand Al Ahli. Recordman des titres (6 trophées dont trois obtenus ces cinq dernières années) et des finales disputées, au nombre de huit, le club cairote n'a pu se qualifier au tournoi de groupes l'année dernière. De nouveaux venus commencent en effet à contester la supériorité des clubs arabes. Après Enyemba, vainqueur de deux éditions consécutives en 2003 et 2004, deux nouveaux sont arrivés en finale 2009 : Mazembe (R.D.Congo) et Heartland FC (Nigeria). L'année précédente, c'est un autre «petit», Coton Sport de Garoua (Cameroun), qui a disputé la finale de la C 1. Dans un passé proche, il fallait faire face à la rivalité des clubs des pays de l'Afrique du Nord, tels que le Raja, le Wided de Casablanca, le Wifak Sétif et bien entendu Al Ahli. Les clubs d'Afrique noire ne constituaient pas des écueils insurmontables dans la mesure où leurs meilleurs joueurs quittaient prématurément leurs équipes pour l'Europe. Mais depuis quatre saisons, les clubs de cette partie d'Afrique notamment ceux du Nigeria (Enyemba et le Heartland), du Congo Démocratique (Mazembé) du Cameroun (Coton sport) ou de Côte d'Ivoire (l'Assec et Africa Sport) gardent plus longtemps leurs joueurs tout en se renforçant substantiellement pour rivaliser avec les clubs d'Afrique du Nord. Fini le temps où l'argent des transferts des joueurs allait dans les poches des dirigeants. Plusieurs clubs africains ont compris que le meilleur moyen d'en gagner encore plus, c'est de réinvestir les recettes des transferts dans des académies de formation et dans des recrutements de qualité dans le but d'obtenir les meilleurs résultats en Ligue des champions, synonymes de recettes consistantes. Certains clubs ont choisi de confier leur direction à des magnats de l'industrie ou des services qui ont injecté beaucoup d'argent afin de rattraper leur retard par rapport aux autres concurrents. Le phénomène s'est accentué avec l'introduction d'un nouveau format très lucratif de la Ligue des champions grâce aux revenus des droits TV. Système de formation Les écarts de niveau entre les clubs du continent ne sont plus aussi énormes qu'auparavant, ce qui donne lieu, depuis cinq ou six ans, à une concurrence de plus en plus intense. Certains de ces clubs qui arrivent sur le devant de la scène sont organisés en sociétés privées, comme Enyemba, Heartland, Mazembé ou Coton sport. Les clubs tunisiens ne sont pas en mesure de soutenir la comparaison, avec un tel dysfonctionnement de leurs structures (notamment la faiblesse de leur système de formation), qui les empêche de disposer de moyens financiers et techniques leur permettant de concurrencer leurs adversaires. Rien que de ce point de vue, nos clubs risquent de souffrir sur le continent. Et a fortiori l'équipe de Tunisie. La Ligue des champions n'est pas une entreprise aisée. Le parcours est long et éprouvant et il faut absolument disposer de toutes les garanties nécessaires pour faire une campagne satisfaisante. A commencer par un effectif performant sur tous les plans : technique, tactique et athlétique. Soutenir la concurrence en compétition africaine passe par une mise à niveau de notre football de clubs. Il faut avant tout améliorer sa base économique pour disposer de budgets confortables, mettre l'accent sur la formation et recruter des joueurs de valeur dans le but de renverser la tendance favorable aux équipes égyptiennes, nigérianes, ghanéennes ou camerounaises. Si les structures financière, administrative et technique de nos clubs demeurent aussi aléatoires, si leur statut juridique fait la part belle à la gestion amateur, la remontée de la pente ne sera pas pour demain !