Il n'y a pas pire pour un habitant que de voir sa maison submergée par les eaux, l'obligeant à quitter sa demeure pour aller s'abriter ailleurs et laissant derrière lui ses affaires et ses biens. Par le passé, les inondations à Tunis ont causé de sérieux dégâts matériels et humains. On se souvient encore de celles de septembre 2003, dans le Grand-Tunis, où les services météorologiques avaient enregistré une pluviométrie de 460 mm avec des pointes de 182 mm, les 17 et 18 du mois, et 101 mm le 24. Ces évènements ont été rappelés par M. Mohamed Lakhdher Guesmi, de la direction de l'hydraulique urbaine au ministère de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire, lors la journée d'information sur la coopération tuniso-japonaise dans le domaine de l'environnement, organisée à Tunis par l'Agence japonaise de coopération internationale (Jica). Vidange de Sabkhet Séjoumi Il a relevé qu'un projet de protection de la zone de Tunis-Ouest contre les inondations a été mis en œuvre pour un coût de 101 millions de dinars, financé par la Jica à concurrence de 75 MD. Cette tranche fonctionnelle—qui entre dans le cadre d'un projetd'envergure s'étendant sur l'ensemble du Grand-Tunis—vise à protéger la cité Ibn Sina, Ksar Saïd, Bortal Haïder, La Manouba, Denden, Ezzahrouni, Ezzouhour, Le Bardo et la zone urbaine se trouvant aux environs de Sabkhet Séjoumi. Des aménagements sont, à cet effet, prévus, comme, par exemple, la vidange de Sabkhet Séjoumi en drainant l'eau vers Oued Meliane par un dalot de section intérieure de 3,5 mètres de largeur et de 2,5 mètres de hauteur sur une longueur de 6,3 km. «Il ne s'agit pas de vider totalement Sabkhet Séjoumi mais de diminuer le niveau de l'eau, rassure l'orateur. Il faut quand même laisser un plan d'eau, lieu de migration de plusieurs espèces d'oiseaux». Au programme aussi, la mise en place d'un collecteur sous l'avenue du 7-Novembre, sur une longueur de 3,1 km, composé de batteries de dalots et d'un canal de raccordement à Sabkhet Séjoumi. Un autre collecteur est prévu à l'Oued du Bardo sur une longueur de 1,5 km, composé d'un canal de 10 mètres de largeur et de 2 mètres de hauteur. La branche commune des Oueds du Bardo et de Guériana fera l'objet d'un recalibrage, avec la mise en place d'un canal de sections et de dalots qui seront également installés au niveau du collecteur de Ksar Saïd. Le collecteur d'Ibn Sina, d'une longueur de 2,3 km, est composé, quant à lui, de dalots de diverses sections. Cette tranche de Tunis-Ouest entre dans le cadre de tout un projet de protection rapprochée du Grand-Tunis contre les inondations, dont le coût des ouvrages programmés est de 600 MD. De toute cette somme, 370 MD seront réservés à la protection dite rapprochée, 200 MD à l'évacuation des eaux pluviales et 30 MD à la protection éloignée. Constituer une banque de données Les travaux seront réalisés en trois tranches définies sur la base du degré de vulnérabilité lors des inondations. Autant dire que la première tranche concerne d'abord la zone la plus sensible et la plus exposée. Justement, la première tranche concerne la zone ouest du Grand-Tunis. Elle englobe les zones de Mnihla et Entilaka, ainsi que les cités Ettadhamen, Ibn Sina, Ksar Saïd, Douar Hicher, La Manouba, Denden, Ezzahrouni, Ezzouhour, Le Bardo et la zone environnante de Sabkhet Séjoumi. Des travaux—d'un coût estimé à 172 MD—permettront d'élargir et de recalibrer 16 km d'oueds et de cours d'eau, de réaliser 28 km de réseaux nouveaux ainsi que d'un collecteur de vidange de Sabkhet Séjoumi, sur 6 km, et de cinq bassins d'écrêtement. A noter que le Chef de l'Etat avait ordonné l'élaboration d'une étude relative à la protection du Grand-Tunis contre les inondations pour adopter un scénario d'aménagement susceptible d'assurer cette protection dans les meilleures conditions. Il s'agit aussi de constituer une banque de données pour les ouvrages existants et les cours d'eau qui ont un impact sur les zones urbaines. Il s'est avéré que les causes des inondations sont multiples, à commencer par les perturbations climatiques avec un aspect torrentiel de temps en temps, les occupations illicites du domaine public hydraulique (sabkhets, oueds et cours d'eau), les constructions dans les zones basses et dans les lits des oueds et des cours d'eau. A cela, il faut ajouter le changement morphologique des cours d'eau naturellement ou anthropiquement. Les choix des aménagements ont privilégié la protection des personnes, des biens, des infrastructures et la rentabilité économique. Les aménagements retenus vont permettre la réalisation, en amont, des barrages et des lacs collinaires dimensionnés afin de pouvoir stocker les eaux provenant des crues considérées comme centenaires au niveau des bassins versants avant d'atteindre les zones urbaines. Au total, il est prévu d'aménager 18 barrages et lacs collinaires dont 7 au niveau de Jebal Ammar, 6 à Hammam-lif et Hammam-Chatt, 2 à Boumhel, 1 à Sanhaja (La Manouba), 1 à Borj Chakir et 1 à Séjoumi. L'étude a proposé pour l'ensemble du projet, le recalibrage et l'aménagement de 38 km d'oueds et de cours d'eau, la réalisation de 65 km de réseau et de 15 bassins d'écrêtement. Il est question, de même, de mettre en place les réseaux secondaires et tertiaires pour le drainage des eaux pluviales provenant des bassins versants des zones urbaines. Cette tâche, du ressort de la collectivité locale, comprend le recalibrage de 32 km de réseaux existants et la réalisation de 117 km de réseaux secondaires et tertiaires, et de deux bassins d'écrêtement.