Alors qu'il faut en moyenne un réseau de 7.000 à 8.000 km pour pouvoir collecter et absorber les eaux pluviales dans les zones urbaines, la Tunisie ne dispose que de 1.200 km de réseau ce qui explique que les eaux stagnent dans certaines zones chaque fois que de fortes pluies s'abattent sur le pays Mise en œuvre d'un programme prévoyant la réalisation d'un canal en béton armé afin d'éviter le débordement de l'oued Bardo, d'un collecteur d'eaux pluviales, longeant la route X, ainsi que d'un collecteur de vidange de Sebkhet Sijoumi, consistant en l'aménagement d'un ouvrage sur une distance de 6.3km, qui traverserait les quartiers d'El Mourouj, longerait l'autoroute A1 et serait raccordé à Oued Meliane. Les travaux débuteront à la fin du premier semestre de l'année 2013. A chaque fois qu'il pleut des cordes, c'est la même question qui taraude les esprits : les averses qui se poursuivent sans relâche vont-elles provoquer des inondations? Ceux qui habitent dans des zones inondables vivent dans la terreur de voir, à chaque fois, leurs maisons envahies par les eaux, car on est toujours face au même constat : à cause de la vétusté et du sous-dimensionnement du réseau de collecte des eaux pluviales, certains endroits se remplissent d'eau dès qu'il pleut. Les voies et les chaussées disparaissent sous les eaux qui coulent à grands flots. La géographie de la Tunisie et les séries d'inondations graves qui se sont produites au cours des quarante dernières années ont amené les ministères de l'Agriculture et de l'Equipement à réfléchir à plusieurs stratégies pour protéger les villes et les régions de ces inondations. C'est d'abord aux causes que ces institutions se sont intéressées afin de déterminer le type d'action à entreprendre en matière de protection éloignée. Les inondations les plus sévères ont été provoquées par le débordement de grands oueds qui sont sortis de leur lit, à l'instar de ce qui s'est passé dans les régions de Kairouan, Sidi Bouzid, Gafsa où les oueds Zroud, Marguellil, l'oued Fekka et l'oued Beyech dans la région de Gafsa ont débordé de leurs cours causant de grandes pertes sur leur passage. En 1993, de fortes inondations se sont produites dans la ville de Tataouine. En 2003, le Grand-Tunis et les villes de Bousalem, Jedaïda, Mjez El Bab ont été submergées par les eaux, suite à une pluviométrie exceptionnelle. En octobre 2007, de fortes pluies automnales ont causé des pertes matérielles et humaines dans la région de Sebelet Ben Ammar. L'hiver dernier, de fortes pluies se sont abattues sur l'ensemble du pays causant de fortes inondations du Nord au Sud. Barrages pour limiter les inondations Afin de canaliser et de recueillir les grandes quantités d'eau qui se déversent à chaque pluie, le ministère de l'Agriculture a mis en place des moyens de protection en aménageant des lacs collinaires et en construisant des barrages au niveau des oueds. Le barrage Sidi Saâd a été construit dans la région de Kairouan au niveau de l'oued Zroud. Plusieurs autres barrages, à savoir Mellègue, El Houareb, Béni Mtir, Bouhertma et le barrage Sidi Salem ont été aménagés pour éviter que des inondations ne se produisent dans les villes de Jendouba, Bousalem, Jedaïda, Tebourba et Mjez El Bab. Dans la zone du Grand-Tunis, le barrage Bir Mcherga a été construit sur l'oued Meliane pour protéger la ville de Mornag et les localités environnantes. L'une des actions engagées a consisté, par ailleurs, à rééquilibrer les oueds en en agrandissant les lits, afin d'éviter les débordements en cas de fortes pluies. Le ministère de l'Equipement a pris également des mesures pour protéger les zones urbaines des inondations. Les cours d'eau traversant les cités et les villes urbaines ont fait l'objet d'ouvrage consistant, soit à revêtir le fond du lit des cours d'eau à l'intérieur des zones urbaines, soit à construire des murs en béton armé de chaque côté Il ne s'agit pas du seul moyen mis en œuvre. Parmi les solutions adoptées, le ministère a aménagé des bassins d'écrêtement, sorte de lac collinaire servant à canaliser les eaux et à diminuer le niveau des crues lors de fortes pluies. La survenue de fortes averses pose également un autre problème : la stagnation d'énormes quantités d'eau au niveau des voies et des chaussées en raison, soit de l'absence, de la vétusté ou du sous-dimensionnement du réseau de collecte des eaux pluviales. «L'assainissement des eaux pluviales consiste à réaliser un réseau à l'intérieur des zones urbaines pour les canaliser. Ce réseau peut être composé d'un réseau primaire et d'un réseau secondaire. Les eaux pluviales sont collectées et évacuées vers des cours d'eau ou vers la mer...», explique M. Mohamed El Gasmi, directeur de l'hydraulique urbaine au niveau du ministère de l'Equipement . Vétusté des réseaux de collecte et d'assainissement des eaux pluviales Alors qu'il faut en moyenne un réseau de 7.000 à 8.000 km pour pouvoir collecter et absorber les eaux pluviales dans les zones urbaines, la Tunisie ne dispose que de 1.200 km de réseau ce qui explique que les eaux stagnent dans certaines zones à chaque fois que de fortes pluies s'abattent sur les villes. C'est le cas des zones de la Soukra, de Raoued, du Kram et de la Goulette. « Prenons le cas de la Goulette, observe M. Gasmi. En cas de pluie abondante, il ne peut y avoir d'écoulement car il y a un retour d'eau de mer dans le réseau existant. Il faut attendre que le niveau de l'eau de mer baisse pour que l'eau s'écoule normalement dans les collecteurs du réseau ». Ouvrages pour protéger le Grand-Tunis en cas de pluies abondantes Afin de protéger les villes du Grand-Tunis, une étude, réalisée et achevée en 2007, révèle la nécessité de réaliser une série d'ouvrages hydrauliques répartis sur le Grand-Tunis, consistant à recalibrer les réseaux existants sur une longueur de 32 km et réaliser un réseau primaire et secondaire sur 117 km de long, outre l'aménagement de deux bassins d'écrêtement et de 18 barrages et lacs collinaires. «Le coût de ce projet est évalué à 580 millions de dinars. Rien n'a encore été effectué», note le directeur de l'hydraulique urbaine. Ce programme devra être réalisé en trois tranches en donnant la priorité aux zones les plus vulnérables. La première tranche concerne la zone de Tunis-Ouest qui comporte les cités de Mnihla, Intilaka, Ettadhaman, Ibn Sina, Douar Hicher, Ksar Saïd, La Manouba, Khaznadar, Den Den, Zahrouni et les cités Ezouhour, ainsi que la zone de Sebkhet Sijoumi. Dépourvues d'ouvrages d'assainissement, ces zones ont été jugées vulnérables. En effet, lorsque de fortes averses surviennent, le niveau d'eau de Sebkhet Sijoumi s'élève et les cours d'eau qui traversent cette zone, (oued Bardo, oued Gueriana, oued Khaznadar et leurs affluents) débordent et inondent les cités riveraines. La première tranche du programme d'assainissement prévu par le ministère, estimée à 101 millions de dinars financés par un prêt de l'Agence internationale de coopération japonaise, prévoit l'aménagement des cours d'eau de Gueriana et de Bardo, en réalisant notamment un canal en béton armé pour éviter le débordement de ce dernier. Cette tranche du programme prévoit également la réalisation d'un collecteur d'une distance de 3.1 km longeant la route X, ainsi que celle d'un collecteur de vidange de Sebkhet Sijoumi, consistant en l'aménagement d'un ouvrage sur une distance de 6.3 km, qui traverserait les quartiers d'El Mourouj, longerait l'autoroute A1 et serait raccordé à Oued Meliane. «Cet ouvrage va permettre de vider la Sebkha de manière gravitaire sans recourir à l'énergie, afin de maintenir une réserve permettant de recevoir les apports d'une crue sans qu'il n'y ait débordement sur les zones environnantes. En cas de pluie abondante, nous manœuvreront les vannes pour abaisser le niveau de l'eau», a relevé le directeur de l'hydraulique urbaine. Les travaux débuteront à la fin du premier semestre de l'année 2013.