• A l'image du lys, symbole héraldique de la royauté, le jasmin incarne la pureté et la vertu. C'est aussi la fleur au parfum capiteux que ni le vent ni la nuit n'a point terni ou pâli. Un parfum restitué par le talent d'un orfèvre, habile et adroit dans l'art de ciseler les notes. Le Théâtre municipal a déroulé jeudi dernier le tapis rouge en l'honneur de Jaloul Ayed et de son come-back avec une symphonie dédiée à la fleur, symbole de l'âme profonde de la Tunisie et qui définit son identité, le jasmin. Une fleur au doux parfum incarnant par excellence un certain art de vivre à la tunisienne. Après «Mogador» et «Hannibal Barca», voici venu le temps des fleurs avec ce concerto pour violon et orchestre joué par l'Orchestre symphonique tunisien, placé sous la direction de Sem Slimane et fort d'une armada d'une cinquantaine d'instrumentistes de différentes nationalités, dont huit Français venus de Bordeaux et de Paris. Parfum de jasmin Jaloul Ayed, dont les prédispositions et l'aptitude à créer se sont révélées sur le tard, vient une fois de plus nous surprendre et nous étonner avec cette nouvelle symphonie concertante qui a le don de remuer en nous de vieux souvenirs d'enfance, source de bonheur à nul autre pareil parce que indissociable à une page de la vie définitivement tournée. Selon toute vraisemblance, Jaloul Ayed a réussi à tirer le meilleur parti de ces années, en termes d'évocations et de flash-back, parvenant ainsi à exprimer avec l'émotion et le feeling qu'il faut, la fugacité de ces instants et le caractère éphémère du bonheur qui n'est jamais acquis d'avance. Grand maître de la finance à l'échelle planétaire, aux ressources en matière de gestion de la crise internationale solidement établies et reconnues, Jaloul Ayed n'a pas fini de nous séduire et de nous enchanter. Ses prouesses à faire chanter les notes et danser les sons lui ont valu les hommages mérités des grands maîtres de la musique classique dans le monde. La confirmation nous en a été donnée avec ce concerto qui a vu la participation de la soliste Yasmine Azaïez, grand espoir du violon, dont la notoriété a franchi les frontières. Avec toute la grâce juvénile de ses 22 printemps, elle a exprimé avec audace et fermeté les sanglots longs du violon et les accords de sons musicaux en arpèges à vous empoigner au cœur de langueur. Les quatre mouvements de ce concerto : Sidi Bou Saïd, Nostalgie d'enfance, Chant des canaris et Danse du jasmin, ont été interprétés avec infiniment de sobriété et de maîtrise de soi, ce qui laisse supposer que la violoniste a du tempérament, dans la mesure où, à tous les niveaux du jeu, elle a su recréer les ambiances intimes à chacun des quatre mouvements aux différents stades de la vie du compositeur. De son archet qu'elle maniait avec une déconcertante volupté, elle caressait les cordes avec une exquise sensualité. Sa parfaite maîtrise du violon combinée à une espèce de mélancolie douce et rêveuse recherchée par J. Ayed, parvenait à produire l'effet escompté, celui de plonger l'assistance, le temps d'un mouvement, dans un océan de senteur et d'ivresse capiteuse dont seul le jasmin est capable. Dans ces instants de pur abandon, on aime à penser qu'il ne tient qu'à nous de connaître véritablement les joies du bonheur en dessinant nos rêves selon les couleurs qu'aura choisies notre cœur. Touches de vie Touches de vie, un concerto pour piano et orchestre avec la participation du pianiste bulgare Todor Petrov, dans un arrangement du Français Jean-Charles Biondi, s'articule en six mouvements : Genèse, Exaltation, Affirmation de soi, Apothéose, Berceuse et Duel avec le destin. Cette symphonie se veut comme un pathétique témoignage d'amour, de reconnaissance et de fidélité à la mémoire de sa mère. Touches de vie a permis au public de mesurer l'ampleur d'un compositeur dont la verve créatrice n'est pas près de se tarir. Cette œuvre, d'une rare puissance évocatrice, retrace en filigrane et à l'arrière-plan les dates essentielles de son parcours, ainsi que les grands événements qui ont été déterminants dans sa carrière, tant dans la finance qu'en musique, ou dans le choix des options. Dans un ruissellement de lumière et de chatoiement de notes musicales, que d'extases en puissance pour cet artiste face auquel les gammes merveilleuses des sens succombent sans coup férir !