L'ouverture du forum du réseau EuroMedInCulture, qui se tient du 25 au 29 novembre à Hammamet, a laissé place à la première session de travail, dont le thème fut la coopération culturelle dans l'espace euro-méditerranéen. Ce thème a été présenté sous forme de questionnements. Tout d'abord « Qu'est-ce que la coopération culturelle dans l'espace euro-méditerranéen? ». Puis « Quelles pratiques, quels écueils, quelles réussites?». C'est autour de ces points généraux et essentiels que se sont inscrites les interventions des deux invités de cette session, à savoir M. Boubaker Ben Frej, chef de cabinet du ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, et M. Besnik Mustafaj, ancien ministre des Affaires étrangères et écrivain albanais, également président du forum albanais pour l'alliance des civilisations (AFALC) et membre du réseau EuroMedInCulture. M. Boubaker Ben Frej a commencé par placer dans son contexte la coopération entre les pays de l'espace euro-méditerranéen en général, et dans le domaine de la culture en particulier. Il a dans ce sens rappelé que la déclaration de Barcelone n'a pas répondue de manière efficace aux besoins en coopération. Elle a engendré une déception qu'il a fallu dépasser en pensant d'autres mécanismes. L'alternative est venue par la proposition du président français Nicolas Sarkozy de créer l'Union pour la Méditerranée. Une alternative que M. Boubaker Ben Frej qualifie de réaliste, commode et plus adaptée à la situation dans la zone euro-méditerranéenne. Il a souligné le fait que la Tunisie est un pays pionnier et actif dans le processus de coopération, puisqu'elle a été le premier pays du Sud à avoir signé un accord d'association avec l'Union européenne. Quant au volet culturel de la coopération, il a été parmi les principaux points de la déclaration de Barcelone. Suite à cela, un grand nombre de projets ont vu le jour. Il n'empêche que, comme l'affirme M. Boubaker Ben Frej, le débat est loin d'être fini, dans le sens où il reste encore beaucoup à faire. C'est pourquoi le chef de cabinet a recommandé une mise en commun plus appuyée des énergies des deux rives, qui se traduirait par des projets conçus et exécutés conjointement par les pays de l'espace euro-méditerranéen. Il a également insisté sur l'importance de collaborer avec de nouveaux partenaires, autres que les alliés historiques de chaque pays, comme il a demandé aux pays de la rive Nord de partager leurs expériences et savoir-faire avec ceux du Sud. Ces derniers ont à leur tour beaucoup à offrir à la coopération et à leurs partenaires. Les projets communs étant un moyen d'apprendre à gérer l'avenir ensemble, en partageant et en apprenant des réussites comme des échecs. Sans oublier, comme l'a précisé M. Boubaker Ben Frej, qu'il y a, dans la coopération, un avantage beaucoup plus abstrait et dont les résultats ne sont pas mesurables. Il s'agit du dialogue de cultures et de l'échange entre les peuples. Il faut toutefois faire en sorte que le dialogue ne soit pas utilisé comme un moyen de se détourner des vrais problèmes qui entravent la coopération. Il faut donc oser affronter les vraies problématiques et ne pas se contenter de dialoguer sur des terrains où tout le monde est d'accord. Quant à M. Besnik Mustafaj, il est parti de l'exemple de son pays et d'autres pays européens encore pour démontrer que la culture est souvent le parent pauvre des autres secteurs d'activités, auquel on accorde les moyens minimums, toujours inférieurs à 1%. Il est également le domaine le moins écouté par les preneurs de décisions. De quoi être fiers, après l'intervention de M. Boubaker Ben Frej, de constater que ce taux est actuellement de 1,3% en Tunisie et qu'il est appelé à augmenter. Il faut donc, selon M. Besnik Mustafaj, une mobilisation de la part de tous les opérateurs culturels et pas seulement au niveau des ministères. Pour M. Besnik Mustafaj, dans un contexte où tous les pays ont démontré leurs bonnes volontés, il est plus que jamais temps de passer à l'acte, d'aller sur le terrain pour mener des actions concrètes en faveur de la coopération dans l'espace euro-méditerranéen. Surtout que cette coopération est dans l'intérêt de tout le monde et que la culture comporte un volet économique non négligeable, qui peut être une source de revenus, d'emplois, d'échange et de dialogue. Dans ce sens, le modérateur de la session, M. Fréderic Jambu, directeur d'ADCEI et délégué général du Réseau EuroMedInCulture, a insisté sur la nécessité de reconnaître à la culture son apport économique, sans avoir à justifier à chaque fois son importance. Il faut, selon lui, que l'on considère la culture du même œil que le secteur financier, par exemple, qui a bénéficié d'aides considérables pour le sortir de la dernière crise économique.