LA HAYE (Reuters) — L'ancien chef politique des séparatistes serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a nié hier la réalité du massacre de Srebrenica et du siège de Sarajevo. C'est pour ces deux épisodes de la guerre de 1992-95 qu'il est poursuivi pour crimes de guerre devant le Tribunal pénal international sur l'ex-Yougoslavie de La Haye. Durant les 43 mois de siège de la capitale bosniaque, une des plus sombres pages de la guerre, on estime que 10.000 personnes ont péri. Dans l'enclave musulmane de Srebrenica, en 1995, plus de 7.000 hommes musulmans ont été exécutés par des miliciens serbes. Inculpé de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide, Radovan Karadzic, qui tient à se défendre lui-même, a déclaré aux juges du Tpiy : "Cela va être facile pour moi de prouver que je n'ai rien à voir avec cela." L'ex-psychiatre, arrêté en 2008 à Belgrade après 12 ans de fuite, a déclaré que le bilan du siège de Sarajevo, qu'il passe pour avoir orchestré, était dû à une "ruse" de jeunes musulmans bosniaques, qui auraient "bombardé les leurs", pour provoquer "une intervention de troupes étrangères". Quant au massacre de Srebrenica, il s'agit pour lui d'un "mythe" résultant d'une manipulation de la part de musulmans qui ont regroupé des cadavres dans des fosses communes pour faire croire que les Serbes étaient responsables de ces atrocités. "On devrait lui décerner le prix Nobel du mensonge", a réagi Sabra Kolenovic de l'association les Mères de Srebrenica, présente à ce procès qui a une nouvelle fois été ajourné. Le Tpiy doit se prononcer sur une nouvelle demande de délai de l'accusé, qui avait boycotté le début du procès et obtenu un report de quatre mois pour mieux préparer sa défense. Le Tpiy lui a commis d'office un avocat britannique pour éviter de nouvelles manœuvres d'obstruction.